Obligatoire, obligé.
- Madame de Sévigné
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Obligatoire, obligé.
Y a-t-il une différence, de sens, dans l'emploi de obligatoire ou obligé.
On dit : "-C'est obligatoire !", mais on entend souvent aussi : -"C'est le passge obligé."
J'ai l'impression que obligé a remplacé obligatoire.
Merci d'avance pour vos précisions.
On dit : "-C'est obligatoire !", mais on entend souvent aussi : -"C'est le passge obligé."
J'ai l'impression que obligé a remplacé obligatoire.
Merci d'avance pour vos précisions.
- Jacques-André-Albert
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Obligé, pour une chose, est un abus de langage, qui relève du langage familier. Il n'y a qu'une personne qui puisse être obligée. On dira familièrement : c'est obligé.
Obligatoire est donc le terme correct pour un passage, un sens, etc.
Obligatoire est donc le terme correct pour un passage, un sens, etc.
- Madame de Sévigné
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- Dame Vérone
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- Jacques
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Mais on utilise toujours couramment celle-ci : Je vous serais obligé(e) de bien vouloir... Ou Je vous saurais gré... ou Je vous serais reconnaissant... qui sont trois synonymes.Dame Vérone a écrit :«Je suis votre obligée...», expression qui tombe en désuétude ! Les courriers se terminent éventuellement par des remerciements anticipés on non, et des salutations distinguées le plus souvent. Pourtant, je la trouve très distinguée la formule obligée.
Vous avez toujours la faculté de rompre avec les stéréotypes, et d'utiliser une formule personnelle qui vous semble distinguée. Une bonne occasion de ressusciter celle que vous affectionnez.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
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Je crois qu'il faudrait voir une nuance entre les deux :Madame de Sévigné a écrit :Merci Jacques-André-Albert.
Votre réponse confirme bien le fait que obligé remplace progressivement obligatoire dans le langage courant oral et même écrit, ce que je déplore.
Obligé : Qui est d'usage, dont on ne peut guère se dispenser ; qui a le caractère d'une nécessité. Un compliment obligé. La formule obligée d'une requête, d'une pétition.
(Académie française)
Alors qu'obligatoire a un caractère impératif, qui a valeur d'ordre :
Qui a le caractère d'une obligation, qui s'impose en vertu d'une obligation. Par ext. Qui est exigé par l'usage, les conventions, la bienséance. Tenue de soirée obligatoire. Votre présence à cette cérémonie me paraît obligatoire.
(Académie)
C'est toute la différence entre nécessité et obligation que souligne l'Académie.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- JR
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Pour ma part, je fais la différence :
Quand on arrive à un panneau "stop", il est obligatoire de s'arrêter
Quand on arrive au pied d'un mur, on est obligé de s'arrêter (à moins de conduire un char lourd)
Quand on arrive au bord d'un précipice, il est conseillé de s'arrêter, mais chacun fait ce qu'il veut.
Quand on arrive à un panneau "stop", il est obligatoire de s'arrêter
Quand on arrive au pied d'un mur, on est obligé de s'arrêter (à moins de conduire un char lourd)
Quand on arrive au bord d'un précipice, il est conseillé de s'arrêter, mais chacun fait ce qu'il veut.
L’ignorance est mère de tous les maux.
François Rabelais
François Rabelais
- Madame de Sévigné
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Sauf dans le cas des sonates pour violon et clavecin obligé de Bach, que ça n'aurait pas de sens d'appeler sonates pour violon et clavecin obligatoire.Jacques-André-Albert a écrit :Obligé, pour une chose, est un abus de langage, qui relève du langage familier. Il n'y a qu'une personne qui puisse être obligée.
Je précise qu'"obligé" est employé ici pour différencier ces sonates de celles où le clavecin a un rôle de basse continue.
