Argot musical
Argot musical
Je ne sais pas si vous êtes de ceux qui emploient des expressions comme "mettre un bémol" ou "baisser d'un ton" quand vous demandez à quelqu'un de parler moins fort.
Ces expressions sont impropres : c'est la hauteur du son (c'est-à-dire sa valeur en Hertz) qui est altérée, et non son volume (exprimé en décibels), quand on le baisse d'un ton ou lui met un bémol.
Je me ferais une joie, si l'on me demandait de "mettre un bémol", de parler plus fort, mais un demi-ton en-dessous. Ou, encore mieux, de me mettre à jouer en fa majeur un morceau écrit en do majeur, pour ma voisine, qui ne supporte pas que je joue du piano (blague pour les initiés, s'il y en a parmi vous).
Je ne critique pas l'existence ni l'emploi impropre de ces termes, puisqu'ils sont tout de même "parlants". Il est vrai que, quand on parle plus fort, généralement on parle aussi plus haut . Et puis, on dit également "mettre un bémol à ses prétentions, à sa joie, etc.", ce qui n'a plus rien à voir avec le son, sa hauteur ou son volume, et me fait admettre que l'on ait extrait le bémol de son sens musical originel.
Mais je constate que la langue française n'est pas toujours très pratique pour comprendre les paramètres du son :
- "parler tout bas" ne signifie pas parler dans le registre grave de sa voix ;
- "parler faiblement" (si l'on veut exprimer le contraire de "parler fort") signifierait plutôt que le sujet est faible lui-même, et non le volume de sa voix ;
- "doucement" peut vouloir dire indifféremment "pas fort" ou "pas vite", ce qui apporte des confusions quand on donne des indications d'exécution instrumentale.
Si je rencontre d'autres exemples, je ne manquerai pas de les ajouter.
Ces expressions sont impropres : c'est la hauteur du son (c'est-à-dire sa valeur en Hertz) qui est altérée, et non son volume (exprimé en décibels), quand on le baisse d'un ton ou lui met un bémol.
Je me ferais une joie, si l'on me demandait de "mettre un bémol", de parler plus fort, mais un demi-ton en-dessous. Ou, encore mieux, de me mettre à jouer en fa majeur un morceau écrit en do majeur, pour ma voisine, qui ne supporte pas que je joue du piano (blague pour les initiés, s'il y en a parmi vous).
Je ne critique pas l'existence ni l'emploi impropre de ces termes, puisqu'ils sont tout de même "parlants". Il est vrai que, quand on parle plus fort, généralement on parle aussi plus haut . Et puis, on dit également "mettre un bémol à ses prétentions, à sa joie, etc.", ce qui n'a plus rien à voir avec le son, sa hauteur ou son volume, et me fait admettre que l'on ait extrait le bémol de son sens musical originel.
Mais je constate que la langue française n'est pas toujours très pratique pour comprendre les paramètres du son :
- "parler tout bas" ne signifie pas parler dans le registre grave de sa voix ;
- "parler faiblement" (si l'on veut exprimer le contraire de "parler fort") signifierait plutôt que le sujet est faible lui-même, et non le volume de sa voix ;
- "doucement" peut vouloir dire indifféremment "pas fort" ou "pas vite", ce qui apporte des confusions quand on donne des indications d'exécution instrumentale.
Si je rencontre d'autres exemples, je ne manquerai pas de les ajouter.
Dernière modification par Anne le sam. 08 août 2009, 21:04, modifié 1 fois.
Eh bien, voilà, ça n'aura pas été long, voici d'autres exemples :
- le "ton" que vous employez lorsque vous vous adressez à quelqu'un traduit (ou masque) votre humeur. Je suis persuadée que ce mot "ton" vient du vocabulaire de la musique, le ton étant la tonalité (do majeur, mi mineur, etc.) d'un morceau. Or, on peut "hausser le ton", ce qui veut dire en fait "manifester de la colère ou de l'impatience" (on dit d'ailleurs aussi "élever la voix").
- la tonalité, parlons-en : beaucoup de gens emploient ce mot pour désigner le son qu'on entend dans le téléphone avant de composer un numéro. Il s'agit d'une note seule, un la, qu'il ne convient absolument pas de nommer "tonalité".
- le "ton" que vous employez lorsque vous vous adressez à quelqu'un traduit (ou masque) votre humeur. Je suis persuadée que ce mot "ton" vient du vocabulaire de la musique, le ton étant la tonalité (do majeur, mi mineur, etc.) d'un morceau. Or, on peut "hausser le ton", ce qui veut dire en fait "manifester de la colère ou de l'impatience" (on dit d'ailleurs aussi "élever la voix").
- la tonalité, parlons-en : beaucoup de gens emploient ce mot pour désigner le son qu'on entend dans le téléphone avant de composer un numéro. Il s'agit d'une note seule, un la, qu'il ne convient absolument pas de nommer "tonalité".
