Le futur dans le passé
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C'est exactement cela : on a besoin du contexte.
Je suppose que l'anglais dit to take* the control, mais suis bien incapable de juger de la mesure dans laquelle cette langue a joué un rôle dans l'apparition de « prendre le contrôle ». Pour deux raisons, toutefois, j'accepte cette expression : elle me semble trop intégrée pour qu'on puisse essayer de la déloger et d'autres tournures, comme « perdre le contrôle », « avoir le contrôle », « exercer un contrôle », « échapper au contrôle » me paraissent lui conférer une certaine légitimité.
Savez-vous si « perdre le contrôle » devrait aussi quelque chose à l'anglais ?
* J'avais d'abord écrit keep, sans bien savoir pourquoi.
Je suppose que l'anglais dit to take* the control, mais suis bien incapable de juger de la mesure dans laquelle cette langue a joué un rôle dans l'apparition de « prendre le contrôle ». Pour deux raisons, toutefois, j'accepte cette expression : elle me semble trop intégrée pour qu'on puisse essayer de la déloger et d'autres tournures, comme « perdre le contrôle », « avoir le contrôle », « exercer un contrôle », « échapper au contrôle » me paraissent lui conférer une certaine légitimité.
Savez-vous si « perdre le contrôle » devrait aussi quelque chose à l'anglais ?
* J'avais d'abord écrit keep, sans bien savoir pourquoi.
Dernière modification par André (G., R.) le sam. 17 mars 2018, 13:09, modifié 1 fois.
to take control of (ou to take control over...) : prendre le contrôle
to lose control : perdre le contrôle
Sur "contrôle", voir ces fils anciens :
http://www.achyra.org/francais/viewtopi ... 217#p50217
http://www.achyra.org/francais/viewtopi ... 082#p50082
ainsi qu'un avis de l'Académie :
http://www.academie-francaise.fr/contro ... tre-maitre
ce qui n'a pas empêché que la dernière édition du Dictionnaire intègre des expressions que l'Académie aurait jadis condamnées. Mais c'est probablement inéluctable.
to lose control : perdre le contrôle
Sur "contrôle", voir ces fils anciens :
http://www.achyra.org/francais/viewtopi ... 217#p50217
http://www.achyra.org/francais/viewtopi ... 082#p50082
ainsi qu'un avis de l'Académie :
http://www.academie-francaise.fr/contro ... tre-maitre
ce qui n'a pas empêché que la dernière édition du Dictionnaire intègre des expressions que l'Académie aurait jadis condamnées. Mais c'est probablement inéluctable.
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Je me rends compte que, bien qu'en ayant eu l'intention, je n'ai pas indiqué une manière simple d'éviter l'ambiguïté : Le ministre de la Justice, Koen Geens, a indiqué que le bâtiment abriterait dorénavant les bureaux de l'Exécutif des musulmans de Belgique...Leclerc92 a écrit :Le contexte suffisamment clair ne m'a permis de voir que la première interprétation en lisant la phrase la première fois, mais oui, cette ambiguïté peut exister.
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Une nouvelle Première Guerre mondiale à venir ?
Dans un journal, ce commentaire d'une photo de danseurs : Durant la Première Guerre mondiale, le statut social des femmes deviendra plus important. Le Cercle répète intensément une évocation artistique sur ce thème (Le gras m'est dû).
Je me demande aussi si un statut social peut être « important ».
Je me demande aussi si un statut social peut être « important ».
- Perkele
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Ce futur peut avoir sa place dans un récit. Mais si la phrase est isolée...
Pour le reste, il me semble qu'on entend 'position dans la société", "situation", "rôle" par "statut social". En conséquence "important" devrait pouvoir le qualifier.
Pour le reste, il me semble qu'on entend 'position dans la société", "situation", "rôle" par "statut social". En conséquence "important" devrait pouvoir le qualifier.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Pour moi, uniquement si ce récit est au présent historique et que l'on veuille annoncer un événement plus tardif :Perkele a écrit :Ce futur peut avoir sa place dans un récit.
À partir de 1990 Monique supporte de moins en moins bien sa famille : en 1992 elle quittera ses proches définitivement.
Si le récit utilise un temps du passé, un événement à venir doit être annoncé au conditionnel ou avec les semi-auxiliaires aller ou devoir à l'imparfait, eux-mêmes suivis de l'infinitif du verbe concernant l'événement à venir :
À partir de 1990, Monique supporta de moins en moins bien sa famille : en 1992, elle quitterait ses proches définitivement.
