Coordonnées
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Coordonnées
« Donnez-moi vos coordonnées ». C'est en 1968 que j'ai entendu cet emploi pour la première fois, dans des circonstances assez déplaisantes de fusion d'entreprises et de la part de quelqu'un envers qui je n'avais guère de sympathie. Je me suis aperçu depuis que ce sens de données personnelles (adresse, numéro de téléphone) est devenu très courant.
Définition des coordonnées : Données qui, dans un système d'axes de référence, permettent de fixer la position d'un point dans le plan ou dans l'espace.
Ce sont donc les valeurs x et y permettant de localiser un point géométrique, selon ma propre conception. Il existe aussi en géographie les coordonnées d'un lieu, qui sont la longitude et la latitude.
L'appliquer à des références personnelles me paraît être une déviation de sens non acceptable, une impropriété. L'Académie le déconseille. Robert, bon enfant et suivi par Larousse, considère que c'est familier sans le condamner.
Je suis résolument contre. Et vous ?
Définition des coordonnées : Données qui, dans un système d'axes de référence, permettent de fixer la position d'un point dans le plan ou dans l'espace.
Ce sont donc les valeurs x et y permettant de localiser un point géométrique, selon ma propre conception. Il existe aussi en géographie les coordonnées d'un lieu, qui sont la longitude et la latitude.
L'appliquer à des références personnelles me paraît être une déviation de sens non acceptable, une impropriété. L'Académie le déconseille. Robert, bon enfant et suivi par Larousse, considère que c'est familier sans le condamner.
Je suis résolument contre. Et vous ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Au risque de me répéter: le fait que des mots ou des expressions prennent des sens figurés, seconds ou élargis n'a rien de condamnable en soi - au contraire, c'est le signe de la vitalité d'une langue. Ici, il y a une évolution qui me paraît logique, naturelle et harmonieuse entre la possibilité de fixer un point dans l'espace et de localiser quelqu'un dans la vie courante. Où est le mal?
Toute l'histoire de notre langue fourmille de phénomènes comme ceux-là. S'ils se sont produits il y a plusieurs siècles (comme le pépin d'un fruit qui finit par prendre le sens d'ennui ou de difficulté, le censeur moderne qui n'a plus grand chose à voir avec le censeur romain, et des milliers d'autres exemples), plus personne ne s'en offusque, on trouve même cela intéressant, cela devient le sujet de passionnantes chroniques linguistiques, comme celle d'Alain Rey, qui montrent l'évolution parfois curieuse et inattendue de certains mots.
Mais gare aux évolutions de sens récentes! Celles-là sont invariablement cataloguées comme les symptômes d'un coupable relâchement linguistique. Franchement, j'ai du mal à voir pourquoi: quelqu'un pourrait-il m'expliquer la différence (entre le double sens de "pépin" et de "coordonnées", par exemple)? En quoi s'agit-il de phénomènes linguistiques différents?
Toute l'histoire de notre langue fourmille de phénomènes comme ceux-là. S'ils se sont produits il y a plusieurs siècles (comme le pépin d'un fruit qui finit par prendre le sens d'ennui ou de difficulté, le censeur moderne qui n'a plus grand chose à voir avec le censeur romain, et des milliers d'autres exemples), plus personne ne s'en offusque, on trouve même cela intéressant, cela devient le sujet de passionnantes chroniques linguistiques, comme celle d'Alain Rey, qui montrent l'évolution parfois curieuse et inattendue de certains mots.
Mais gare aux évolutions de sens récentes! Celles-là sont invariablement cataloguées comme les symptômes d'un coupable relâchement linguistique. Franchement, j'ai du mal à voir pourquoi: quelqu'un pourrait-il m'expliquer la différence (entre le double sens de "pépin" et de "coordonnées", par exemple)? En quoi s'agit-il de phénomènes linguistiques différents?
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Ce n'est pas une question de bien ou de mal, mais je constate qu'une fois encore les « avis autorisés » divergent. L'Académie déconseille, les dictionnaires d'usage parlent d'un « emploi familier », c'est-à-dire tolérable dans l'expression courante, mais pas dans un registre de langue surveillé.
Pour ce qui me concerne, je le mets de côté parce qu'il est lié à des souvenirs professionnels déplaisants et à un personnage que je déteste. C'est dans sa bouche que je l'ai entendu pour la première fois, et il en faisait un usage immodéré. Chaque fois que je l'entends, l'individu ressurgit dans ma mémoire. Je n'ai donc pas un avis objectif et c'est pourquoi je sonde les réactions des uns et des autres.
