Combinaisons de pronoms
Combinaisons de pronoms
C’est à chaque fois la même chose : mes élèves, chaque année, sont quasiment choqués par des séquences telles que « Emmène-l’y » (pour « Emmène ta sœur au cinéma »), « Il la lui a remise » (pour « Il a remis sa copie au professeur »), « Elle l’en a retiré » (pour « Elle a retiré l’argent du bancomat »), « Nous y en avons vu » (pour « Nous avons vu des serpents à cet endroit »), etc.
En particulier, les fautes courantes dont mes élèves sont imprégnés sont : « Emmène-la-z-y » et « Il lui l’a remise ». J’aimerais vous demander si ces usages populaires sont présents et courants en France aussi.
En particulier, les fautes courantes dont mes élèves sont imprégnés sont : « Emmène-la-z-y » et « Il lui l’a remise ». J’aimerais vous demander si ces usages populaires sont présents et courants en France aussi.
- Perkele
- Messages : 12920
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Oui, j'observe la même chose. Les formules correctes leur paraissent tarabiscotées et fautives. Ils sont souvent dérangés par les Y qui leurs semblent populaires.
Cependant je n'ai jamais entendu votre deuxième exemple de tournure fautive.
Cependant je n'ai jamais entendu votre deuxième exemple de tournure fautive.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Oui Marco, vous le savez, issu d'une de ces familles que les euphémismes actuels qualifient de « défavorisées », j'ai grandi dans un quartier populaire de Paris où l'on parlait un français gavroche, et je fus nourri de ces formes : donne-lui z'y, parle moi z'en, mets-z'y sur la table (pour mets-le ou mets cela), il m'a demandé le livre et je lui ai donné. Les formes académiques étaient ignorées du bas peuple que nous étions. Il semble, d'après ce que vous rapportez, que de nos jours même les enfants des classes moyennes de la société soient atteints, ce qui laisse craindre pour l'avenir de la langue.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- TSOS
- Messages : 519
- Inscription : ven. 04 févr. 2011, 13:22
- Localisation : Duché de Bretagne / Nordrhein Westfalen /S'la,sk
Concernant la seconde tournure fautive, ce qui pose problème, c'est la syntaxe, n'est-ce pas? Et pour tous ces "z", ce sont des liaisons fictives inexistantes et ajoutées, si j'ai bien compris?
Parmi les jeunes Français que je fréquente, je vous rassure, seule une partie, à ce que j'ai constaté, utilise un tel langage, et -dans ce cas- ils sont conscient de leur erreur, et ne la produisent que pour se "donner un style" décadent ou que sais-je...
J'ai posé la question auxdits individus.![[clin d'oeil] :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
Parmi les jeunes Français que je fréquente, je vous rassure, seule une partie, à ce que j'ai constaté, utilise un tel langage, et -dans ce cas- ils sont conscient de leur erreur, et ne la produisent que pour se "donner un style" décadent ou que sais-je...
J'ai posé la question auxdits individus.
![[clin d'oeil] :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
Re: Combinaisons de pronoms
Reconnaissons que, parmi ces séquences, toutes ne sont pas également courantes. La deuxième et la troisième sont naturelles, la quatrième me semble déjà un peu plus raffinée, et la première ne me paraît pas vraiment utilisée en pratique, tellement elle semble étrange et incompréhensible à la majorité des francophones.Marco a écrit :C’est à chaque fois la même chose : mes élèves, chaque année, sont quasiment choqués par des séquences telles que « Emmène-l’y » (pour « Emmène ta sœur au cinéma »), « Il la lui a remise » (pour « Il a remis sa copie au professeur »), « Elle l’en a retiré » (pour « Elle a retiré l’argent du bancomat »), « Nous y en avons vu » (pour « Nous avons vu des serpents à cet endroit »), etc.