À partir de 1990, Monique supporta de moins en moins bien sa famille : en 1992, elle devait quitter ses proches définitivement.
À partir de 1990, Monique supporta de moins en moins bien sa famille : en 1992, elle allait quitter ses proches définitivement.
La phrase au futur, dans le journal, n'est pas précédée d'un présent historique.
Je ne vois plus un autre fil où ce sujet précis avait été traité.
D'accord, je cherche probablement trop la petite bête !Perkele a écrit :Pour le reste, il me semble qu'on entend 'position dans la société", "situation", "rôle" par "statut social". En conséquence "important" devrait pouvoir le qualifier.
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Re: Le futur dans le passé
Dans mon journal, un article sur le poète mort en 1951 comporte ce passage au présent historique (de narration) :
René Guy Cadou est avant tout un homme d'amitiés simples, qui n'a jamais voulu vivre à Paris, qui se plaît dans la compagnie de tonneliers ou de patrons de bistrots. Et surtout d’Hélène, la femme de sa courte vie, trois ans d’amour passionné, puis le mariage. Cinq années conjugales flamboyantes, comme s’il savait que sa vie finirait vite (verbes conjugués mis en gras par moi).
Je crois qu'on se persuade de l'anomalie du conditionnel « finirait » si l'on remplace les verbes au présent par des imparfaits, car on obtient alors un texte où ledit conditionnel devient correct :
René Guy Cadou était avant tout un homme d'amitiés simples, qui n'avait jamais voulu vivre à Paris, qui se plaisait dans la compagnie de tonneliers ou de patrons de bistrots. Et surtout d’Hélène, la femme de sa courte vie, trois ans d’amour passionné, puis le mariage. Cinq années conjugales flamboyantes, comme s’il avait su que sa vie finirait vite.
René Guy Cadou est avant tout un homme d'amitiés simples, qui n'a jamais voulu vivre à Paris, qui se plaît dans la compagnie de tonneliers ou de patrons de bistrots. Et surtout d’Hélène, la femme de sa courte vie, trois ans d’amour passionné, puis le mariage. Cinq années conjugales flamboyantes, comme s’il savait que sa vie finirait vite (verbes conjugués mis en gras par moi).
Je crois qu'on se persuade de l'anomalie du conditionnel « finirait » si l'on remplace les verbes au présent par des imparfaits, car on obtient alors un texte où ledit conditionnel devient correct :
René Guy Cadou était avant tout un homme d'amitiés simples, qui n'avait jamais voulu vivre à Paris, qui se plaisait dans la compagnie de tonneliers ou de patrons de bistrots. Et surtout d’Hélène, la femme de sa courte vie, trois ans d’amour passionné, puis le mariage. Cinq années conjugales flamboyantes, comme s’il avait su que sa vie finirait vite.
Re: Le futur dans le passé
Que faut-il dire ? Certes "allait finir" irait bien, mais le conditionnel me paraît naturel ici.André (G., R.) a écrit : ↑ven. 14 févr. 2020, 16:39 Cinq années conjugales flamboyantes, comme s’il savait que sa vie finirait vite
Le futur de Balzac passe plus difficilement aujourd'hui, à mon goût :
« Il ne marche pas, il vole, comme s'il savait que dans deux heures sa proie lui aura échappé. »
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Re: Le futur dans le passé
Les verbes qui gravitent autour du présent historique se comportent comme ceux qu'on trouve dans l'entourage d'un présent ordinaire. Le futur dans ce passé-là se rend, très logiquement, par... le futur de l'indicatif.André (G., R.) a écrit : ↑ven. 14 févr. 2020, 16:39
René Guy Cadou est avant tout un homme d'amitiés simples, qui n'a jamais voulu vivre à Paris, qui se plaît dans la compagnie de tonneliers ou de patrons de bistrots. Et surtout d’Hélène, la femme de sa courte vie, trois ans d’amour passionné, puis le mariage. Cinq années conjugales flamboyantes, comme s’il savait que sa vie finirait vite (verbes conjugués mis en gras par moi).
Présent ordinaire :
• Ah, que je suis inquiet aujourd'hui ! Si seulement je savais ce que Pierre me dira demain !
Présents historiques :
• Lorsque la guerre éclate en 1939, on n'imagine pas qu'elle durera presque six ans.
