"tant" et "autant"
"tant" et "autant"
encore moi...
Est-ce fautif d'utiliser l'adverbe "tant" dans cette phrase ?
Depuis trois ans déjà, le programme connaît un franc succès tant chez les jeunes que chez les employeurs locaux.
Est-il préférable d'écrire :
Depuis trois ans déjà, le programme connaît un franc succès autant chez les jeunes que chez les employeurs locaux.
-------------------
Merci beaucoup!
Est-ce fautif d'utiliser l'adverbe "tant" dans cette phrase ?
Depuis trois ans déjà, le programme connaît un franc succès tant chez les jeunes que chez les employeurs locaux.
Est-il préférable d'écrire :
Depuis trois ans déjà, le programme connaît un franc succès autant chez les jeunes que chez les employeurs locaux.
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Merci beaucoup!
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
J'aime bien la finesse et la pertinence des questions que vous posez. Elles font honneur au forum et lui donnent son véritable sens.
Pour simplifier, disons que si et tant ont une valeur d'intensité, ils marquent un degré, une quantité.
Autant et aussi ont une valeur comparative : Pierre a autant de défauts que de qualités – Julie est aussi jolie que sa sœur.
Voici l'opinion de l'Académie :
Autant
1. Sert à marquer l'égalité de valeur, de mérite, de nombre, de quantité, d'étendue. Il travaille autant que vous. Il y avait autant d'hommes que de femmes. Ce texte contient presque autant de fautes que de mots.
2. Exprime une quantité, un degré, une valeur. Je ne vous connaissais pas autant d'amis, autant de générosité. Il n'avait pas plu autant depuis des mois.
TANT. adv. de quantité. Tellement, en si grande quantité, en tel nombre, à un tel point. Le jour qu'il a tant plu. Cette femme tant aimée.
Même chose pour si, aussi.
Mais la confusion s'est établie dans l'usage courant. Il est préférable de marquer la distinction dans la langue soignée.
Toutefois, votre construction peut faire hésiter sur le mot à choisir, elle semble échapper à la classification. Je mettrais TANT, sans considérer AUTANT comme vraiment fautif : on peut comprendre « autant de succès là qu'ici ». Si vous voulez vous assurer l'infaillibilité, vous pouvez recourir au procédé de substitution : aussi bien chez les jeunes...
Pour simplifier, disons que si et tant ont une valeur d'intensité, ils marquent un degré, une quantité.
Autant et aussi ont une valeur comparative : Pierre a autant de défauts que de qualités – Julie est aussi jolie que sa sœur.
Voici l'opinion de l'Académie :
Autant
1. Sert à marquer l'égalité de valeur, de mérite, de nombre, de quantité, d'étendue. Il travaille autant que vous. Il y avait autant d'hommes que de femmes. Ce texte contient presque autant de fautes que de mots.
2. Exprime une quantité, un degré, une valeur. Je ne vous connaissais pas autant d'amis, autant de générosité. Il n'avait pas plu autant depuis des mois.
TANT. adv. de quantité. Tellement, en si grande quantité, en tel nombre, à un tel point. Le jour qu'il a tant plu. Cette femme tant aimée.
Même chose pour si, aussi.
Mais la confusion s'est établie dans l'usage courant. Il est préférable de marquer la distinction dans la langue soignée.
Toutefois, votre construction peut faire hésiter sur le mot à choisir, elle semble échapper à la classification. Je mettrais TANT, sans considérer AUTANT comme vraiment fautif : on peut comprendre « autant de succès là qu'ici ». Si vous voulez vous assurer l'infaillibilité, vous pouvez recourir au procédé de substitution : aussi bien chez les jeunes...
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Perkele
- Messages : 12915
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
À mon humble avis, "tant" peut s'utiliser pour le comparatif "autant" dans certaines tournures dont celle que vous employez et votre première phrase est convenable.
Toujours selon moi, l'inverse n'est pas possible : il serait fautif d'utiliser le comparatif "autant" là où il faudrait un adverbe d'intensité ou de quantité (tant, tellement, beaucoup...).
