Jacques-André-Albert a écrit :Soyons sérieux : qui comprend que l'Orient-Express a commis un crime ? Qui comprend autre chose dans « une pièce de Shakespeare ?
Personne, bien sûr, et je n'ai rien voulu dire de tel. Les cas où la polysémie de notre "de" pose un réel problème de compréhension sont rares. "Le meurtre de", "le refus de"... que vous avez eu l'élégance de citer vous-même. Il y a aussi: "Je viens de Bordeaux" qui, a priori, ne permet pas de savoir si vous êtes Bordelais ou si vous étiez ce matin par hasard à Bordeaux et que vous avez fait la route. Les langues germaniques utilisent deux prépositions différentes qui empêchent toute confusion.
Mais la plupart du temps, il s'agit plutôt d'une question d'élégance - j'ai d'ailleurs parlé d'un pâle ou d'un banal "de", c'est bien sur ce plan-là que je me place. "Le crime de l'Orient Express" ne nous choque pas, mais quand un étranger nous le fait remarquer, c'est vrai que c'est curieux (et un peu dommage à mon sens) qu'une seule et même préposition soit utilisée en français pour désigner trois rapports différents au substantif: l'auteur, la victime ou le lieu.
Dans le même ordre d'idée: un roman d'aventure de Tartempion du 19e siècle. Aucun problème de compréhension là-dedans, mais certaines langues ont une préposition spécifique pour exprimer le rapport entre les deux derniers "de" et le substantif: elles diront "un roman par" et "un roman venu du 19e siècle", en quelque sorte (tandis que la préposition disparaîtra tout à fait dans "roman d'aventure", qui deviendra un nom composé). Je ne peux pas m'empêcher de trouver cela plus précis et plus élégant. Libre à vous d'avoir un autre avis, bien sûr.
C'est pourtant ce que vous tentez de faire en prenant vos exemples dans la langue anglaise.
Je pense que cet argument n'est pas de bonne foi:
- l'anglais est la langue qu'en général le plus de gens connaissent, il est naturel de la prendre comme première référence afin que tout le monde puisse aisément suivre la discussion
- je me suis ensuite expressément référé à l'allemand dans "l'assassinat de Kennedy"
- avec mon image de la "langue idéale", basée sur le portrait de l'Européen idéal, j'ai clairement indiqué qu'à mon sens chaque langue avait ses forces, ses charmes et ses atouts (et peut-être même le français plus que d'autres, mais je suis de parti pris...). Merci de rester sur le plan de la discussion factuelle, comme vous le faites à propos de l'usage des prépositions, et de ne pas m'attribuer des choses que je ne pense pas.
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)