Langue en danger ou pas ?
- Jacques-André-Albert
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- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Les Acadiens ont vécu dans l'isolement linguistique qui leur a fait garder des tournures anciennes, adopter beaucoup d'américanismes et dériver l'accent beaucoup plus que ce qui s'est passé au Québec.
Je me souviens d'une anecdote à propos d'une communauté francophone d'Allemagne (des Huguenots qui avaient gardé leur langue depuis le dix-septième siècle) ; interrogés par un francophone sur leur date de naissance, ils ne comprenaient plus le verbe naître, ils n'avaient gardé que l'expression « venir au monde ». L'absence de communication avec la communauté d'origine fait diverger les langues en quelques générations.
Je me souviens d'une anecdote à propos d'une communauté francophone d'Allemagne (des Huguenots qui avaient gardé leur langue depuis le dix-septième siècle) ; interrogés par un francophone sur leur date de naissance, ils ne comprenaient plus le verbe naître, ils n'avaient gardé que l'expression « venir au monde ». L'absence de communication avec la communauté d'origine fait diverger les langues en quelques générations.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
C'est bien le cas de ces Acadiens, qui sont d'autant plus isolés qu'ils vivent sur des îlots dans une région de marais (ou de marécages).
On raconte à ce sujet une anecdote. Ils ont un « président » qui ne se distingue guère du reste de la communauté, et ils ignorent toute forme de protocole. Ledit président ayant été reçu à Paris par le nôtre, à l'époque Pompidou, ce dernier fut éberlué quand, au cours de l'entretien, il lui lâcha sans cérémonie : « Alors Georges, tu payes une bière ? ».
On raconte à ce sujet une anecdote. Ils ont un « président » qui ne se distingue guère du reste de la communauté, et ils ignorent toute forme de protocole. Ledit président ayant été reçu à Paris par le nôtre, à l'époque Pompidou, ce dernier fut éberlué quand, au cours de l'entretien, il lui lâcha sans cérémonie : « Alors Georges, tu payes une bière ? ».
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
C’était plus vraisemblablement du côté de la Louisiane, dans le delta du Mississipi, territoire des Cajuns, le mot lui-même étant une déformation d’ « Acadiens ». Les Everglades sont en Floride et les francophones n’y sont sans doute pas légion !Jacques a écrit :Récemment nous avons regardé l'enregistrement que j'avais fait de l'émission Faut pas rêver. Sujet : les États-Unis.
Nous avons vu, entre autres, une communauté qui vit dans un vaste territoire marécageux (les Everglades peut-être ? Je ne sais plus). Ces Américains s'exprimaient dans une langue qu'au début je n'ai pas identifiée, et les dialogues étaient sous-titrés en français. Puis, ayant saisi un mot par ci par là, j'ai compris que c'est une communauté francophone. Des Acadiens je pense.
Le contenu de ce forum est tellement vaste qu’un inscrit tardif comme moi ne peut en faire la découverte que de manière aléatoire : je ne suis pas en mesure d’expliquer pourquoi je parcours ce fil ce matin !
J’en ai parcouru un autre, verrouillé, il y a quelques instants, où il était question de Mme Trierweiler et de la manière de prononcer son nom. Il me semble avoir plusieurs arguments en faveur d’une grande tolérance à l’égard de la prononciation des mots d’origine germanique.
Certains, comme « Buchenwald », « Dachau », de triste mémoire, mais bel et bien passés en français, ne peuvent être prononcés en conformité avec les originaux, par les non germanistes, auxquels on ne peut guère demander non plus de savoir que le V de Volkswagen équivaut phonétiquement à un F ou que le son nasal NG de Ratzinger n’a rien à voir avec la suite de consonnes N et G du français.
Les toponymes alsaciens, par exemple ceux en – heim, ont parfois une prononciation un peu différente de celle de l’allemand standard. Et il est arrivé que des patronymes alsaciens soient délibérément francisés phonétiquement et même graphiquement, par leurs détenteurs (Kléber).
Je tends à croire également que M. Strauss-Kahn, qui porte apparemment un nom d’origine yiddish, ne souhaite pas qu’on le prononce scrupuleusement comme en allemand standard (diphtongue AU et A long de Kahn).
Mais je déplore aussi que les journalistes français ne soient pas mieux formés à la prononciation des mots étrangers, mon irritation étant doublée par les constats que, lorsqu’ils s’y mettent malgré tout, ils transforment en mots anglais les mots de toutes les autres langues et que leurs collègues locuteurs d’autres langues s’en sortent beaucoup mieux pour la prononciation du français.
Qu’on veuille bien excuser cette digression !
