Faut-il féminiser ?

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Je partage votre opinion, Jacques, et sur le TLFi (sous le mot docteur) j'ai lu:
Appellation usuelle du médecin.
;-)

Personnellement je prefere doctoresse à femme médecin.
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Claude
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Message par Claude »

jac a écrit :Et puis, somme toute, si on dit « j'étais malade, j'ai consulté un docteur » personne ne vous demandera si c'est un docteur en théologie, en droit ou en chimie, tout le monde comprend. Qu'en pensez-vous les uns et les autres ?
Quand on s'adresse au médecin on lui dit bien : "bonjour docteur", qu'il soit homme ou femme de surcroît ; par ailleurs on ne dira pas (je le pense) : "bonjour docteur" à un théologien, un juriste ou un chimiste.
Je suis donc également d'accord avec vous. Il est dommage que doctoresse ait été abandonné. Ce terme était pour moi très respectueux à l'égard d'une femme médecin.
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Faut-il féminiser ?

Message par Invité »

Si l'on y tient, on peut féminiser, bien que ce soit oublier que la langue (le système inconscient qui nous fait parler) n'offre pas des alternances masculin / féminin en fonction des sexes.
Féminiser, soit. mais en respectant les modèles de dérivation qui existent en français : docteur => doctoresse, soit. Mais il est pratiquement sorti de l'usage actuel, sans doute à cause de la dépréciation qui touche le suffixe -ESSE (Marina Yaguello dixit).
Le cas d'auteur est intéressant. Les mots en -EUR peuvent donner -EUSE (chanteur / chanteuse). Mais l'usage n'a pas retenu auteuse. Autre solution -TEUR => TRICE (acteur / actrice). Il s'agit de mots empruntés au latin ou de formation savante (cf. latin -tor / -trix). Ils se distinguent par le fait qu'ils ne sont pas dérivés directement de verbes français (toujours selon Marina Yaguello). Il s'ensuit que autrice n'a pas été retenu. Reste l'anglicisme authoresse qui aurait pu donner autresse, mais écarté comme dit plus haut.
Reste l'alternance -EUR / -EURE (prieur / prieure), mais cette forme est peu productrice et concerne des mots étymologiquement issus de comparatifs substantivés. L'ennui est que auteure n'a d'incidence qu'orthographique. Alors ... femme auteur ? Pour ce qui me concerne, mais je suis un homme, je crois que c'est un faux débat. On désigne une fonction, non une personne. Rappelons-nous que le féminin mairesse déisgne la femme du maire et non une femme occupant la fonction de maire. Dira-t-on la procureure ? la docteure ? Quand à la maire, impossible à l'oral de ne pas confondre avec la mère.
Frédounet

Faut-il féminiser ?

Message par Frédounet »

Si la formule "femme médecin" est admise et satisfait la plupart des francophones, pourquoi ne pas dire "femme professeur" au lieu de cet abominable "professeure" ? De même "femme Ministre" et non "une Ministre" etc. ?
Lorsque l'on parle de défilé de mannequins, la plupart du temps il s'agit de femmes. Pourquoi les media ne nous imposent-ils pas "mannequine" ou "une mannequin" ? Parce qu'ils n'usent de ce terme que rarement et donc s'en contrefichent ? Et "entraîneur" ? Récemment j'ai entendu à la radio "Mme Untel est entraîneur de l'équipe de hand-ball de ...". Bizarre, bizarre ... - Moi j'ai dit bizarre ? - Je vous assure, cher cousin, que vous avez dit "Bizarre, bizarre". - Moi j'ai dit bizarre ... Comme c'est bizarre ! - Pardon pour la digression.
Je disais donc que, pour la cohérence des propos journalistiques, la féminisation tant prônée sur les ondes aurait dû donner "Mme Untel est entraîneuse de l'équipe ...". Mais le journaleux s'est bien gardé de féminiser ce mot-là, n'est-ce pas ?
En bref, pourquoi vouloir féminiser certains noms de professions ? Pour être logique, si l'on féminise les uns, pourquoi ne pas le faire pour tous ? Ce qui ne semble ni souhaitable, ni réalisable.
Je ne comprends pas la cause de cette velléïté récente de féminisation, et encore moins comment a été déterminée la liste des substantifs masculins à abattre lorsqu'une femme doit les porter.
Pourriez-vous m'éclairer ?
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Faut-il féminiser ?