Ex. :
- Il travaille tant (tellement), qu'il est épuisé (conséquence).
- Il travaille autant (en même quantité) que Georges (élément de comparaison).
Jacques, Marco, qu'en disent vos gros livres ?
Toujours selon moi, l'inverse n'est pas possible : il serait fautif d'utiliser le comparatif "autant" là où il faudrait un adverbe d'intensité ou de quantité (tant, tellement, beaucoup...).
Ex. :
- Il travaille tant (tellement), qu'il est épuisé (conséquence).
- Il travaille autant (en même quantité) que Georges (élément de comparaison).
Jacques, Marco, qu'en disent vos gros livres ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Perkele, je suis navré, il est vrai que les hommes, ces misérables créatures, doivent s'effacer devant les femmes. Quand on n'a que deux neurones, on laisse la priorité à qui en possède des milliards.
Claude, si tant est que est une formule idiomatique, une locution, donc une forme figée. Les idiotismes ne s'expliquent pas. Elle équivaut à « si toutefois ». Je cite Littré :
Si tant est que.... avec le subjonctif, si la chose est, supposé que la chose soit. Croyez que vos bonnes grâces à tous me sont très précieuses, si tant est que je les aie, CH. DE SÉVIGNÉ, dans SÉV. t. IX, p. 468, éd. RÉGNIER.
Claude, si tant est que est une formule idiomatique, une locution, donc une forme figée. Les idiotismes ne s'expliquent pas. Elle équivaut à « si toutefois ». Je cite Littré :
Si tant est que.... avec le subjonctif, si la chose est, supposé que la chose soit. Croyez que vos bonnes grâces à tous me sont très précieuses, si tant est que je les aie, CH. DE SÉVIGNÉ, dans SÉV. t. IX, p. 468, éd. RÉGNIER.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Je saisis mal la raison de votre préférence pour « tant » puisque la définition que vous nous donnez de l'Académie semble parfaitement correspondre à « autant » dans notre exemple. Je ne cerne pas la particularité supposée de cette phrase.Jacques a écrit : Voici l'opinion de l'Académie :
Autant
1. Sert à marquer l'égalité de valeur, de mérite, de nombre, de quantité, d'étendue. Il travaille autant que vous. Il y avait autant d'hommes que de femmes. Ce texte contient presque autant de fautes que de mots.
Toutefois, votre construction peut faire hésiter sur le mot à choisir, elle semble échapper à la classification. Je mettrais TANT, sans considérer AUTANT comme vraiment fautif : on peut comprendre « autant de succès là qu'ici ».
Pouvez-vous éclairer ma lanterne ?
- Perkele
- Messages : 12915
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
TLF a écrit :TANT
[...]
B. [Adv. de compar.] Synon. de autant.
1. Tant... tant
[Empl. avec le verbe valoir, pour indiquer un rapp. proportionnel (ou inversement proportionnel)] Tant vaut l'âme, tant vaut la doctrine (BOURGET, Disciple, 1889, p. 219).
Tant plus... tant plus. Monsieur l'archiprêtre est servi dans la porcelaine fine (...). Mais tant plus la porcelaine est fine, tant plus elle craint le feu (A. FRANCE, Mannequin, 1897, p. 151). Elle croit que tant plus que ça se voit, tant plus que c'est beau (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 299).
Tant plus... tant moins. Les gouttières gorgées vomissaient l'eau à pleine gueule, et, du haut des toits en pente douce, des torrents précipités pendaient en longues stalactites, mais enfin ce n'était pas de la pluie, pas le moins du monde; un nuage qui crevait, rien de plus! et, comme il le disait fort bien: Tant plus que ça tomberait beseff, tant moins que ça tomberait longtemps (COURTELINE, Train 8 h. 47, 1888, p. 91).
