Addition, coordination et juxtaposition

[Denis Normand]

J'admets difficilement une règle que je ne comprends pas...

Admettez-vous la règle qui met l'adjectif au féminin s'il est placé avant le mot gens et masculin si après ? La comprenez-vous ?

Les petites gens sont besogneux.

[Anne]

Admettez-vous la règle qui met l'adjectif au féminin s'il est placé avant le mot gens et masculin si après ? La comprenez-vous ?

Les petites gens sont besogneux.

Oui, je l'admets. Certes, je ne la comprends pas, mais au moins, elle ne constitue pas un changement.
J'écrirai sans me poser de question votre phrase Les petites gens sont besogneux., parce que j'ai lu maintes fois des phrases de ce type, et ma mémoire a enregistré cette règle.
Ma mémoire a aussi enregistré que tout à fait s'écrit avec traits d'union.
C'est cette faculté de la mémoire qui me permet d'écrire rapidement sans avoir à réfléchir à l'orthographe de chaque mot. Si je dois contrarier les informations que me livre ma mémoire, ce qui me demande un effort, j'aime que ce soit justifié à mes yeux.

C'est comme en musique : j'ai ce qu'on appelle l'oreille absolue, qui n'est qu'un phénomène de mémorisation à long terme des hauteurs des sons, qui permet d'associer immédiatement à un son de hauteur définie un nom de note. Si l'on me demande de changer de diapason, ou de jouer sur un instrument transpositeur, je perds cette faculté et suis obligée de penser de manière relative, en considérant les intervalles qui séparent les notes. C'est déroutant.

Je n'aime pas être déroutée. J'avoue ce manque de souplesse et le reconnais comme une faiblesse.

[Jacques]

Mais Anne, c'était déjà ainsi quand j'étais à l'école primaire, que j'ai quittée en 1951. Vous n'avez pas subi de changement en cours de route. Cette règle, vous l'avez apprise en même temps que celle de gens. Peut-être que votre inconscient la rejette parce qu'il la trouve illogique, ce qui n'a rien d'étonnant, parce que la logique n'est pas toujours présente dans l'emploi du trait d'union.
Je le répète, ce n'est pas fondamentalement grave.
J'édite car j'ai enfin une indication historique :
Dans la 5e édition du Dictionnaire (1798) l'Académie écrit tout-à-fait. Dans la 6e (1835) on lit :
Tout à fait. adv. Entièrement. L'ouvrage est tout à fait terminé. Il était dans un état tout à fait déplorable. Il est tout à fait ruiné.
Voilà donc 174 ans que ce diable de trait d'union s'est envolé, et je crois pouvoir dire qu'aucun de nous n'était encore né à cette époque-là. :D

[Anne]

Bien. Merci Jacques.

Le sujet est donc tout à fait clos.

[Jacques]

Je craignais de vous avoir offensée, et ce serait vraiment ma dernière intention. Nos discussions et divergences d'opinion ne portent pas à conséquence. Il ne s'agit pas de prouver qu'on a raison ou de montrer à qui que ce soit qu'il est dans l'erreur. Je vois que vous l'avez bien compris.

[Anne]

Vous ne m'avez pas offensée le moins du monde. Si j'ai un tant soit peu manifesté ma contrariété, c'est à cause de l'existence même de cette règle, et au lieu de discutailler, j'aurais mieux fait de commencer par vous remercier de me l'avoir fait connaître (174 ans après, il était temps !).

Quant à moi, je craignais de vous avoir agacé par mon entêtement.
Voilà le principal inconvénient de la communication par écrit...

[Jacques]

Eh bien, voilà un bel échange de politesses, qui augure bien pour l'avenir.

[Claude]

Je ne le répéterai donc jamais assez : il ne faut pas hésiter à utiliser les petites têtes rondes, appelées officiellement sur ce forum des trombinettes et qui sont très à la mode.
Elles peuvent parfois pallier les inconvénients de la communication écrite.

PS : En user sans en abuser ! Sinon cela me met de mauvaise humeur et je me fâche .

[Jacques]

Claude, toujours le mot pour faire sourire !