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Perkele
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Message par Perkele »

Claude a écrit :Prétérition aurait-il un rapport étymologique avec prétérit, ce temps de conjugaison dans certains pays ?
Il paraît.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Disons qu'ils sont de la même famille. Prétérit vient du latin praeteritum tempus, « temps passé ».
Prétérition, mot inventé à la Renaissance (1510), est formé d'après le verbe praeterire, qui définit l'action de passer devant et, en termes juridiques, de passer sous silence sur son testament ; par analogie, en rhétorique c'est le fait de déclarer qu'on ne parlera pas de quelque chose (ou de quelqu'un). C'est donc ce verbe praeterire qui a donné naisance aux deux.
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Claude
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Message par Claude »

Si j'ai bien compris, en termes juridiques et en rhétorique, prétérition perd donc le sens général de ce qui passe devant, c'est-à-dire le passé, comme l'est le temps du prétérit.
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Jacques
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Message par Jacques »

Prétérition ne doit pas être vraiment rapproché de prétérit, c'est un terme de droit formé en 1510, et la langue du droit se différencie du langage courant par ses sens bien spécifiques. Prenez, par exemple, le mot incapable. En langue courante il désigne quelqu'un qui n'est pas apte à faire quelque chose, un « bon à rien » en termes familiers. En droit c'est une personne à laquelle certaines choses sont interdites (comme faire des actes de commerce ou engager sa responsabilité). On trouve une similitude de sens, mais le concept est différent entre avoir l'aptitude mentale ou physique et avoir l'autorisation légale. Prétérit et prétérition sont cousins mais n'expriment pas la même idée, c'est un peu comme avec l'oiseau et le serpent, ils ont un ancêtre commun mais se différencient. La rhétorique a emprunté le terme juridique pour exprimer un sens similaire.
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Claude
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Message par Claude »

Merci Jacques pour ces explications qui ne peuvent être plus claires. :wink:
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Jacques
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Message par Jacques »

Bien aimable ! Il n'est pas toujours facile de démêler l'écheveau.
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Perkele
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Message par Perkele »

Je trouve que le langage juridique est bien plus près du sens premier que le langage usuel.

INCAPABLE = qui ne peut pas (DR)
INCAPABLE = bon à rien (US)

Et l'écart qui se creuse entre les deux registres entraîne des malentendus.

J'ai rencontré des parents d'handicapés mentaux choqués que leur enfant soit qualifié de "considérable bon à rien" par les termes "incapable majeur" alors qu'ils l'étaient tout simplement d'adultes de plus de 18 ans dont les droits ont été restreints.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Vous avez reçu, comme moi, une formation juridique (la mienne plus lointaine et moins poussée), et nous savons que le droit a le souci de la précision. C'est ce que j'aimais dans cette matière : la rigueur du vocabulaire.
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