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Vous signalez des emplois impropres ; je n'utilise pas ces formules, mais vous m'apportez un éclairage instructif. Puisque vous ouvrez le débat en connaisseur de la musique, j'aimerais savoir ce que vous pensez de cette expression qui me semble bien galvaudée et me porte sur les nerfs : Le mois de juillet a marqué un temps fort dans nos actions ; cette victoire a été le temps fort de notre club, etc., et tous ces emplois qui visent en fait à parler d'un point culminant dans une activité quelconque.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Si cette expression vient vraiment du vocabulaire de la musique, elle ne devrait pas être employée pour parler d'un point culminant.Jacques a écrit :Puisque vous ouvrez le débat en connaisseur de la musique, j'aimerais savoir ce que vous pensez de cette expression qui me semble bien galvaudée et me porte sur les nerfs : Le mois de juillet a marqué un temps fort dans nos actions ; cette victoire a été le temps fort de notre club, etc., et tous ces emplois qui visent en fait à parler d'un point culminant dans une activité quelconque.
Dans une œuvre musicale, on nomme "climax" le (ou les) point(s) culminant(s). Ce terme n'est d'ailleurs pas spécifique à la musique.
À plus petite échelle, les temps forts ne sont que des points de repère rythmiques, puisque c'est le premier temps de chaque mesure pour les mesures régulières à 2 et 3 temps, la mesure à 4 temps ayant deux temps forts, le premier et le troisième. Dans la danse, les temps forts de la musique correspondent généralement à des temps d'appui au sol (pensez au menuet ou à la valse, à trois temps).
Donc cela n'a rien à voir avec des évènements particulièrement marquants...
Perkele a écrit :Quant au point d'orgue censé, dans la presse, être le moment crucial d'un événement...
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Pourriez-vous nous donner le sens exact de "tonalité" ? "Ton" et "tonalité" on le même sens, dites-vous ?Anne a écrit :Eh bien, voilà, ça n'aura pas été long, voici d'autres exemples :
- le "ton" que vous employez lorsque vous vous adressez à quelqu'un traduit (ou masque) votre humeur. Je suis persuadée que ce mot "ton" vient du vocabulaire de la musique, le ton étant la tonalité (do majeur, mi mineur, etc.) d'un morceau. Or, on peut "hausser le ton", ce qui veut dire en fait "manifester de la colère ou de l'impatience" (on dit d'ailleurs aussi "élever la voix").
- la tonalité, parlons-en : beaucoup de gens emploient ce mot pour désigner le son qu'on entend dans le téléphone avant de composer un numéro. Il s'agit d'une note seule, un la, qu'il ne convient absolument pas de nommer "tonalité".
Le mot "climax" est anglais.
Je vais essayer de faire court.angeloï a écrit :Pourriez-vous nous donner le sens exact de "tonalité" ? "Ton" et "tonalité" on le même sens, dites-vous ?
- Le mot "ton" a deux sens : c'est l'unité de mesure de l'intervalle entre des sons de hauteurs différentes, et c'est en effet aussi synonyme de tonalité.
- La Tonalité est un système musical construit sur une gamme, c'est-à-dire une échelle de sons "distants" entre eux d'un demi-ton ou d'un ton. Chaque note de la gamme correspond à un degré. Les degrés sont hiérarchisés entre eux, le plus "fort", celui qui commence et termine un morceau, étant la tonique. La tonique donne son nom à la tonalité du morceau.
- La tonalité d'un morceau, c'est par exemple ré majeur, do# mineur, etc. Elle est définie par sa tonique et son armure (nombre de dièses ou de bémols à la clé, c'est-à-dire valables tout le long du morceau).
Vu la complexité et la perfection du système tonal, j'ai du mal à accepter que l'on dévoie le mot "tonalité".
Il vient du grec. Il est utilisé en français depuis longtemps.angeloï a écrit :Le mot "climax" est anglais.
CLIMAX, subst. masc.
A. Suite ascendante ou descendante de termes, en partic. ,,figure de rhétorique par laquelle le discours s'élève ou descend comme par degrés; telle est cette pensée de Cicéron contre Catilina : Nihil agis, nihil moliris, nihil cogitas, quod ego non audiam, non videam, planeque sentiam`` (Gramm. 1789).
Rem. Attesté ds Ac. Compl. 1842, BESCH. 1845, LITTRÉ, Lar. 19e, Lar. 20e, GUÉRIN 1892.
B. Terme d'une progression, point culminant; en partic., en biogéographie, ,,état naturel (d'ailleurs plus ou moins théorique) vers lequel tendent sol, végétation et faune en un point donné`` (PLAIS. 1969); en médecine, ,,stade de la plus grande intensité d'une maladie; orgasme sexuel`` (Méd. Biol. t. 1 1970) :
Le paysage de champs ouverts ne se comprendra (...) que replacé dans un contexte évolutif. Mme Krenzlin n'hésite pas à parler, pour lui, de jeunesse, de maturité, de climax.
A. MEYNIER, Les Paysages agraires, 1958, p. 158.
Rem. Attesté ds Lar. encyclop. et QUILLET Suppl. 1971.
Prononc. : [klimaks]. Étymol. et Hist. 1753 rhét. (Encyclop. t. 3); 1946 biogéographie (Forest.). Empr. au gr. « échelle; p. anal., terme de rhét. : gradation ». Au sens biogéographique, empr. à l'angl. climax « id. » (entre 1895 et 1910, F.E. Clements, savant amér. ds Encyclop. brit., s.v. biology t. 3, p. 649c). Fréq. abs. littér. : 4.
