Commémoration

[Jacques]

Pourquoi le verbe commémorer (célébrer la mémoire de, je ne vous apprends rien) et les membres de sa famille sont-ils, sauf exception, employés dans un sens qui n'est pas le leur ? Un certain D.P. qui présente les informations sur la chaîne française n° 2 ne manque jamais de dire quon a commémoré l'anniversaire de... Et voilà que je lis ceci sur Internet :
« Pour la première fois, les cérémonies du 11 novembre seront commémorées conjointement au plus haut sommet de l'État par la France et l'Allemagne ». Commémorer des cérémonies, voilà un comble ! Dans le même esprit, j'ai entendu un jour un commentateur (non, pas lui) dire qu'on avait « fêté l'anniversaire de l'accident d'avion survenu l'année précédente, qui avait fait X morts ». Là, la gaffe devenait indécente et eût mérité des sanctions.
Nous avons l'impression que les médias audiovisuels nous offrent une surenchère dans le charabia.

[André79]

Vous faites bien de nous rafraîchir la mémoire car je me demande si le "charabia ambiant" ne m'avait pas gagné peu ou prou.

Je regarde et recopie ce qu'en dit le "Girodet":

"On commémore un évènement on célèbre un souvenir une fête un anniversaire"

[Jacques]

Un bon point pour votre Girodet. Je constate que, comme moi, vous appliquez les régularisations orthographiques de 1990, en ce qui concerne évènement. Je me sens désormais moins seul.

[JR]

Je suis bien d'accord avec vous, ces âneries deviennent d'une telle banalité que, le plus souvent, elles passent inaperçues. Elles montrent que la parole n'a pas été précédée d'une réflexion.
Fidèle à mon esprit de contradiction habituel, je dirai néanmoins qu'il me semble possible de commémorer des cérémonies; par exemple, celles qui ont marqué l'ouverture et la fermeture des jeux olympiques de Pékin, et dont le caractère spectaculaire était exceptionnel.

[Madame de Sévigné]

Merci pour ce rappel du sens de commémorer. Honnêtement, je ne sais pas si j'aurais remarqué la nuance, qui est de taille.
De l'importance de garder un oeil critique sur tout ce qui nous est dispensé sur les ondes.
Les présentateurs, présentatrices sont devenus des gens à qui on donne trop d'importance, qui font la pluie et le beau temps, et qui peuvent orienter le jugement de ceux qui boivent leurs paroles sans discernement.
Je serai donc encore plus vigilante.
Amicalement
Sévigné

[Jacques]

Fidèle à mon esprit de contradiction habituel, je dirai néanmoins qu'il me semble possible de commémorer des cérémonies; par exemple, celles qui ont marqué l'ouverture et la fermeture des jeux olympiques de Pékin, et dont le caractère spectaculaire était exceptionnel.

On peut, c'est vrai, commémorer ultérieurement des cérémonies ; mais on ne commémore pas aujourd'hui celle qui se déroule le jour même.

[Bernard_M]

On peut, c'est vrai, commémorer ultérieurement des cérémonies

Parler de commémorer une cérémonie me paraît chose étrange, surprenante voire ridicule, relevant d'une certaine forme pléonasmique.

On commémore en général le souvenir d'une personne ou d'un événement et je rajouterais d'importance (à tort sans doute, car mon dictionnaire ne fait pas mention de ce caractère).
S'agissant de se rappeler un événement, soit la cérémonie est elle-même déjà commémorative d'un événement passé d'importance et, alors, je me contenterais de commémorer à nouveau cet événement. Soit la cérémonie relève du fait divers, fût-ce les jeux Olympiques de Tataouine, et alors je me contenterais de rappeler ledit fait divers, voire de fêter son anniversaire.

Ainsi dans dix ans je trouverais un peu abusif de commémorer la cérémonie d'ouverture des J.-O. de Pékin, ne voyant pas ce qu'une telle cérémonie a d'extraordinaire. En revanche je ne verrais rien d'anormal à ce que l'on rappelle ladite cérémonie et, pour ma part, si Dieu me prête vie, je continuerais à commémorer l'armistice du 11 novembre 1918, trouvant absurde de commémorer la cérémonie du nième anniversaire de cet armistice !

[Jacques]

Je crois que vous faites bien d'appeler notre attention sur le caractère solennel d'une commémoration, et sur le fait qu'elle s'attache à un évènement important. Bien que l'Académie ne le dise pas explicitement, ses exemples sont caractéristiques :
Commémorer une victoire. Commémorer l'armistice de 1918. La colonne de Juillet, sur la place de la Bastille à Paris, commémore les Trois Glorieuses de juillet 1830.

Mon Petit Robert, acheté il y a peu de temps, dit : « Rappeler par une cérémonie le souvenir de (une personne, un évènement). » On n'organise pas de cérémonie pour une personne obscure ou un fait ordinaire.

[Bernard_M]

Je crois que vous faites bien d'appeler notre attention sur le caractère solennel d'une commémoration, et sur le fait qu'elle s'attache à un évènement important.

Bravo et merci, Jacques !
Voilà exactement ce qu'en d'autres termes je voulais dire.