photogravure/infogravure ou photogravure / infogravure ?
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
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Une question Perkele : quelle formule de politesse conseillez-vous à vos élèves fonctionnaires qui écrivent à un administré ? Moi, il y en a une qui me tape furieusement sur les nerfs : ils ont tous attrapé depuis quelques années la manie d'envoyer leur considération distinguée. Je trouve cela ambigu, j'ai l'impression qu'ils se croient sortis de la cuisse de Jupiter et qu'ils me prennent de haut. C'est pédant. De toute façon, s'ils sont vraiment à notre service comme on essaye de les en convaincre, ils devraient faire part de leurs sentiments dévoués.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Ah, c'est curieux que vous disiez cela: les prépositions me paraissent au contraire être le talon d'Achille du français, notamment à cause de la polysémie des prépositions de et, dans une mesure légèrement moindre, à.Jacques-André-Albert a écrit :La concision nuit souvent à la compréhension. Le français a un atout indéniable, et reconnu au plan international, c'est sa clarté, due en partie à l'emploi précis des prépositions.
De et à sont en français des prépositions passe-partout là où l'anglais (et d'autres langues) utilisent une gamme beaucoup plus large de prépositions et distinguent ainsi des sens différents.
Un exemple entre mille: dans "les crimes de Dutroux", il faut comprendre que Dutroux en est l'auteur, mais dans "l'assassinat de Kennedy" la même préposition désigne la victime. Voir aussi nos successions peu élégantes de plusieurs éléments reliés par "de" qui correspondent à des prépositions différentes dans d'autres langues.
Que le français ait pour lui l'avantage de la clarté, c'est possible. Mais pour moi, ce n'est certainement pas grâce à la précision de nos prépositions, bien au contraire. Et cette clarté se paie souvent par une certaine lourdeur de l'expression, contrairement à la souplesse (mais aussi au manque de précision) de l'anglais, par exemple.
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
- Perkele
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La considération distinguée est de tradition dans l'administration civile. Ayez bien conscience que ce n'est pas le fonctionnaire qui traite votre dossier qui vous écrit, mais à travers lui, son responsable hiérarchique (qui portera le chapeau si erreur se glisseJacques a écrit :Une question Perkele : quelle formule de politesse conseillez-vous à vos élèves fonctionnaires qui écrivent à un administré ? Moi, il y en a une qui me tape furieusement sur les nerfs : ils ont tous attrapé depuis quelques années la manie d'envoyer leur considération distinguée. Je trouve cela ambigu, j'ai l'impression qu'ils se croient sortis de la cuisse de Jupiter et qu'ils me prennent de haut. C'est pédant. De toute façon, s'ils sont vraiment à notre service comme on essaye de les en convaincre, ils devraient faire part de leurs sentiments dévoués.
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Les militaires préfèrent les sentiments... je ne parviens pas à m'y faire.
Et je n'ai aucune autorité là-dessus.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Perkele
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Pour moi, la concision s'obtient en premier lieu le choix d'un verbe précis :cyrano a écrit :Ah, c'est curieux que vous disiez cela: les prépositions me paraissent au contraire être le talon d'Achille du français, notamment à cause de la polysémie des prépositions de et, dans une mesure légèrement moindre, à.Jacques-André-Albert a écrit :La concision nuit souvent à la compréhension. Le français a un atout indéniable, et reconnu au plan international, c'est sa clarté, due en partie à l'emploi précis des prépositions.
De et à sont en français des prépositions passe-partout là où l'anglais (et d'autres langues) utilisent une gamme beaucoup plus large de prépositions et distinguent ainsi des sens différents.
Un exemple entre mille: dans "les crimes de Dutroux", il faut comprendre que Dutroux en est l'auteur, mais dans "l'assassinat de Kennedy" la même préposition désigne la victime. Voir aussi nos successions peu élégantes de plusieurs éléments reliés par "de" qui correspondent à des prépositions différentes dans d'autres langues.
Que le français ait pour lui l'avantage de la clarté, c'est possible. Mais pour moi, ce n'est certainement pas grâce à la précision de nos prépositions, bien au contraire. Et cette clarté se paie souvent par une certaine lourdeur de l'expression, contrairement à la souplesse (mais aussi au manque de précision) de l'anglais, par exemple.
- "sanctionner" au lieu de "prendre une mesure disciplinaire" ;
- "examiner" au lieu de "procéder à l'examen des faits" ;
- "allouer" au lieu de "attribuer une allocation" ;
- "nouer ses lacets" au lieu de "faire ses lacets" ;
- "remplir le réservoir" au lieu de "faire de l'essence".