• Lorsque la guerre éclate en 1939, monsieur DUPONT achète vingt stères de bois, comme s'il savait qu'elle durera presque six ans.
• René Guy Cadou est avant tout un homme d'amitiés simples, qui n'a jamais voulu vivre à Paris, qui se plaît dans la compagnie de tonneliers ou de patrons de bistrots. Et surtout d’Hélène, la femme de sa courte vie, trois ans d’amour passionné, puis le mariage. Cinq années conjugales flamboyantes, comme s’il savait que sa vie finira vite.
Un poème de René Guy CADOU :
HÉLÈNE OU LE RÈGNE VÉGÉTAL
Tu es dans un jardin et tu es sur mes lèvres
Je ne sais quel oiseau t'imitera jamais
Ce soir je te confie mes mains pour que tu dises
A Dieu de s'en servir pour des besognes bleues
Car tu es écoutée de l'ange tes paroles
Ruissellent dans le vent comme un bouquet de blé
Et les enfants du ciel revenus de l'école
T'appréhendent avec des mines extasiées
Penche-toi à l'oreille un peu basse du trèfle
Avertis les chevaux que la terre est sauvée
Dis-leur que tout est bon des cigües et des ronces
Qu'il a suffi de ton amour pour tout changer
Je te vois mon Hélène au milieu des campagnes
Innocentant les crimes roses des vergers
Ouvrant les hauts battants du monde afin que l'homme
Atteigne les comptoirs lumineux du soleil
Quand tu es loin de moi tu es toujours présente
Tu demeures dans l'air comme une odeur de pain
Je t'attendrai cent ans mais déjà tu es mienne
Par toutes ces prairies que tu portes en toi
Dernière modification par André (G., R.) le sam. 15 févr. 2020, 17:11, modifié 1 fois.
Re: Le futur dans le passé
Le conditionnel me semble souvent justifié en raison de l'incertitude extrême de l'hypothèse présentée. C'est pourquoi on le trouve régulièrement :
« Moi, il ne m'avait jamais emmené avec lui, comme s'il savait qu'il fallait me préserver de cette réalité-là, un peu aussi comme s'il savait que je ne serais pas à la hauteur »
https://books.google.fr/books?id=s9xXDw ... &q&f=false
« Moi, il ne m'avait jamais emmené avec lui, comme s'il savait qu'il fallait me préserver de cette réalité-là, un peu aussi comme s'il savait que je ne serais pas à la hauteur »
https://books.google.fr/books?id=s9xXDw ... &q&f=false
- Claude
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Re: Le futur dans le passé
Tiens ! Ces strophes d'alexandrins n'ont pas de rimes. Je ne suis pas assez sensible pour apprécier le texte mais cette absence « mécanique » me manque. ![[surpris] :o](./images/smilies/icon_surprised.gif)
![[surpris] :o](./images/smilies/icon_surprised.gif)
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Re: Le futur dans le passé
Ni rimes ni ponctuation ! « Je ne suis pas assez sensible » ne plairait peut-être pas au poète. Il faut sans doute lire lentement et se laisser porter, emporter, transporter...
- Claude
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Re: Le futur dans le passé
Oui pour la musique, mais la poésie est une autre histoire. ![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
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Re: Le futur dans le passé
« Futur de l'indicatif » n'est pas assez précis. On trouve, dans des subordonnées accompagnant le présent historique, trois formes de futur de l'indicatif, le simple, l'antérieur et le « proche » (avec « aller » comme auxiliaire) :André (G., R.) a écrit : ↑sam. 15 févr. 2020, 14:27 Les verbes qui gravitent autour du présent historique se comportent comme ceux qu'on trouve dans l'entourage d'un présent ordinaire. Le futur dans ce passé-là se rend, très logiquement, par... le futur de l'indicatif.
• Lorsque la guerre éclate en 1939, on n'imagine pas qu'elle durera presque six ans.
• Lorsque la guerre éclate en 1939, on pense qu'elle aura pris* fin depuis longtemps quand se disputeront les Jeux olympiques de 1944.
• Lorsque la guerre éclate en 1939, on n'imagine pas qu'elle va durer presque six ans.
Il est grammaticalement intéressant de renoncer au présent historique dans la deuxième de ces trois phrases : Lorsque la guerre éclata en 1939, on pensait qu'elle aurait pris** fin depuis longtemps quand se disputeraient*** les Jeux olympiques de 1944.
* indicatif futur antérieur
** conditionnel passé
*** conditionnel « présent »