Ce recours à l'expressions "moyen légaux" sur le ton de la menace m'agace depuis longtemps dans la chanson "Envole-moi" de Goldman.
J'ai pas choisi de naître ici
Entre l'ignorance et la violence et l'ennui
J'm'en sortirai, j'me le promets
Et s'il le faut, j'emploierai des moyens légaux
En effet, si les moyens sont légaux, ils sont conformes à la loi et n'ont pas de quoi faire peur comme pourraient le faire une intimidation violente, un chantage, une menace de meurtre, un acte terroriste...
Qu'en pensez-vous ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
On peut aussi penser que celui qui s'exprime ici a habituellement recours à des moyens illégaux et qu'il se fera violence pour réintégrer le cadre de la loi.
Pha a écrit :C'est une façon de dire qu'il est prêt à porter plainte, faire un procès, etc et qu'il ne s'en tiendra pas à une simple discussion.
Oui, je pense avoir bien compris le fond de sa pensée.
"J'irai en justice" ou "j'enverrai l'huissier" sont, en l'occurrence, des menaces. Mais ce qu'il dit textuellement c'est "Si je n'y parviens pas autrement, j'utiliserai des moyens qui ne sortent pas du cadre de la loi."
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Je ne connais pas ces chanteurs modernes. C'est un procédé à la mode que de se dire chanteur engagé ou de se révolter contre la société et les fléaux sociaux.
Il y a donc là une sorte de rejet d'une situation, à tort ou à raison. On a l'impression que quelque chose ne colle pas. J'ai eu la même réaction que JAA. Habituellement, on dit plutôt que si cela ne réussit pas avec les moyens légaux, alors on en envisagera d'autres qui ne le sont pas. Mais lui suggère le contraire.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Ce que je ressens est que pour l'auteur, moyens légaux = grands moyens répressifs, alors que pour moi, le simple envoi d'un coup de téléphone ou d'une lettre est un moyen, et il est légal.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Les royalistes du début XXème utilisait une expression similaire : il s'agissait pour eux d’accéder au pouvoir, même en passant par l’élection (les «moyens légaux»), ce qui -en tant que royaliste- n'avait rien d'évident.
Goldman fait-il référence à l'Action Française ? Là, j'ai un doute.
Cette expression de « moyens légaux » m’a également paru bizarre la première fois que j’ai entendu cette chanson. Je l’interprète un peu comme Jacques-André-Albert. Pour moi, c’est une figure de style, qui n’a d’ailleurs rien d’extraordinaire. J’y vois de l’ironie, un détournement volontaire : le jeune homme de banlieue semble esquisser une menace (« s’il le faut j’emploierai la force, la violence », dit-on ordinairement), mais l’objet de la menace est contraire aux attentes : le jeune homme n’est pas l’individu violent auquel on pensait avoir affaire, il veut « s’en sortir » légalement, en trouvant un emploi, par exemple.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)