"en" ou "sur" ?
"en" ou "sur" ?
Bonjour ,
Dit-on :
Une cliente la fixa, yeux écarquillés d'incompréhension et lèvres arrondies en un "oh" incrédule".
ou :
Une cliente la fixa, yeux écarquillés d'incompréhension et lèvres arrondies sur un "oh" incrédule".
?
Dit-on :
Une cliente la fixa, yeux écarquillés d'incompréhension et lèvres arrondies en un "oh" incrédule".
ou :
Une cliente la fixa, yeux écarquillés d'incompréhension et lèvres arrondies sur un "oh" incrédule".
?
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Pour moi, en est la seule option valable. Mais j'appelle votre attention sur autre chose : une cliente la fixa, yeux écarquillés. Le heurt du A et de la diphtongue de yeux crée un choc déplaisant. Il vaudrait mieux écrire les yeux écarquillés. Enfin, fixer quelqu'un est un tour critiqué : fixer c'est assujettir, installer de façon permanente. Pour la fixité du regard, on doit dire « la regarda fixement ». Dernière chose : oh ! est une interjection, et doit être suivi d'un point d'exclamation.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Manni-Gédéon
- Messages : 1217
- Inscription : lun. 12 avr. 2010, 14:35
- Localisation : Genève (CH)
J'aurais fait les mêmes corrections que Jacques, sauf peut-être pour le verbe fixer dans le sens de regarder fixement.
Je dois avouer qu'il m'arrive de l'utiliser pour éviter une répétition trop fréquente des mots regard et regarder. La suppression des répétitions dans un texte peut être une tâche ardue, qui conduit parfois à utiliser des mots dans des acceptions contestées.
Je dois avouer qu'il m'arrive de l'utiliser pour éviter une répétition trop fréquente des mots regard et regarder. La suppression des répétitions dans un texte peut être une tâche ardue, qui conduit parfois à utiliser des mots dans des acceptions contestées.
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
Gandhi, La Jeune Inde
Je vois deux nuances différentes selon le choix de la préposition:
- 1) Une cliente la fixa, yeux écarquillés d'incompréhension et lèvres arrondies en un "oh" incrédule"
On insiste ainsi sur la forme que prennent les lèvres pour prononcer cette interjection qui marque l'incrédulité. Et la phrase n'exprime rien de plus.
-2) Une cliente la fixa, yeux écarquillés d'incompréhension et lèvres arrondies sur un "oh" incrédule"
Je sens ici un arrêt du mouvement des lèvres, de ce que la personne aurait pu dire. A mes yeux, la préposition sur complète la fixité du regard, l'écarquillement des yeux qui ne peuvent s'ouvrir plus et l'arrêt de l'expression orale qui reste ou en reste là, sur cette forme arrondie marquant le " oh!".
On a ainsi l'image d'une personne que la stupéfaction a figée, immobilisée en cette expression. Autrement dit, cette solution est pour moi bien plus suggestive que la première et correspond mieux au contexte.
- 1) Une cliente la fixa, yeux écarquillés d'incompréhension et lèvres arrondies en un "oh" incrédule"
On insiste ainsi sur la forme que prennent les lèvres pour prononcer cette interjection qui marque l'incrédulité. Et la phrase n'exprime rien de plus.
-2) Une cliente la fixa, yeux écarquillés d'incompréhension et lèvres arrondies sur un "oh" incrédule"
Je sens ici un arrêt du mouvement des lèvres, de ce que la personne aurait pu dire. A mes yeux, la préposition sur complète la fixité du regard, l'écarquillement des yeux qui ne peuvent s'ouvrir plus et l'arrêt de l'expression orale qui reste ou en reste là, sur cette forme arrondie marquant le " oh!".
On a ainsi l'image d'une personne que la stupéfaction a figée, immobilisée en cette expression. Autrement dit, cette solution est pour moi bien plus suggestive que la première et correspond mieux au contexte.
Merci pour vos réponses, que j'ai relues plusieurs fois. Ce que j'aime dans ce forum, c'est que quelle que soit la problématique posée, on pousse l'analyse très loin.
Je crois que je vais retenir l'idée de Codrila, puisque , en effet, mon idée était de décrire une position figée.
Quant au "regarda fixement", permettez moi, Jacques, de ne pas partager votre avis. En écriture, il faut essayer d'utiliser le moins possible des verbes neutres ou ternes, et d'éviter les adverbes, surtout quand un verbe à connotation forte peut remplacer un verbe neutre + un adverbe. L'utilisation de "fixa" est donc voulue. De plus, comme le souligne manni-gedeon, cela permet d'éviter le piège des répétitions.
Et pardon pour le point d'exclamation oublié : il a dû s'envoler au fil de l'écriture de mon message !!
Je crois que je vais retenir l'idée de Codrila, puisque , en effet, mon idée était de décrire une position figée.