Message par Invité »

Je crois que derrière cette question épineuse, il y a des arrière-pensées politiques au sens large. Ne convient-il pas de faire plaisir à l'électorat féminin ? D'autant que ça ne mange pas de pain et que ça dispense de véritables promotions (combien de femmes député[e]s )? Combien de candidates aux élections ?
Je suis pris d'un doute une députée ?
Frédounet

Faut-il féminiser ?

Message par Frédounet »

Sans doute avez-vous raison.
En ce qui me concerne, je dis "Madame le Député". Quel est la position des membres du forum ?
Cependant, je ne pense pas que renier l'orthographe soit flatteur pour les femmes, et leur fasse plaisir. Je ressens plutôt cela comme une insulte (comme ne l'indique pas mon pseudonyme, je fais partie du sexe faible). Mais c'est là mon trait de caractère : je ne pense pas comme tout le monde (on me le dit souvent).
cyrano
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Re: Faut-il féminiser ?

Message par cyrano »

Frédounet a écrit :En bref, pourquoi vouloir féminiser certains noms de professions ? Pour être logique, si l'on féminise les uns, pourquoi ne pas le faire pour tous ?
Pourquoi certains et pas d'autres? Parce que certains s'y prêtent tout naturellement et d'autres beaucoup moins ou pas du tout.

Pour moi, la féminisation est toujours souhaitable lorsqu'elle est "techniquement" possible, sans heurter les règles traditionnelles de dérivation des mots en français, comme l'a dit Beauté Jean. C'est ce que la langue a fait tout naturellement depuis des siècles: elle n'a pas attendu nos querelles actuelles pour dire "la boulangère" et pas "madame le boulanger". "Avocate", "présidente"... sont d'autres féminins tout à fait logiques. Lorsque le nom se termine déjà par un -e, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas utiliser l'article pour marquer le féminin: la juge, la ministre (en combinaison éventuellement avec "madame").

Toute la polémique vient de ce que, pour diverses raisons, certains noms de métier ou de fonction se féminisent plus difficilement: auteur, écrivain, docteur, maire, professeur... Là, bien sûr, il faut raison garder. Chaque situation doit être examinée au cas par cas pour voir si une solution acceptable peut être trouvée sans sombrer dans le ridicule. "Doctoresse" aurait pu en être une, mais elle est effectivement en perte de vitesse. Pourrait-on dire: "elle est agente de police"? Je ne sais pas, c'est à discuter - de préférence entre des personnes de bonne foi et sans a priori idéologique...

Mais pour répondre à votre question, voilà pourquoi, selon moi, on ne pourra jamais être entièrement "logique" dans cette matière et adopter une ligne claire du type "tout ou rien".
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
Frédounet

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Message par Frédounet »

Merci pour vos réponses éclairées.
Oui, vous avez raison : trop de rigueur nuit à l'évolution naturelle des choses.
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Faut-il féminiser ?

Message par Invité »

Que dire de pompière, de chancelière (qui évoque pour moi un appareil pour se réchauffer les pieds), de mairesse (épouse du maire), de gardienne de paix ? Etc.
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Perkele
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Re: Faut-il féminiser ?

Message par Perkele »

cyrano a écrit :
Frédounet a écrit :En bref, pourquoi vouloir féminiser certains noms de professions ? Pour être logique, si l'on féminise les uns, pourquoi ne pas le faire pour tous ?
Pourquoi certains et pas d'autres? Parce que certains s'y prêtent tout naturellement et d'autres beaucoup moins ou pas du tout.

Pour moi, la féminisation est toujours souhaitable lorsqu'elle est "techniquement" possible, sans heurter les règles traditionnelles de dérivation des mots en français, comme l'a dit Beauté Jean. C'est ce que la langue a fait tout naturellement depuis des siècles: elle n'a pas attendu nos querelles actuelles pour dire "la boulangère" et pas "madame le boulanger". "Avocate", "présidente"... sont d'autres féminins tout à fait logiques. Lorsque le nom se termine déjà par un -e, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas utiliser l'article pour marquer le féminin: la juge, la ministre (en combinaison éventuellement avec "madame").