La première me paraît assez probable, et résulte de l'étrangeté signalée de la forme correcte. Elle permute d'ailleurs avec "emmènes-y la".En particulier, les fautes courantes dont mes élèves sont imprégnés sont : « Emmène-la-z-y » et « Il lui l’a remise ». J’aimerais vous demander si ces usages populaires sont présents et courants en France aussi.
Je n'ai jamais prêté attention à la seconde, que je trouve moins excusable, mais je la trouve aussi attestée.
Merci pour vos réponses. Il semblerait qu’à l’impératif ces combinaisons soient moins (ou point ?) usitées. Je crois que Je l’y emmène ne choque personne, alors que nous sommes moins habitués à Emmène-l’y.
De même, Nous leur en donnons ~ Donnez-leur-en ; Je lui en donne ~ Donne-lui-en (???). Ne dit-on pas couramment Donnes-en-lui ? Pourtant, la « règle » veut que ‘en’ et ‘y’ se placent toujours après les autres pronoms… Qu’en pensez-vous ?
De même, Nous leur en donnons ~ Donnez-leur-en ; Je lui en donne ~ Donne-lui-en (???). Ne dit-on pas couramment Donnes-en-lui ? Pourtant, la « règle » veut que ‘en’ et ‘y’ se placent toujours après les autres pronoms… Qu’en pensez-vous ?
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Selon mes observations, emmène-l'y ne s'entend que très rarement. On emploie des formes autres : emmène-le, emmène-le là-bas. Je ne me rappelle pas avoir entendu donne ou donnez-lui-en, qu'on remplace par tu peux, vous pouvez lui en donner ou autre formule, du moins dans la langue courante. Donne-le-lui, donne-le-moi sont plus volontiers employés.
Ces formes correctes sont esquivées comme si elles étaient choquantes ou maniérées et remplacées par d'autres plus banales.
Ces formes correctes sont esquivées comme si elles étaient choquantes ou maniérées et remplacées par d'autres plus banales.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4646
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je pense que l'idée de Marco est de savoir ce qui est le plus répandu dans le public. Je suis comme vous, j'ai toujours veillé à pratiquer un français soigné, et mes enfants ont été élevés dans cette habitude. Mais n'habiteriez-vous pas, en outre, dans une région où la langue est réputée être de bonne facture ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Pour avoir passé mon enfance dans un village de la région angevine, je peux vous assurer que cette réputation est usurpée.Jacques a écrit :Je pense que l'idée de Marco est de savoir ce qui est le plus répandu dans le public. Je suis comme vous, j'ai toujours veillé à pratiquer un français soigné, et mes enfants ont été élevés dans cette habitude. Mais n'habiteriez-vous pas, en outre, dans une région où la langue est réputée être de bonne facture ?
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4646
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Je confirme, le français populaire est plein de fautes, comme ailleurs. C'est en Touraine que la langue est réputée de bonne facture, pour reprendre votre expression, Jacques. Mais je crois que c'est un mythe qui est né autour des poètes de la Pléiade, à l'époque où les rois avaient leur résidence secondaire dans la vallée de la Loire.
Voici d'ailleurs une page qui en parle assez bien. Il y est rapporté un dialogue entre Pantagruel et Panurge :
«- Dea, mon amy, dist Pantagruel, ne sçavez-vous parler François ? - Si faictz très bien, seigneur, respondit le compaignon ; Dieu mercy. C'est ma langue naturelle et maternelle, car je suis né et ay esté nourry jeune au jardin de France, c'est Touraine.» (Pantagruel, IX).
Mais n'oubliez pas que Rabelais était tourangeau.
Voici d'ailleurs une page qui en parle assez bien. Il y est rapporté un dialogue entre Pantagruel et Panurge :
«- Dea, mon amy, dist Pantagruel, ne sçavez-vous parler François ? - Si faictz très bien, seigneur, respondit le compaignon ; Dieu mercy. C'est ma langue naturelle et maternelle, car je suis né et ay esté nourry jeune au jardin de France, c'est Touraine.» (Pantagruel, IX).
Mais n'oubliez pas que Rabelais était tourangeau.