accord ou pas avec le COD ?
accord ou pas avec le COD ?
Bonjour,
A votre avis, dans l'exemple ci-dessous, le participe passé s'accorde-t-il ou pas avec le COD tempêtes ?
...mais des tempêtes, il en avait déjà bravé ( bravées ) bien d'autres !
J'hésite car en est un COI, mis pour tempêtes, mais quand je me pose la question "il avait déjà bravé quoi?" j'obtiens tempête qui devient COD...
Du coup, je ne sais plus !
A votre avis, dans l'exemple ci-dessous, le participe passé s'accorde-t-il ou pas avec le COD tempêtes ?
...mais des tempêtes, il en avait déjà bravé ( bravées ) bien d'autres !
J'hésite car en est un COI, mis pour tempêtes, mais quand je me pose la question "il avait déjà bravé quoi?" j'obtiens tempête qui devient COD...
Du coup, je ne sais plus !
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Vous abordez là un grand sujet de polémique. Je vous cite quelques avis de spécialistes.
BORDAS :
– en n’est pas indispensable au sens de la phrase ; on fait l’accord : J’ai lu Platon, voici les leçons que j’en ai tirées. Vous connaissez les faits ; voici les deux versions qu’on en a données.
– en est indispensable au sens de la phrase. On laisse le participe invariable : Ces villes d’Italie, j’en ai visité quelques-unes – Ces confitures sont délicieuses, en avez-vous mangé ?
LAROUSSE :
– en, pronom adverbial, joue le rôle d’un complément d’objet indirect du nom, de l’adjectif ou du verbe (et pas de COD comme on pourrait le penser) [...]. Quand il ne peut pas être retranché, le participe est invariable : Quant aux belles villes, j’en ai tant visité – Voyez ces fleurs ; en avez-vous cueilli ? (Littré) – Des tomates, on en a mis dans la sauce.
GREVISSE, Le français correct : Ses imprudences à lui, s’il en a commis... – J’en ai tant vu, des rois ! (V. Hugo) – Tu m’as dit que les romans te choquent ; j’en ai beaucoup lu (Musset).
Cependant l'objectivité m'incite à préciser que certains auteurs connus se sont permis de faire l'accord, et qu'il se trouve quelques grammairiens pour se ranger dans leur camp.
Je vous déconseille toutefois de le faire, car pour le moment aucune règle ne l'entérine, et dans un examen vous risqueriez fort d'être sanctionnée d'une faute. Tenez-vous prudemment à l'invariabilité.
BORDAS :
– en n’est pas indispensable au sens de la phrase ; on fait l’accord : J’ai lu Platon, voici les leçons que j’en ai tirées. Vous connaissez les faits ; voici les deux versions qu’on en a données.
– en est indispensable au sens de la phrase. On laisse le participe invariable : Ces villes d’Italie, j’en ai visité quelques-unes – Ces confitures sont délicieuses, en avez-vous mangé ?
LAROUSSE :
– en, pronom adverbial, joue le rôle d’un complément d’objet indirect du nom, de l’adjectif ou du verbe (et pas de COD comme on pourrait le penser) [...]. Quand il ne peut pas être retranché, le participe est invariable : Quant aux belles villes, j’en ai tant visité – Voyez ces fleurs ; en avez-vous cueilli ? (Littré) – Des tomates, on en a mis dans la sauce.
GREVISSE, Le français correct : Ses imprudences à lui, s’il en a commis... – J’en ai tant vu, des rois ! (V. Hugo) – Tu m’as dit que les romans te choquent ; j’en ai beaucoup lu (Musset).
Cependant l'objectivité m'incite à préciser que certains auteurs connus se sont permis de faire l'accord, et qu'il se trouve quelques grammairiens pour se ranger dans leur camp.
Je vous déconseille toutefois de le faire, car pour le moment aucune règle ne l'entérine, et dans un examen vous risqueriez fort d'être sanctionnée d'une faute. Tenez-vous prudemment à l'invariabilité.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Claude
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- Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Fort de ces précieux renseignements (une fois de plus merci Jacques !), s'il m'arrivait un jour d'être confronté à la correction d'une dictée (ce n'est plus de mon âge mais faisons comme si...), je ne me gênerais pas pour accorder avec un EN non indispensable, en prenant le soin de placer un astérisque de renvoi pour justifier l'accord et je citerais Bordas, par exemple ; je crois que ce serait du plus bel effet. En revanche je risquerais de provoquer la susceptibilité du correcteur.Jacques a écrit :...Je vous déconseille toutefois de le faire, car pour le moment aucune règle ne l'entérine, et dans un examen vous risqueriez fort d'être sanctionnée d'une faute. Tenez-vous prudemment à l'invariabilité.