Quant au "regarda fixement", permettez moi, Jacques, de ne pas partager votre avis. En écriture, il faut essayer d'utiliser le moins possible des verbes neutres ou ternes, et d'éviter les adverbes, surtout quand un verbe à connotation forte peut remplacer un verbe neutre + un adverbe. L'utilisation de "fixa" est donc voulue. De plus, comme le souligne manni-gedeon, cela permet d'éviter le piège des répétitions.
Et pardon pour le point d'exclamation oublié : il a dû s'envoler au fil de l'écriture de mon message !!
- Perkele
- Messages : 12919
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
L'ennui c'est que fixer signifie enduire quelque chose de colle (au propre ou au figuré
) pour qu'il ne bouge plus.
Ce n'est pas une question de goût, mais de sémantique.
En dehors de "regarder fixement', vous avez scruter... mais, oui, bon, d'accord ce n'est pas vraiment la même chose.
- visser son regard ? son oeil ? son iris ?
![[clin d'oeil] :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
Ce n'est pas une question de goût, mais de sémantique.
En dehors de "regarder fixement', vous avez scruter... mais, oui, bon, d'accord ce n'est pas vraiment la même chose.
- visser son regard ? son oeil ? son iris ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Ce n'est pas mon avis, mais celui des spécialistes. L'Académie ne reconnaît pas cet usage, Bordas non plus. Le Dictionnaire historique de la langue française est clair à ce sujet. Perkele vous donne une bonne raison de le refuser, et l'étymologie ne laisse pas de doute à ce sujet. Le glissement de sens est contraire à la logique sémantique, pour reprendre le terme de Perkele.Joëlle a écrit : Quant au "regarda fixement", permettez moi, Jacques, de ne pas partager votre avis.
Dernière modification par Jacques le sam. 24 sept. 2011, 12:40, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Perkele, les termes ne sont pas obligatoirement à prendre toujours au sens propre
Le Tlfi prend en compte le verbe fixer , exactement dans le contexte sémantique correspondant à la phrase de Joëlle. Voici:
Et si un lecteur débutant imaginait l'espace d'un millième de seconde qu'on aurait fixé, attaché , immobilisé la personne, son regard,l'instant d'après, aurait déjà atteint l'expression suivante, l'apposition " yeux écarquillés d'incompréhension" qui suffirait à lui faire comprendre de quoi il retourne. En principe, l'association et la corrélation sont des processus quasi instantanés dans le processus de lecture.
Je signale que le Robert , lui aussi, signale cet usage, venu par extension de sens:
Rappelons que Mauriac était membre de l'Académie Française! .
Joëlle n'aura donc pas à rougir d'oser imiter un Immortel![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
Le Tlfi prend en compte le verbe fixer , exactement dans le contexte sémantique correspondant à la phrase de Joëlle. Voici:
) Domaine de la vue
Fixer le regard, les yeux sur qqn/qqc. Les y arrêter un certain temps et avec une certaine insistance. Le grand esquif, sur lequel nous ne cessions pas de fixer les yeux (PROUST, Prisonn., 1922, p. 106). Il tenait la tête levée et fixait sur Antoine son regard que le trouble durcissait (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 676).
P. ell. Fixer qqn/qqc. et fixer qqn/qqc. du regard, d'un œil + adj. qualificatif, des yeux. Regarder fixement. Alors elle le fixa dans les yeux et lui dit :... (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, En fam., 1881, p. 363). Il (...) fixa impertinement les femmes, répondit aux hommes par-dessus l'épaule (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 29).
Et si un lecteur débutant imaginait l'espace d'un millième de seconde qu'on aurait fixé, attaché , immobilisé la personne, son regard,l'instant d'après, aurait déjà atteint l'expression suivante, l'apposition " yeux écarquillés d'incompréhension" qui suffirait à lui faire comprendre de quoi il retourne. En principe, l'association et la corrélation sont des processus quasi instantanés dans le processus de lecture.
Je signale que le Robert , lui aussi, signale cet usage, venu par extension de sens:
3: fixer les yeux, la vue, le regard sur quelqu'un.
Et par extension: fixer quelqu'un, quelque chose: " Thérèse sourit , puis le fixa d'un air grave " ( Mauriac) .
Rappelons que Mauriac était membre de l'Académie Française! .
Joëlle n'aura donc pas à rougir d'oser imiter un Immortel
![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
Dernière modification par codrila le sam. 24 sept. 2011, 12:47, modifié 1 fois.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Si vous cherchez à justifier une dérive sémantique, vous trouverez toujours quelque part des citations qui vous encouragent et vous permettent de justifier votre mauvaise décision. Vous nous donnez en référence le TLFi, moi je vous oppose l'Académie française, et entre les deux mon choix va à cette dernière.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Navrée, Jacques, j'ai posté avant de voir votre message et ma réponse se trouve justement dans le post précédant le vôtre. Je me réfère au Robert et à Mauriac, membre de l'Académie Française.