- Islwyn
- Messages : 1492
- Inscription : sam. 16 févr. 2013, 12:09
- Localisation : Royaume-Uni (décédé le 9 mars 2018)
J'en doute. Mais ce n'est pas tellement la mauvaise prononciation des journalistes, à laquelle on s'habitue à la longue, que leur façon de voir dans la langue française une espèce d'anglais prononcée différemment et que l'on peut traduire mot à mot. Ainsi, juste avant la guerre d'Irak, Jacques Chirac dit à propos des relations entre les États-Unis et le Royaume-Uni « c'est pathétique, n'est-ce pas ? », remarque où le journaliste vit un camouflet essuyé par M. Blair : « he's pathetic, isn't he ? » (interprétation rapidement corrigée par la suite).André (Georges, Raymond) a écrit :Mais je déplore aussi que les journalistes français ne soient pas mieux formés à la prononciation des mots étrangers, mon irritation étant doublée par les constats que, lorsqu’ils s’y mettent malgré tout, ils transforment en mots anglais les mots de toutes les autres langues et que leurs collègues locuteurs d’autres langues s’en sortent beaucoup mieux pour la prononciation du français.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Vous avez fort probablement raison, mais mes connaissances en géographie sont parfois assez floues. Nous avons bien vu un jour un reportage sur ces francophones qui vivent sur des îles dans les marais, d'où ma confusion avec les Everglades.André (Georges, Raymond) a écrit :C’était plus vraisemblablement du côté de la Louisiane, dans le delta du Mississipi, territoire des Cajuns, le mot lui-même étant une déformation d’ « Acadiens ». Les Everglades sont en Floride et les francophones n’y sont sans doute pas légion !Jacques a écrit :Récemment nous avons regardé l'enregistrement que j'avais fait de l'émission Faut pas rêver. Sujet : les États-Unis.
Nous avons vu, entre autres, une communauté qui vit dans un vaste territoire marécageux (les Everglades peut-être ? Je ne sais plus). Ces Américains s'exprimaient dans une langue qu'au début je n'ai pas identifiée, et les dialogues étaient sous-titrés en français. Puis, ayant saisi un mot par ci par là, j'ai compris que c'est une communauté francophone. Des Acadiens je pense.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Mon anglais laissant beaucoup à désirer, je viens de découvrir dans un dictionnaire que "pathetic" signifie davantage attendrissant, touchant que pathétique; La démonstration est claire !Islwyn a écrit : Ainsi, juste avant la guerre d'Irak, Jacques Chirac dit à propos des relations entre les États-Unis et le Royaume-Uni « c'est pathétique, n'est-ce pas ? », remarque où le journaliste vit un camouflet essuyé par M. Blair : « he's pathetic, isn't he ? » (interprétation rapidement corrigée par la suite).
Belle occasion pour vous dire, Jacques, combien m'impressionnent vos connaissances et votre constance devant l'écran et dans la promotion de "notre belle langue", avec et sans guillemets... encore que je sois un peu désagréablement conscient de mon léger sans-gêne à formuler cette appréciation après si peu de temps sur le forum.
- Islwyn
- Messages : 1492
- Inscription : sam. 16 févr. 2013, 12:09
- Localisation : Royaume-Uni (décédé le 9 mars 2018)
Ah, excusez-moi, je me suis vraiment mal expliqué.André (Georges, Raymond) a écrit :Mon anglais laissant beaucoup à désirer, je viens de découvrir dans un dictionnaire que "pathetic" signifie davantage attendrissant, touchant que pathétique; La démonstration est claire !
![[pleure] :cry:](./images/smilies/icon_cry.gif)
« C'est pathétique, n'est-ce pas ? » = « It's sad, isn't it ?»
« He's pathetic, isn't he ? » = « Il est minable, non ? »
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
- Perkele
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Consolez-vous, j'ai le même souci avec le finnois.André (Georges, Raymond) a écrit :Merci. N'ayant pas appris l'anglais à l'école, je suis conscient et honteux de mes lacunes en la matière : elles me pénalisent aussi quand je rends visite à mon fils aux États-Unis.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Manni-Gédéon
- Messages : 1217
- Inscription : lun. 12 avr. 2010, 14:35
- Localisation : Genève (CH)
Pour revenir au mot pathétique, je n'ai jamais pensé qu'il pouvait être péjoratif avant de l'entendre dans des traductions de séries ou de films américains. Là encore, je croyais que cette acception nous venait de l'anglais.
Les dictionnaires que j'ai consultés ne rendent pas non plus cette nuance péjorative, sauf celui de l'Académie, qui donne (dans la 9e édition, mais pas dans la 8e), après les acceptions habituelles :
Fig. et fam. Pitoyable, désastreux. Des efforts pathétiques.
Si en anglais ce mot n'a pas non plus le sens de pitoyable, s'agirait-il simplement d'une mauvaise traduction, répétée au point d'influencer l'usage dans les pays francophones ?
Les dictionnaires que j'ai consultés ne rendent pas non plus cette nuance péjorative, sauf celui de l'Académie, qui donne (dans la 9e édition, mais pas dans la 8e), après les acceptions habituelles :
Fig. et fam. Pitoyable, désastreux. Des efforts pathétiques.
Si en anglais ce mot n'a pas non plus le sens de pitoyable, s'agirait-il simplement d'une mauvaise traduction, répétée au point d'influencer l'usage dans les pays francophones ?
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
Gandhi, La Jeune Inde