- Jacques
- Messages : 14475
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Retenez qu'obligatoire exprime la volonté d'une puissance supérieure, d'une autorité, qui a force de loi : un règlement, une mesure décidée et imposée. Dites-vous qu'il est obligatoire de payer ses impôts sous peine de sanctions.Madame de Sévigné a écrit :Merci pour ces nuances. Elles sont intéressantes et demandent à être assimilées. Je vais m'y employer.
Et qu'obligé exprime une nécessité qui n'a pas de caractère péremptoire mais est un sine qua non : le diplôme de médecine générale est le passage obligé vers la spécialisation.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
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Ainsi donc, quand il est nécessaire de passer par un endroit (sens propre) ou une étape (sens figuré), il faudrait dire et écrire : passage obligé. Ça rejoint la formule familière « c'est obligé », dans le sens où on ne peut s'en dispenser.Jacques a écrit :Je crois qu'il faudrait voir une nuance entre les deux :
Obligé : Qui est d'usage, dont on ne peut guère se dispenser ; qui a le caractère d'une nécessité. Un compliment obligé. La formule obligée d'une requête, d'une pétition.
(Académie française)
Alors qu'obligatoire a un caractère impératif, qui a valeur d'ordre :
Qui a le caractère d'une obligation, qui s'impose en vertu d'une obligation. Par ext. Qui est exigé par l'usage, les conventions, la bienséance. Tenue de soirée obligatoire. Votre présence à cette cérémonie me paraît obligatoire.
(Académie)
C'est toute la différence entre nécessité et obligation que souligne l'Académie.
Quand une réglementation impose de passer par un lieu, il faut parler de passage obligatoire.
Je m'étais contenté de consulter le verbe obliger ; l'adjectif obligé apporte une nuance qui n'existe pas dans la définition du verbe.
Il semblerait que le suffixe -oire souligne un caractère formel, contraignant, voire solennel, mais pas uniquement : aléatoire, absolutoire, ambulatoire, attentatoire, blasphématoire, comminatoire, compensatoire, congratulatoire, conservatoire, consistoire, contradictoire, déclamatoire, dédicatoire, dépuratoire, dérogatoire, diffamatoire, dilatoire, dînatoire, directoire, échappatoire, émonctoire, exécutoire, expiatoire, exutoire, giratoire, inflammatoire, interrogatoire, laboratoire, méritoire, moratoire, notoire, obligatoire, observatoire, offertoire, ondulatoire, opératoire, oratoire, oscillatoire, ostentatoire, péremptoire, prémonitoire, préparatoire, prétoire, probatoire, purgatoire, purificatoire, récriminatoire, redhibitoire, réfectoire, répertoire, réquisitoire, respiratoire, révocatoire, rogatoire, rotatoire, subrogatoire, suppositoire (du latin supponere, placer en dessous), territoire, trajectoire, transitoire, vésicatoire, vexatoire, vibratoire, et, le meilleur pour la fin, vomitoire.
(merci à monsieur Léon Warnant pour son dictionnaire de rimes)
- Jacques-André-Albert
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- Jacques-André-Albert
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- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
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Ce qui est aléatoire peut être ressenti comme une contrainte.
Quant à jubilatoire, je le soupçonne d'être issu du vocabulaire religieux, comme offertoire, oratoire, expiatoire, absolutoire, (dé)ambulatoire, blasphématoire, purgatoire, etc. et en tant que tel représentatif d'un système fortement réglementé.
En effet :
Quant à jubilatoire, je le soupçonne d'être issu du vocabulaire religieux, comme offertoire, oratoire, expiatoire, absolutoire, (dé)ambulatoire, blasphématoire, purgatoire, etc. et en tant que tel représentatif d'un système fortement réglementé.
En effet :
le TLFI a écrit :Empr. au lat. jubilare « pousser des cris, crier après », lat. chrét. intrans. « pousser des cris de joie », trans. « chanter dans l'allégresse, faire retentir (un chant de louange, Isaïe 49, 13) ». Jubilare, en lat. chrét., a subi l'infl. sém. de jubilaeus (jubilé*), et a, inversement, influé sur la forme de ce dernier.