Toute la polémique vient de ce que, pour diverses raisons, certains noms de métier ou de fonction se féminisent plus difficilement: auteur, écrivain, docteur, maire, professeur... Là, bien sûr, il faut raison garder. Chaque situation doit être examinée au cas par cas pour voir si une solution acceptable peut être trouvée sans sombrer dans le ridicule. "Doctoresse" aurait pu en être une, mais elle est effectivement en perte de vitesse. Pourrait-on dire: "elle est agente de police"? Je ne sais pas, c'est à discuter - de préférence entre des personnes de bonne foi et sans a priori idéologique...

Mais pour répondre à votre question, voilà pourquoi, selon moi, on ne pourra jamais être entièrement "logique" dans cette matière et adopter une ligne claire du type "tout ou rien".
Il me semble avoir fait ces deux réflexions quelque part :

1/ La boulangère, comme la bouchère sont des termes qui nous viennent du temps où certains métiers avaient deux versants et s'exerçaient en couple : la boulangère, ni la bouchère n'ont la même activiré que leurs équivalent masculin. Cela dit, il y a eu au XIXe siècle des "cochères et "avocate", "députée", pourquoi pas mais pas "procureure" :twisted:

2/ "Auteur" n'est pas un métier ; l'auteur d'un livre est un écrivain (voire une écrivaine :wink: ) ; celui d'un tableau, un peintre ; celui d'un crime, un criminel ; etc. Le féminiser lui ferait perdre sont caractère épicène bien pratique :
- "J'aime cette musique ; quel en est l'auteur ?
- La très célèbre Adèle Scott, une grande musicienne." :D
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Claude
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Re: Faut-il féminiser ?

Message par Claude »

Perkele a écrit :La boulangère, comme la bouchère sont des termes qui nous viennent du temps où certains métiers avaient deux versants et s'exerçaient en couple :
Dans le cas de la boulange, n'oublions pas le petit mitron :lol:
Beauté Jean

Faut-il féminiser ?

Message par Beauté Jean »

J'aime assez la distinction métier / activité. Il n'en reste pas moins que des noms de métiers qui ne sont pas épicènes résistent.
Agente aété employé au XIXème siècle avec le sens d'entremetteuse. Quant à chauffeuse de taxi ? S'est popularisé gendarmette pour désigner une femme gendarme, le diminutif ferait penser à une femme de petite taille. La langue se refuse à admettre jugesse, mais admet avocate et magistrate. D'autres mots font résistance : possesseuse, professeur (on dit la prof, par apocope), censeur, proviseur.
Frédounet

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Message par Frédounet »

Et la Rectrice ... :oops:
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Claude
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Re: Faut-il féminiser ?

Message par Claude »

Beauté Jean a écrit :S'est popularisé gendarmette pour désigner une femme gendarme
En fait, la gendarmette a deux sens populaires :
- pour le peuple proprement dit il s'agit de toute femme ayant une activité dans la gendarmerie (et qui revêt un uniforme),
- pour les gendarmes (mâles bien sûr :lol: ) ce sont celles qui effectuaient leur service national dans la gendarmerie et dont l'appellation officielle était gendarme auxiliaire.
Officiellement cette profession n'a pas de féminin : on dira le gendarme Dupont Mireille par exemple.
cyrano
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Re: Faut-il féminiser ?

Message par cyrano »

Perkele a écrit :La boulangère, comme la bouchère sont des termes qui nous viennent du temps où certains métiers avaient deux versants et s'exerçaient en couple : la boulangère, ni la bouchère n'ont la même activiré que leurs équivalent masculin.
Eh bien prenons alors épicier/épicière, coiffeur/coiffeuse, pharmacien/pharmacienne, hôtelier/hôtelière... On a bien là des métiers qui étaient et sont exercés à peu près de la même manière par les hommes et par les femmes.

Je ne crois pas que l'explication que vous donnez soit déterminante: la langue a tout naturellement féminisé les métiers qui pouvaient l'être, et pas seulement ceux qui étaient exercés de manière (quelque peu) différente par les femmes. Madame X était boulangère parce qu'elle tenait une boulangerie et sa voisine madame Y épicière parce qu'elle avait une épicerie, voilà tout.

Si ce n'était pas le cas, on appellerait aujourd'hui "un fermier" une femme (et j'en connais) qui gère une ferme comme un homme, en conduisant le tracteur et en faisant les travaux lourds, et on réserverait le terme de "fermière" à celles qui s'occupent des petites tâches de la ferme (pour autant qu'il y en ait encore...).
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
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