Pour ce qui me concerne, je le mets de côté parce qu'il est lié à des souvenirs professionnels déplaisants et à un personnage que je déteste. C'est dans sa bouche que je l'ai entendu pour la première fois, et il en faisait un usage immodéré. Chaque fois que je l'entends, l'individu ressurgit dans ma mémoire. Je n'ai donc pas un avis objectif et c'est pourquoi je sonde les réactions des uns et des autres.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Manni-Gédéon
- Messages : 1217
- Inscription : lun. 12 avr. 2010, 14:35
- Localisation : Genève (CH)
Je dois avouer que je l'emploie couramment et j'ignorais que l'Académie française le déconseillait.
Ce mot m'a toujours paru tellement naturel que je ne me suis jamais posé la question de sa pertinence. Il est vraisemblablement apparu pendant mon enfance ; on peut donc dire que j'ai grandi avec.
Je suis d'accord avec Cyrano dans le sens que cette nouvelle acception du mot n'a rien de dérangeant.
Dans la vie courante, nous cherchons la concision et il me semble qu'il y a un réel besoin de mots simples pour exprimer certaines choses. Quand ces termes manquent, ce sont bien souvent les anglicismes qui viennent (fort opportunément) combler ce vide. Je pense que la résistance des puristes à l'usage de ce genre de néologismes contribue à la prolifération des anglicismes car il faut bien trouver une solution, et rapidement.
L'Académie française déconseille l'emploi du mot coordonnées dans le sens d'adresse, numéro de téléphone, etc. et ne propose rien d'équivalent. Je ne m'imagine pas, au quotidien, demander aux gens leur adresse, leur numéro de téléphone (éventuellement de fax) et de portable ainsi que leur adresse de courriel ; ce serait long et fastidieux.
Tout réflexion faite, je trouve que le terme coordonnées convient très bien et tant qu'on ne me proposera rien de mieux, je l'utiliserai.
![[embarrassé] :oops:](./images/smilies/icon_redface.gif)
Ce mot m'a toujours paru tellement naturel que je ne me suis jamais posé la question de sa pertinence. Il est vraisemblablement apparu pendant mon enfance ; on peut donc dire que j'ai grandi avec.
Je suis d'accord avec Cyrano dans le sens que cette nouvelle acception du mot n'a rien de dérangeant.
Dans la vie courante, nous cherchons la concision et il me semble qu'il y a un réel besoin de mots simples pour exprimer certaines choses. Quand ces termes manquent, ce sont bien souvent les anglicismes qui viennent (fort opportunément) combler ce vide. Je pense que la résistance des puristes à l'usage de ce genre de néologismes contribue à la prolifération des anglicismes car il faut bien trouver une solution, et rapidement.
L'Académie française déconseille l'emploi du mot coordonnées dans le sens d'adresse, numéro de téléphone, etc. et ne propose rien d'équivalent. Je ne m'imagine pas, au quotidien, demander aux gens leur adresse, leur numéro de téléphone (éventuellement de fax) et de portable ainsi que leur adresse de courriel ; ce serait long et fastidieux.
Tout réflexion faite, je trouve que le terme coordonnées convient très bien et tant qu'on ne me proposera rien de mieux, je l'utiliserai.
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
Gandhi, La Jeune Inde
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Voilà donc deux avis qui règlent la question, étant entendu que nous restons dans un registre courant et familier. Je suis d'accord : les néologismes qui respectent l'esprit du mot d'origine évitent le recours aux anglicismes.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Je reconnais que je ne sais pas très bien moi-même où placer la barre entre les néologismes de bon aloi et les nouvelles horreurs linguistiques.
Ainsi, quand j'entends "mes jeunes" dirent de quelque chose que "c'est trop génial!", je bondis deux fois: parce qu'il y a clairement un affaiblissement de l'adjectif "génial" et une confusion entre "très" et "trop". Pourtant, pour les mêmes raisons que celles que j'ai indiquées, on pourrait argumenter que ces évolutions de sens sont le signe de la vitalité de la langue.
Pourquoi cela me dérange-t-il alors que le sens imagé pris par "coordonnées" me semble être une évolution assez heureuse? Il faut bien admettre que je n'ai pas de critère tant soit peu objectif à proposer en la matière...
Ainsi, quand j'entends "mes jeunes" dirent de quelque chose que "c'est trop génial!", je bondis deux fois: parce qu'il y a clairement un affaiblissement de l'adjectif "génial" et une confusion entre "très" et "trop". Pourtant, pour les mêmes raisons que celles que j'ai indiquées, on pourrait argumenter que ces évolutions de sens sont le signe de la vitalité de la langue.
Pourquoi cela me dérange-t-il alors que le sens imagé pris par "coordonnées" me semble être une évolution assez heureuse? Il faut bien admettre que je n'ai pas de critère tant soit peu objectif à proposer en la matière...
