Bonjour,
Je voudrais savoir si le verbe acculer est plus apte à suivre un nom ou un infinitif: par exemple, "il est acculé à fuir" ou "il est acculé à la fuite".
Qu'est-ce qui sonne mieux à l'oreille?
Merci.
acculer à
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Pensez à consulter un dictionnaire avant de poser une telle question. Il ne faut pas nous demander de le faire à votre place. Tous les dictionnaires d'usage vous donnent la réponse. Et celui de l'Académie est très clair à ce sujet :
http://atilf.atilf.fr/Dendien/scripts/g ... xt;java=no;
http://atilf.atilf.fr/Dendien/scripts/g ... xt;java=no;
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Sauf votre respect, Jacques, je ne trouve pas que votre lien donne clairement la réponse à la question de smadanco. On lit seulement plusieurs exemples où « acculer à » (ou dans, au fond de, etc.) est suivi d'un substantif, mais l'impossibilité de remplacer le substantif par un verbe à l'infinitif n'est pas mentionnée.
Comme la fuite est le fait de fuir, je ne vois pas pourquoi, dans le cas qui nous occupe, on ne pourrait pas utiliser indifféremment le verbe à l'infinitif ou le substantif.
Comme la fuite est le fait de fuir, je ne vois pas pourquoi, dans le cas qui nous occupe, on ne pourrait pas utiliser indifféremment le verbe à l'infinitif ou le substantif.
- Klausinski
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- Localisation : Aude
Le TLFi (I, B) donne des exemples de la tournure « acculer qqn à faire qqc ». Entre autres : « C'est la mort qui donne son unité à la vie, en ce sens que seule une situation de catastrophe, en m'acculant à choisir entre ma vie et celle de mes amis, a le pouvoir de mettre globalement en question mon existence. »
Comme Anne, je ne vois pas ce qui rendrait cette formulation impossible.
Comme Anne, je ne vois pas ce qui rendrait cette formulation impossible.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Jacques
- Messages : 14475
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Cetrtre crise accule le ministre à la dfémission (et pas à d
La nature même des définitions indique que l'utilisation avec un verbe ne peut être envisagée. Voici ce que dit Littré :
1° Pousser dans un accul. Les chiens avaient acculé le sanglier. Le prince d'Orange se retrancha à la hâte [à l'abbaye de Pure] et se repentit bien de s'y être laissé acculer si promptement, SAINT-SIMON, 11, 126.
2° Fig. Acculer quelqu'un, le mettre dans l'impossibilité de répondre, d'agir.
Maxidico : Pousser un être vivant dans un endroit d'où il ne peut plus sortir.
Hachette : Pousser dans un endroit où il est impossible de reculer. La crise a acculé ce ministre à la démission (et non à démissionner).
Larousse dit la même chose que les autres, et fournit des exemples avec ou sans noms de choses, mais pas avec des verbes.
Voir également :
http://www.cocoledico.com/dictionnaire/ ... 3105.xhtml
1° Pousser dans un accul. Les chiens avaient acculé le sanglier. Le prince d'Orange se retrancha à la hâte [à l'abbaye de Pure] et se repentit bien de s'y être laissé acculer si promptement, SAINT-SIMON, 11, 126.
2° Fig. Acculer quelqu'un, le mettre dans l'impossibilité de répondre, d'agir.
Maxidico : Pousser un être vivant dans un endroit d'où il ne peut plus sortir.
Hachette : Pousser dans un endroit où il est impossible de reculer. La crise a acculé ce ministre à la démission (et non à démissionner).
Larousse dit la même chose que les autres, et fournit des exemples avec ou sans noms de choses, mais pas avec des verbes.
Voir également :
http://www.cocoledico.com/dictionnaire/ ... 3105.xhtml
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Littré est ici complètement dépassé, car l'usage du verbe "acculer" s'est transformé au XXe siècle. Non seulement Littré n'envisage pas la construction avec un verbe, mais il ne l'envisage pas non plus avec "à + nom". Il n'utilise le verbe acculer que de façon absolue.
L'utilisation figurée avec un nom précédé de "à" n'est reconnue que dans le dictionnaire de l'Académie de 1932 : Fig., Acculer quelqu'un à une difficulté, à une impossibilité, et elliptiquement, Acculer quelqu'un. Il est acculé aux expédients. Dans sa dernière édition, l'Académie en a multiplié les exemples, de sorte que c'est même pratiquement la seule construction vivante de acculer. Elle n'a toutefois pas mis d'exemple avec "à + verbe" : doit-on penser qu'elle réprouve cet usage ou n'a simplement pas pensé à l'illustrer ?
De même qu'on peut dire "il l'a poussé au suicide" ou "il l'a poussé à se suicider" (construction pourtant également inconnue de Littré), il me semble que "acculer à" peut aussi légitimement accepter un nom ou un infinitif, comme le note le TLF.
Notre cher Jean Dutourd ne s'est pas privé d'utiliser cette construction :
Secondement, les circonstances l'ayant acculé à choisir entre deux femmes, il choisissait, magnanime, la plus désarmée, la plus chétive, tout en pestant contre son destin qui le mettait malignement dans des situations si embarrassantes [...](Le printemps de la vie, 1972)
[...]sortir de ma dépendance, de ne plus être commandé, c'est-à-dire contraint de faire des choses dont je voyais la bêtise ou l'inutilité, ou encore acculé à jouer l'imbécile pour complaire à des gens plus forts que moi, à cause de leur âge[...] (Henri, ou l'éducation nationale, 1983)
L'utilisation figurée avec un nom précédé de "à" n'est reconnue que dans le dictionnaire de l'Académie de 1932 : Fig., Acculer quelqu'un à une difficulté, à une impossibilité, et elliptiquement, Acculer quelqu'un. Il est acculé aux expédients. Dans sa dernière édition, l'Académie en a multiplié les exemples, de sorte que c'est même pratiquement la seule construction vivante de acculer. Elle n'a toutefois pas mis d'exemple avec "à + verbe" : doit-on penser qu'elle réprouve cet usage ou n'a simplement pas pensé à l'illustrer ?
De même qu'on peut dire "il l'a poussé au suicide" ou "il l'a poussé à se suicider" (construction pourtant également inconnue de Littré), il me semble que "acculer à" peut aussi légitimement accepter un nom ou un infinitif, comme le note le TLF.
Notre cher Jean Dutourd ne s'est pas privé d'utiliser cette construction :
Secondement, les circonstances l'ayant acculé à choisir entre deux femmes, il choisissait, magnanime, la plus désarmée, la plus chétive, tout en pestant contre son destin qui le mettait malignement dans des situations si embarrassantes [...](Le printemps de la vie, 1972)
[...]sortir de ma dépendance, de ne plus être commandé, c'est-à-dire contraint de faire des choses dont je voyais la bêtise ou l'inutilité, ou encore acculé à jouer l'imbécile pour complaire à des gens plus forts que moi, à cause de leur âge[...] (Henri, ou l'éducation nationale, 1983)