A. Suite ascendante ou descendante de termes, en partic. ,,figure de rhétorique par laquelle le discours s'élève ou descend comme par degrés; telle est cette pensée de Cicéron contre Catilina : Nihil agis, nihil moliris, nihil cogitas, quod ego non audiam, non videam, planeque sentiam`` (Gramm. 1789).
Rem. Attesté ds Ac. Compl. 1842, BESCH. 1845, LITTRÉ, Lar. 19e, Lar. 20e, GUÉRIN 1892.
B. Terme d'une progression, point culminant; en partic., en biogéographie, ,,état naturel (d'ailleurs plus ou moins théorique) vers lequel tendent sol, végétation et faune en un point donné`` (PLAIS. 1969); en médecine, ,,stade de la plus grande intensité d'une maladie; orgasme sexuel`` (Méd. Biol. t. 1 1970) :
Le paysage de champs ouverts ne se comprendra (...) que replacé dans un contexte évolutif. Mme Krenzlin n'hésite pas à parler, pour lui, de jeunesse, de maturité, de climax.
A. MEYNIER, Les Paysages agraires, 1958, p. 158.
Rem. Attesté ds Lar. encyclop. et QUILLET Suppl. 1971.
Prononc. : [klimaks]. Étymol. et Hist. 1753 rhét. (Encyclop. t. 3); 1946 biogéographie (Forest.). Empr. au gr. « échelle; p. anal., terme de rhét. : gradation ». Au sens biogéographique, empr. à l'angl. climax « id. » (entre 1895 et 1910, F.E. Clements, savant amér. ds Encyclop. brit., s.v. biology t. 3, p. 649c). Fréq. abs. littér. : 4.
Cela signifie que le mot climax, comme justement l’a dit Anne, est un mot grec, et qu’il a subi en anglais une extension sémantique dans le domaine biogéographique, que le français a pris de l’anglais. Mais cela reste un mot grec, tout comme sponsor reste un mot latin : on distingue les emprunts lexicaux et les emprunts sémantiques.Le TLFi a écrit :Empr. au gr. κλῖμαξ « échelle; p. anal., terme de rhét. : gradation ». Au sens biogéographique, empr. à l’angl. climax « id. ».
![[clin d'oeil] ;)](./images/smilies/icon_wink.gif)
Je suis étonnée que le TLFi ne mentionne l'emploi du mot "climax" qu'en biogéographie et en médecine, et pas en musique. On l'emploie pourtant au moins depuis Schönberg (1874-1951), qui s'en sert dans son Traité d'harmonie pour définir la phrase musicale.
Si ça peut vous rassurer, Angeloï, je m'insurge énergiquement contre ceux de mes collègues qui jugent bon de prononcer "claïmax".
Si ça peut vous rassurer, Angeloï, je m'insurge énergiquement contre ceux de mes collègues qui jugent bon de prononcer "claïmax".
- JR
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- Localisation : Sénart (décédé le 15 mai 2013)
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Quelques grains de sel pour pimenter cette discussion (barbarisme pour cuisinier
)
Scientifiquement parlant, la puissance est une fonction croissante de la fréquence; si vous "mettez un bémol", vous diminuez la fréquence, et donc la puissance (exprimée en watts).
Si je me souviens bien, le "temps fort" d'une musique est celui qu'on marque en frappant énergiquement le sol du talon au cours d'un défilé militaire (que de vieux souvenirs ! ).
Quant au point d'orgue, c'est bien souvent la note finale; l'utilisation journalistique de cette expression est parfois erronnée, mais pas toujours. :D
![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
Scientifiquement parlant, la puissance est une fonction croissante de la fréquence; si vous "mettez un bémol", vous diminuez la fréquence, et donc la puissance (exprimée en watts).
Si je me souviens bien, le "temps fort" d'une musique est celui qu'on marque en frappant énergiquement le sol du talon au cours d'un défilé militaire (que de vieux souvenirs ! ).
![[cool] 8)](./images/smilies/icon_cool.gif)
Quant au point d'orgue, c'est bien souvent la note finale; l'utilisation journalistique de cette expression est parfois erronnée, mais pas toujours. :D
L’ignorance est mère de tous les maux.
François Rabelais
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- Claude
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- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Re: Argot musical
Non ! Mais je reste dans le domaine musical en leur disant : « piano ! », voire « pianissimo ! ».Anne a écrit :Je ne sais pas si vous êtes de ceux qui emploient des expressions comme "mettre un bémol" ou "baisser d'un ton" quand vous demandez à quelqu'un de parler moins fort...
- Claude
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- Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Et c'est là qu'intervient le bécarre magique lorsqu'on veut annuler l'effet du dièse ou du bémol.Anne a écrit : ...- La tonalité d'un morceau, c'est par exemple ré majeur, do# mineur, etc. Elle est définie par sa tonique et son armure (nombre de dièses ou de bémols à la clé, c'est-à-dire valables tout le long du morceau)...
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