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
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- Inscription : mar. 11 sept. 2012, 9:16
"coordonnées" est une manie qui s'est imposée, mais que j'évite.
Une autre manie "mathématique" est cette fameuse "exponentielle" que les journalistes emploient constamment pour désigner toute croissance rapide. Ils l'emploient généralement à tort ; il arrivé, rarement, qu'un scientifique qu'ils interrogeaient les reprît. La croissance exponentielle répond à une définition précise, que les journalistes dédaignent comme ils dédaignent aussi le sérieux de la psychiatrie en parlant sans cesse de comportement schizophrène à la première inconséquence ou contradiction venue.
Il est difficile d'empêcher les nigauds de se gargariser de mots qui sonnent bien.
Une autre manie "mathématique" est cette fameuse "exponentielle" que les journalistes emploient constamment pour désigner toute croissance rapide. Ils l'emploient généralement à tort ; il arrivé, rarement, qu'un scientifique qu'ils interrogeaient les reprît. La croissance exponentielle répond à une définition précise, que les journalistes dédaignent comme ils dédaignent aussi le sérieux de la psychiatrie en parlant sans cesse de comportement schizophrène à la première inconséquence ou contradiction venue.
Il est difficile d'empêcher les nigauds de se gargariser de mots qui sonnent bien.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Les phraseurs professionnels aiment bien emprunter aux sciences ou aux techniques pour faire de l'effet. L'ennui est qu'ils emploient des mots dont ils ignorent le sens, qu'ils ne prennent pas la peine de vérifier. Il en résulte des abus et des impropriétés.
Pour citer un domaine qui m'est familier, dès qu'un marasme s'installe à la Bourse, ou que celle-ci connaît des baisses récidivantes, ils parlent de « krach boursier ». J'ai plus d'une fois bondi : ils ne savent pas ce qu'est un krach boursier. C'est un effondrement total, une crise extrêmement grave qui peut entraîner la faillite d'une économie, la ruine d'un pays, dans des proportions bien supérieures aux situations que connaissent certains pays d'Europe actuellement. Il y a fort longtemps, Dieu merci, que le dernier a eu lieu, je ne sais plus où ni quand.
Pour citer un domaine qui m'est familier, dès qu'un marasme s'installe à la Bourse, ou que celle-ci connaît des baisses récidivantes, ils parlent de « krach boursier ». J'ai plus d'une fois bondi : ils ne savent pas ce qu'est un krach boursier. C'est un effondrement total, une crise extrêmement grave qui peut entraîner la faillite d'une économie, la ruine d'un pays, dans des proportions bien supérieures aux situations que connaissent certains pays d'Europe actuellement. Il y a fort longtemps, Dieu merci, que le dernier a eu lieu, je ne sais plus où ni quand.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- TSOS
- Messages : 519
- Inscription : ven. 04 févr. 2011, 13:22
- Localisation : Duché de Bretagne / Nordrhein Westfalen /S'la,sk
Si l'on me demandait mes "données personnelles", j'y inclurais tout autant ma date de naissance, mon numéro de carte bancaire, mon nom, ma couleur favorite, et cætera...
Lorsque l'on me parle de mes "coordonnées", je comprends qu'il est question de données spatiales, telles que mon adresse, ma ville. Là où celà devient plus vaseux, c'est lorsque l'on y sous-entend "informations pour me contacter/de contact" et donc que l'on demande aussi mes numéros de téléphone ou mon adresse électronique qui n'ont pas d'aspect spatial.
Lorsque l'on me parle de mes "coordonnées", je comprends qu'il est question de données spatiales, telles que mon adresse, ma ville. Là où celà devient plus vaseux, c'est lorsque l'on y sous-entend "informations pour me contacter/de contact" et donc que l'on demande aussi mes numéros de téléphone ou mon adresse électronique qui n'ont pas d'aspect spatial.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Cyrano a donné une précision qui rejoint celle du Petit Robert : coordonnées = tous renseignements qui permettent de joindre une personne. L'adresse de courriel et le numéro de téléphone en font partie, avec l'adresse postale.
Je ne défends pas l'emploi du mot, qui reste dans un registre relâché selon mon opinion confirmée par l'Académie, mais l'idée est là.
Jadis, avant que ce terme ne devienne à la mode, on demandait : « Comment puis-je vous joindre ? », ou bien « Où puis-je vous joindre ? » et la personne donnait tous les renseignements utiles.
Je ne défends pas l'emploi du mot, qui reste dans un registre relâché selon mon opinion confirmée par l'Académie, mais l'idée est là.
Jadis, avant que ce terme ne devienne à la mode, on demandait : « Comment puis-je vous joindre ? », ou bien « Où puis-je vous joindre ? » et la personne donnait tous les renseignements utiles.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).