chagrin et peine

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pixielott
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chagrin et peine

Message par pixielott »

J'aimerais savoir la nuance entre chagrin et peine. On m'a dit qu'ils étaient synonymes mais j'ai vu dans un bouquin " je comprends ta peine et ton chagrin", donc il y a forcement une nuance.

Et selon le dictionnaire ça me dit:
Chagrin : Peine, souffrance morale, vive tristesse.
Peine : Souffrance du corps ou de l’esprit.
Pour moi, ils sont synonyme aussi, mais quelle est la nuance?
merci.
Dernière modification par pixielott le lun. 26 sept. 2011, 21:31, modifié 1 fois.
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TSOS
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Message par TSOS »

Selon vos définitions, le chagrin est une sous-catégorie exclusivement morale (et non plus physique) de peine. Et la peine n'est donc, quand à elle, pas une sous-catégorie de chagrin.
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Jacques
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Message par Jacques »

Vous pouvez considérer que la peine est une souffrance, et le chagrin une grande tristesse. Je dis cela sans avoir consulté mes dictionnaires, mais je pense que l'idée générale ainsi présentée vous apporte la notion principale.
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Perkele
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Message par Perkele »

Il me semble qu'on a un chagrin d'amour, un chagrin pour avoir perdu quelqu'un, un chagrin pour être éloigné de son pays, un chagrin pour une occasion précise... La peine, quant à elle est une punition infligée à notre âme quand on à un vague sentiment d'insatisfaction à des occasions moins bien définies.

Bon, ce n'est que la définition sémantique que j'ai retenue de la lecture de publications psy sur les émotions...
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Desiderius

Message par Desiderius »

Le chagrin d'amour et la peine de cœur sont assez proches mais le second paraît plus vague que le premier.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je crois quand même que, dans la phrase citée, je comprends ta peine et ton chagrin, il y a une tautologie, un renforcement de la pensée par insistance. Un seul des deux suffirait pour exprimer le sentiment de la personne qui dit cela.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Perkele
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Message par Perkele »

Un peu comme dans :
"Pense à ta peine, pense à mon chagrin,
Si tu étais reine et moi baladin..."
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Perkele a écrit :Un peu comme dans :
"Pense à ta peine, pense à mon chagrin,
Si tu étais reine et moi baladin..."
Non, il ne peut pas y avoir de tautologie, parce qu'on applique les deux mots à deux personnes différentes. La tautologie, si elle existe bien dans la phrase de Pixielott, résulte de la cohabitation de deux mots de valeur similaire pour une seule situation ou une seule personne. Comme lorsqu'on dit « c'est la vérité pleine et entière », « c'est sûr et certain »...
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Manni-Gédéon
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Message par Manni-Gédéon »

Pixielott, je ressors en votre honneur mon vieux dictionnaire des synonymes de Larousse, édité en 1947.
peine désigne le sentiment que l'on éprouve devant quelque chose de très facheux, d'infiniment désagréable à l'esprit et à l'âme, et qui fait obstacle au bonheur.
À la suite de cette définition, il explique les nuances avec mal, douleur, crève-cœur, souffrance, amertume, tourment, affliction, désolation, tribulation, et même croix.
Il y a une autre entrée pour chagrin :
chagrin se dit d'une souffrance de l'âme causée par une contrariété, un désappointement, une perte, et implique toujours une cause précise : Dû aux tracasseries et aux amertumes de la vie, le chagrin affecte l'humeur, mine et ronge, mais, si profond qu'il soit, peut toujours se cacher.
Les synonymes qui suivent (avec l'explication des nuances) sont : tristesse, mélancolie, spleen (emprunté de l'anglais) et cafard (terme d'argot).

Il y en a parmi nous qui ont un instinct très sûr.
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
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Manni-Gédéon
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Message par Manni-Gédéon »

Jacques a écrit :Je crois quand même que, dans la phrase citée, je comprends ta peine et ton chagrin, il y a une tautologie, un renforcement de la pensée par insistance. Un seul des deux suffirait pour exprimer le sentiment de la personne qui dit cela.
Toute réflexion faite, j'y vois plutôt un renforcement de la pensée qu'une répétition. Si l'auteur de la phrase insiste en utilisant ces deux mots, c'est probablement parce que chacun des deux lui semble incomplet.
Dans certaines circonstances, par exemple un deuil, on peut ressentir à la fois de la peine et du chagrin, une tristesse tellement intense qu'elle devient souffrance.
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Jacques
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Message par Jacques »

manni-gedeon a écrit :
Jacques a écrit :Je crois quand même que, dans la phrase citée, je comprends ta peine et ton chagrin, il y a une tautologie, un renforcement de la pensée par insistance. Un seul des deux suffirait pour exprimer le sentiment de la personne qui dit cela.
Toute réflexion faite, j'y vois plutôt un renforcement de la pensée qu'une répétition.
J'ai parlé d'insistance et non de répétition. La répétition consiste à utiliser plusieurs fois le même mot, comme dans Drôle de drame, ce dialogue entre Michel Simon et Louis Jouvet :
– Oui, vous regardez votre couteau et vous dites bizarre, bizarre. Alors je croyais que ...
– Moi, j'ai dit bizarre, bizarre, comme c'est étrange ! Pourquoi aurais je dit bizarre, bizarre ?
– Je vous assure mon cher cousin, que vous avez dit bizarre, bizarre.
– Moi, j'ai dit bizarre, comme c'est bizarre !