![[clin d'oeil] :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
Mairry, à bon entendeur salut !
![[rigole] :lol:](./images/smilies/icon_lol.gif)
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Voici la position du Larousse des difficultés :
Un verbe dont le COD est EN garde son participe au masculin singulier même si EN représente un nom pluriel : des démarches, nous en avons entrepris plus d'une !
Quand EN est complément d'un adverbe de quantité (combien, autant, beaucoup, moins, plus) l'usage est hésitant. En général l'accord se fait si l'averbe de quantité précède EN, mais pas si l'adverbe le suit : Des lettres d'admirateurs, combien en as-tu reçues ? J'en ai beaucoup vu de ces soi-disant inventeurs.
Mais je répète : prudence ! Et comme dit Claude, il vaut mieux se justifier dans un examen.
Un verbe dont le COD est EN garde son participe au masculin singulier même si EN représente un nom pluriel : des démarches, nous en avons entrepris plus d'une !
Quand EN est complément d'un adverbe de quantité (combien, autant, beaucoup, moins, plus) l'usage est hésitant. En général l'accord se fait si l'averbe de quantité précède EN, mais pas si l'adverbe le suit : Des lettres d'admirateurs, combien en as-tu reçues ? J'en ai beaucoup vu de ces soi-disant inventeurs.
Mais je répète : prudence ! Et comme dit Claude, il vaut mieux se justifier dans un examen.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Pour ce qui me concerne, je vous assure que je ne fais jamais l'accord avec EN, que je considère comme un COI, et nous avons vu que c'est l'avis de plusieurs spécialistes.
J'ai donné ces divers renseignements à titre d'information objective : puisqu'il existe deux tendances, il faut avoir l'honnêteté de les exposer. Mais les partisans de l'accord sont relativement « marginaux ».
J'ai donné ces divers renseignements à titre d'information objective : puisqu'il existe deux tendances, il faut avoir l'honnêteté de les exposer. Mais les partisans de l'accord sont relativement « marginaux ».
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Je comprends que l'habitude générale est à l'invariabilité.
Ce qui devient gênant, c'est l'obligation de se justifier sur l'utilisation de tels accords, de peur d'être soupçonné de faute (et ce n'est pas la première fois, sur le forum, que nous évoquons cette crainte).
Alors, il est peut-être plus sage de continuer à ne pas faire l'accord.
Ce qui devient gênant, c'est l'obligation de se justifier sur l'utilisation de tels accords, de peur d'être soupçonné de faute (et ce n'est pas la première fois, sur le forum, que nous évoquons cette crainte).
Alors, il est peut-être plus sage de continuer à ne pas faire l'accord.
Dans les manuels scolaires classiques, on trouve ceci (je cite du BLED, Hachette, 1998) :
Voyez ces odorants lilas, j’en ai cueilli pour ma mère.
Il a vu ma mère ; voici les nouvelles qu’il m’en a données.
À retenir !
En, pronom personnel, peut être équivalent à de cela et peut remplacer un nom précédé de la préposition de.
Lorsque le complément d’objet du verbe est en, le participe passé reste invariable.
Toutefois, si le verbe précédé de en a un complément d’objet direct placé avant lui, le participe passé s’accorde.
Voyez ces odorants lilas, j’en ai cueilli pour ma mère.
Il a vu ma mère ; voici les nouvelles qu’il m’en a données.
À retenir !
En, pronom personnel, peut être équivalent à de cela et peut remplacer un nom précédé de la préposition de.
Lorsque le complément d’objet du verbe est en, le participe passé reste invariable.
Toutefois, si le verbe précédé de en a un complément d’objet direct placé avant lui, le participe passé s’accorde.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Vous confirmez, Marco, que EN est COI, et que l'accord sans COD placé avant est une licence que certains auteurs se sont permis de prendre contre toute logique grammaticale. J'ai été violemment pris à partie par des membres de DLF après avoir publié un article sur le sujet.
Je ne comprends pas que l'on puisse défendre l'accord (hormis le cas que vous citez : les nouvelles qu'il m'a données d'elle), alors que le COI s'impose comme une évidence.
Je ne comprends pas que l'on puisse défendre l'accord (hormis le cas que vous citez : les nouvelles qu'il m'a données d'elle), alors que le COI s'impose comme une évidence.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).