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques-André-Albert
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L'anglais ne fait pas mieux avec Dutroux 's crimes et Kennedy's murdercyrano a écrit :Un exemple entre mille: dans "les crimes de Dutroux", il faut comprendre que Dutroux en est l'auteur, mais dans "l'assassinat de Kennedy" la même préposition désigne la victime.
Si je prends la préposition anglaise « on », elle se traduit en français, selon le cas, par sur (on an impulse, sur un coup de tête), en (on the road, en route), de (on the right side, du bon côté), à (on time, à l'heure)cyrano a écrit :Voir aussi nos successions peu élégantes de plusieurs éléments reliés par "de" qui correspondent à des prépositions différentes dans d'autres langues.
Des exemples ?cyrano a écrit :Que le français ait pour lui l'avantage de la clarté, c'est possible. Mais pour moi, ce n'est certainement pas grâce à la précision de nos prépositions, bien au contraire. Et cette clarté se paie souvent par une certaine lourdeur de l'expression, contrairement à la souplesse (mais aussi au manque de précision) de l'anglais, par exemple.
Vous parlez de polysémie ; voici un exemple anglais parmi d'autres : turn right there peut signifier :
tourne juste là, tourne à droite là, tourne comme il faut là.
Il y aurait beaucoup à dire sur la prétendue supériorité de l'anglais.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Jacques-André-Albert
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Les emplois sont différents :Perkele a écrit :Pour moi, la concision s'obtient en premier lieu le choix d'un verbe précis :
- "sanctionner" au lieu de "prendre une mesure disciplinaire" ;
- "examiner" au lieu de "procéder à l'examen des faits" ;
- "allouer" au lieu de "attribuer une allocation" ;
- "nouer ses lacets" au lieu de "faire ses lacets" ;
- "remplir le réservoir" au lieu de "faire de l'essence".
- examiner ne remplace pas procéder à l'examen des faits. On vous demandera ce que vous allez examiner
- de la même façon, vous ne pouvez pas allouer tout seul sans complément.
Pour le reste, vous n'avez pas choisi des formules plus concises, mais des expressions correctes en face d'expressions populaires et locales (je n'ai jamais entendu « faire de l'essence »)
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Jacques
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Vous m'étonnez, cette expression de style très familier est courante dans les régions où j'ai habité. Je crois, il est vrai, qu'on dit maintenant « prendre de l'essence », qui reste dans un registre familier.Jacques-André-Albert a écrit :je n'ai jamais entendu « faire de l'essence »
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Hippocampe
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L'anglais ne fait pas mieux avec Dutroux 's crimes et Kennedy's murdercyrano a écrit :Un exemple entre mille: dans "les crimes de Dutroux", il faut comprendre que Dutroux en est l'auteur, mais dans "l'assassinat de Kennedy" la même préposition désigne la victime.
cyrano a écrit :Ben là, si, justement, l'anglais fait mieux, comme vous le montrez.
Cyrano n'a pas parlé de la supériorité de l'anglais mais des avantages comparés des deux langues.
Car le feu s'est éteint, les oiseaux se sont tus et Ceinwen est partie.
- Hippocampe
- Messages : 3117
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Cette tournure me rappelle un de mes amis, français mais ayant émigré aux États-unis, qui remplace à présent en français certains verbes par faire. Ainsi, quand nous passons un coup de fil, prenons une décision et buvons une tisane, lui, il fait un coup de fil, il fait une décision, il fait une tisane.Perkele a écrit :"faire de l'essence".
À part ça, je n'ai jamais entendu "faire de l'essence" ; "faire le plein", oui, ou "prendre de l'essence", mais pas le mélange des deux.
- AliceAlasmartise.
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Je n'ai pas compris dans quelle mesure Kennedy's murder était plus précis que L'assassinat de Kennedy. Les deux ne précisent pas si Kennedy est victime ou assassin, non ?Hippocampe a écrit :Ben là, si, justement, l'anglais fait mieux, comme vous le montrez.Jacques-André-Albert a écrit :L'anglais ne fait pas mieux avec Dutroux 's crimes et Kennedy's murder
- Hippocampe
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- Jacques
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C'est peut-être une affaire de région ou d'époque, mais je l'ai entendu bien souvent.Anne a écrit : À part ça, je n'ai jamais entendu "faire de l'essence" ; "faire le plein", oui, ou "prendre de l'essence", mais pas le mélange des deux.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).