Pour le reste, heureusement, un écrivain dispose quoi qu'il en soit d'une certaine licence, faute de quoi, ce serait la mort de la littérature. Ceci n'engageant, comme toujours, que moi![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
Pour le reste, heureusement, un écrivain dispose quoi qu'il en soit d'une certaine licence, faute de quoi, ce serait la mort de la littérature. Ceci n'engageant, comme toujours, que moi
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- Perkele
- Messages : 12919
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
J'ai parlé de propre ou de figuré mais, dans votre exemple, c'est le regard qui se fixe sur la personne, ce qui est parfaitement compatible avec l'acception du verbe.codrila a écrit :Perkele, les termes ne sont pas obligatoirement à prendre toujours au sens propre![]()
Comme je le disais plus haut, on fixe son regard ou on fixe ses yeux sur quelqu'un, mais on ne fixe pas cette personne quand on la regarde avec insistance.
Cela dit, un auteur fait ce que bon lui semble.
Quant a être élu à l'Académie, ce n'est pas une référence, la preuve, je n'y suis pas.

Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Donc selon vous, les écrivains ont le droit de prendre des libertés avec le vocabulaire ou la grammaire, alors que le commun des mortels n'y est pas autorisé. Tiens, cela me rappelle la fable de La Fontaine :codrila a écrit : heureusement, un écrivain dispose quoi qu'il en soit d'une certaine licence, faute de quoi, ce serait la mort de la littérature. Ceci n'engageant, comme toujours, que moi
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
![[rigole] :lol:](./images/smilies/icon_lol.gif)
Allez, depuis le temps que je publie (dans les trente-cinq ans), j'ai mérité le titre d'écrivain, et alors je ferai ce que je voudrai : au diable les règles, et vive la liberté d'expression :D
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
C'est possible, TSOS, mais ce n'est pas la signification de ce verbe dans cette acception. Vous pourriez le remplacer par: regarder quelqu'un fixement, fixer votre regard sur lui.
Autrement dit, ce sont vos yeux qui se fixent, s'attachent, ne bougent plus.
Quant à la personne ainsi regardée, elle peut, selon son tempérament, être tétanisée, baisser les yeux, vous rendre la pareille, tourner les talons et prendre la poudre d'escampette. Tout est possible :D
@ Jacques: je vous reconnais avec plaisir le titre d'écrivain si vous publiez :D
Ensuite, pourquoi un Académicien comme Mauriac s'autorise-t-il ce que certains considèrent comme une dérive sémantique?
Si l'Académie est la référence, plusieurs solutions envisageables:
- a) Mauriac avait raison puisqu'il était Académicien donc garant de la correction et de la défense de la langue française.
- b) Les Académiciens sont faillibles comme les autres et donc ne sont plus à prendre automatiquement comme référence indiscutable.
-c) Il existe un paradoxe puisqu'un Académicien s'il est écrivain se trouve dans l'impossibilité de suivre toutes les directives de l'institution qu'il représente.
- d) Un écrivain, même Académicien, peut se permettre une certaine licence , la littérature étant un art, ne peut être contrainte à toutes règles puisque, par définition, l'Art est créateur.
- e) Je laisse le soin aux autres forumeurs de proposer d'autres réponses possibles. Il y en a certainement mais je suis au bout de mes réflexions :D
Une seule chose est certaine: la question se pose!![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)
Autrement dit, ce sont vos yeux qui se fixent, s'attachent, ne bougent plus.
Quant à la personne ainsi regardée, elle peut, selon son tempérament, être tétanisée, baisser les yeux, vous rendre la pareille, tourner les talons et prendre la poudre d'escampette. Tout est possible :D
@ Jacques: je vous reconnais avec plaisir le titre d'écrivain si vous publiez :D
Ensuite, pourquoi un Académicien comme Mauriac s'autorise-t-il ce que certains considèrent comme une dérive sémantique?
Si l'Académie est la référence, plusieurs solutions envisageables:
- a) Mauriac avait raison puisqu'il était Académicien donc garant de la correction et de la défense de la langue française.
- b) Les Académiciens sont faillibles comme les autres et donc ne sont plus à prendre automatiquement comme référence indiscutable.
-c) Il existe un paradoxe puisqu'un Académicien s'il est écrivain se trouve dans l'impossibilité de suivre toutes les directives de l'institution qu'il représente.
- d) Un écrivain, même Académicien, peut se permettre une certaine licence , la littérature étant un art, ne peut être contrainte à toutes règles puisque, par définition, l'Art est créateur.
- e) Je laisse le soin aux autres forumeurs de proposer d'autres réponses possibles. Il y en a certainement mais je suis au bout de mes réflexions :D
Une seule chose est certaine: la question se pose!
![[sourire] :)](./images/smilies/icon_smile.gif)