Je pense qu'il y a méprise, car vous reprenez d'ailleurs l'expression « renforcement de la pensée » que j'avais utilisée.
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Manni-Gédéon
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Message par Manni-Gédéon »

Ce n'est pas une méprise, mais une tentative, peut-être maladroite, de développer le sujet.
Dans la phrase je comprends ta peine et ton chagrin, je perçois deux idées complémentaires. Aucun de ces deux termes ne me paraît suffisant pour exprimer ce sentiment. Je n'aurais peut-être pas dû parler de renforcement de la pensée car c'est plutôt un élargissement de la pensée.
Dans l'expression sûr et certain, je vois une répétition de la même idée en deux mots. Un seul de ces deux termes serait suffisant, éventuellement accompagné d'un adverbe (ou d'une locution adverbiale) pour le renforcer, comme vraiment sûr, tout à fait sûr, etc.
Selon ma conception des choses, ta peine et ton chagrin n'entre pas dans la définition de la taulologie que donne le dictionnaire de l'Académie, alors que sûr et certain en est un parfait exemple.
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Jacques
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Message par Jacques »

L'Académie n'en est pas encore à ce mot tautologie, c'est donc dans la huitièle édition qu'on trouve cette définition un peu simplette :
Répétition inutile d'une même idée en différents termes. Cet argument n'est qu'une tautologie.
Depuis 1935, le concept a évolué, et la tautologie est acceptée comme un pléonasme non vicieux. Les spécialistes ne la voient plus comme une faute, mais comme une figure de rhétorique destinée à renforcer l'expression de la pensée.
Voici ce que j'avais répondu à une question sur le sujet :
Elle se présente sous diverses formes :
– Juxtaposition de deux termes de même sens : En bonne et due forme ; seul et unique ; sûr et certain ; clair et net ; selon les us et coutumes ; en voir des vertes et des pas mûres...
– Insistance sur le pronom personnel : C'est sa maison à elle ; leur dire cela, à eux ! Je m'en occuperai moi-même…
– Elle peut aussi énoncer une évidence du genre lapalissade : Une promesse est une promesse ; ce qui est dit est dit ; je l'ai entendu de mes propres oreilles ; je l'ai vu, de mes yeux vu !
– Par manière de plaisanterie, elle revêt parfois la forme d'un truisme : C'est mon avis et je le partage ; je suis d'accord avec moi-même…
E. Rostand ne l'a pas dédaignée dans Cyrano de Bergerac :
Je me les sers moi-même avec assez de verve
Et je ne permets pas qu'un autre me les serve.

Le dictionnaire des synonymes donne à chagrin : douleur, peine, tristesse.
Si deux synonymes sont juxtaposés, c'est une façon d'exprimer la même chose de deux façons différentes, et c'est une tautologie. L'ennui est qu'il y a toujours bataille de nos jours entre ceux qui la définissent comme une faute et les autres, comme Grevisse, qui y voient une figure de style non fautive.
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Message par pixielott »

manni-gedeon a écrit :Ce n'est pas une méprise, mais une tentative, peut-être maladroite, de développer le sujet.
Dans la phrase je comprends ta peine et ton chagrin, je perçois deux idées complémentaires. Aucun de ces deux termes ne me paraît suffisant pour exprimer ce sentiment. Je n'aurais peut-être pas dû parler de renforcement de la pensée car c'est plutôt un élargissement de la pensée.
Dans l'expression sûr et certain, je vois une répétition de la même idée en deux mots. Un seul de ces deux termes serait suffisant, éventuellement accompagné d'un adverbe (ou d'une locution adverbiale) pour le renforcer, comme vraiment sûr, tout à fait sûr, etc.
Selon ma conception des choses, ta peine et ton chagrin n'entre pas dans la définition de la taulologie que donne le dictionnaire de l'Académie, alors que sûr et certain en est un parfait exemple.
Manni-gedeon, pouvez-vous dévelloper un peu plus quand vous dites "élargissement de pensée" ?
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Manni-Gédéon
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Message par Manni-Gédéon »

pixielott a écrit : Manni-gedeon, pouvez-vous développer un peu plus quand vous dites "élargissement de la pensée" ?
C'est ce que j'ai fait dans mes deux dernières interventions.
Résumons : à mes yeux, dans la phrase je comprends ta peine et ton chagrin, il y a deux idées qui se complètent plutôt qu'une idée exprimée par deux mots différents.
Cette phrase m'évoque des cas où l'on éprouve à la fois du chagrin, un sentiment de grande tristesse, et de la peine, une souffrance qui peut être tellement intense qu'elle se ressent parfois physiquement.
À mon humble avis, si on disait : je connais ton immense chagrin, on renforcerait la notion de chagrin, mais ça ne remplacerait pas le mot peine.
On peut considérer cela comme un sentiment de tristesse qui engendre (ou qui s'étend à) une sorte de sensation de souffrance.

J'espère que mon explication est claire.
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