2. [Dans des phrases nég. ou interr., tant que peut se substituer à autant que] Banal, le vieux fonds de l'homme? Pas tant que vous! Vous méprisez les bourgeois? Bourgeois vous-même! (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 229). Les artistes du Moyen Age, qui passent pour des ingénus et qui ne travaillent pas tant d'après nature qu'on ne le croit (GONCOURT, Journal, 1894, p. 680).
Rien tant... que. Il n'aimait rien tant qu'à persuader autrui (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p. 763).
Non tant par... que par... La rencontre de Napoléon et du pape Pie VII est un grand moment, non point tant par les événements qui en résultèrent que par la signification légendaire de ces fortes images, où l'on voit les deux puissances affrontées (ALAIN, Propos, 1921, p. 284).
Pas tant (...) que ça. Et proclamant qu'elle est une dinde: « Non pas tant dinde que ça! fait Lorrain... » (GONCOURT, Journal, 1894, p. 633). La violette, modeste? Pas tant que ça! Elle fleurit la première comme si elle craignait la comparaison (RENARD, Journal, 1902, p. 737).
3. [Dans qq. expr. affirm.]
Tous tant que nous sommes. Autant que nous sommes. Prolétaires, tous tant que nous sommes, la propriété nous excommunie (PROUDHON, Propriété, 1840, p. 194).
Tant qu'il vous plaira. Beau génie tant qu'il vous plaira, M. le chevalier (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 271).
Tant qu'il peut, tant que ça peut. Lentement il se baisse, Applique son naseau sur le pauvre instrument, Et souffle tant qu'il peut (FLORIAN, Fables, 1792, p. 172). C'était là une heure unique, un des plus vifs et des plus beaux moments qu'il aurait jamais; et enragé contre lui-même, bandait son âme tant qu'il pouvait, pour se donner de l'émotion (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 219).
Tant qu'il veut. En lui envoyant des bijoux tant qu'elle en veut (DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p. 78).
Dernière modification par Perkele le mer. 13 févr. 2008, 13:41, modifié 1 fois.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
J'ai donné l'équivalent « aussi bien » qui se dit dans ces cas-là, et qui correspond mieux à tant qu'à autant qui, lui, se réfère à une quantité ; mais j'ai ajouté qu'il y a aussi moyen de le voir comme une quantité, ce qui fait que les deux peuvent se concevoir. Je n'ai pas d'allumettes pour votre lanterne, c'est une préférence instinctive.valiente a écrit :Je saisis mal la raison de votre préférence pour « tant » puisque la définition que vous nous donnez de l'Académie semble parfaitement correspondre à « autant » dans notre exemple. Je ne cerne pas la particularité supposée de cette phrase.Jacques a écrit : Voici l'opinion de l'Académie :
Autant
1. Sert à marquer l'égalité de valeur, de mérite, de nombre, de quantité, d'étendue. Il travaille autant que vous. Il y avait autant d'hommes que de femmes. Ce texte contient presque autant de fautes que de mots.
Toutefois, votre construction peut faire hésiter sur le mot à choisir, elle semble échapper à la classification. Je mettrais TANT, sans considérer AUTANT comme vraiment fautif : on peut comprendre « autant de succès là qu'ici ».
Pouvez-vous éclairer ma lanterne ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Oui c'est une autre tournure idiomatique, redondante ou même tautologique, qui introduit une conséquence, elle est synonyme de : de telle sorte que.Claude a écrit :Merci Jacques ; je suppose que tant et si bien que est aussi une formule idiomatique (avec mes deux neurones j'essaie de raisonner, sinon je résonnerai, ce sera plus facile
).
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
En conclusion de ces débats, nous pouvons, je crois, dire que si l'on veut être pointilleux on établira une différence d'emploi entre tant et autant, si et aussi, mais que dans la pratique, il n'est pas bien grave d'employer indifféremment si ou aussi, tant ou autant dans les situations où il s'agit d'exprimer autre chose qu'une comparaison significative de valeurs, de qualités, etc. d'autant que nous avons vu des cas qui font hésiter.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).