Temps à utiliser après si et même si

[Jacques-André-Albert]

J'entends fréquemment des journalistes (encore eux) employer le futur après si ou même si. Ça me révulse. Il me semble que ne sont admis dans une proposition conditionnelle que les temps présent et passés de l'indicatif, le futur n'intervenant que dans la principale, non ?

[Jacques]

J'ai toujours raisonné comme vous, mais depuis quelque temps je suis embarrassé ; peut-on dire, par exemple : « Je me méfie de lui, même s'il nous donnera un jour des preuves de sa bonne foi » ? J'aurais tendance à penser que peut-être oui, mais je n'ai pas d'argument grammatical.
Évidemment, on peut sans risque dire même s'il nous donne un jour...

[Jacques-André-Albert]

Je pense que la forme avec le futur est un raccourci pour : « Je me méfie de lui, même si je sais qu'il nous donnera un jour des preuves de sa bonne foi ».
Je suis certain que si et même si ne sont suivis que du présent et des temps passés de l'indicatif.
Ma grammaire de l'Académie ne le précise pas, mais les exemples qu'elle donne des propositions conditionnelles avec si n'utilisent que le présent et l'imparfait. Même si n'est qu'un renforcement de si.

[Perkele]

Ne dites-vous jamais :"Je ne sais pas s'il faudra..." ?

[TSOS]

Ce n'est pas le même si, si?
J'avais posé une question sur ce sujet, il y a peu, je crois, non?

[Perkele]

Pardon, pardon, pardon, mille pardons !
J'ai encore mal lu !

[Manni-Gédéon]

Instinctivement, j'aurais dit que l'utilisation du futur après si n'est pas correcte. Mais j'ai trouvé ceci dans le Bon usage :

N.B. - I. Il faut noter, à propos des cas qui viennent d'être signalés, qu'on a parfois après si un futur ou un conditionnel, mais qui ne sont pas dans sa dépendance directe : la supposition porte sur un verbe sous-jacent (s'il est vrai que, si on admet que, si on estime que, si on considère que, si on met en fait que, etc.) :
a) Cela vous fera-t-il, cela ne vous fera-t-il pas plaisir ? Si cela vous FERA plaisir, remettons la paysanne en croupe derrière son conducteur (DIDEROT, Jacques le Fataliste, éd. Pléiade, p. 508). - Qui donc attendons-nous s'ils ne REVIENDRONT pas ? (HUGO, Cont., VI, 8 ). - Si elle [la science] LAISSERA toujours sans doute un domaine de plus en plus rétréci au mystère, et si une hypothèse POURRA toujours essayer d'en donner l'explication, il n'en est pas moins vrai qu'elle ruine, qu'elle ruinera à chaque heure davantage les anciennes hypothèses (ZOLA, Rome, p. 737, cit. Sandfeld). - Pardon (...) si je ne puis t'aimer, si je ne t'AIMERAI jamais ! (R. ROLLAND, Jean-Chr., t.III, p. 15). - S'il FAUDRA le chevalier de Méré pour affiner Pascal, leurs paroles [des magistrats de l'ancienne France], à l'occasion, s'élèvent tout aisément à la grandeur (M. BARRÈS, les Maîtres, p. 75). - S'il [Maupassant] ne la DÉPASSERA pas [la nouvelle «Boule de suif»], c'est qu'on ne dépasse pas la perfection (A. THIBAUDET, Hist. de la Litt. fr., p. 376) - Fais ce que tu veux si tu POURRAS le supporter indéfiniment (P. VALÉRY, Tel quel, I, Cahier B 1910, Pléiade, t. II, p. 575).

Au début, c'est surprenant, mais on s'y fait...
Comme j'ai copié manuellement les citations du Bon usage, j'espère ne pas y avoir laissé de fautes.

[Jacques-André-Albert]

Oui, et c'est exactement ce que j'écrivais

Je pense que la forme avec le futur est un raccourci pour : « Je me méfie de lui, même si je sais qu'il nous donnera un jour des preuves de sa bonne foi ».