LE Jean, LA Simone...
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Le Jean, la Simone…
J’ai renoncé à chercher d’où vient cette disgracieuse habitude de placer l’article devant le prénom des familiers dans certaines régions. Le prénom, que dis-je, même le diminutif (le Dédé) le sobriquet parfois (la On-a-l’temps). J’en ai l’expérience avec ma belle-famille qui est meusienne mais cela se pratique aussi dans le Morvan, le Berry, le Charolais. Cela va jusqu’à l’élision (l’Odette, l’Albert) et je l’ai vu écrit sur les bristols d’un plan de table un jour de fête de famille, preuve s’il en faut que c’est bien entré dans les gènes.
Je pensais que cela passerait avec les générations montantes mais ma petite-nièce (fille d’instituteurs) qui a huit ans en use et abuse comme ses grands-parents.
Et tout cela ne me dit pas d’où vient cet usage.
J’ai renoncé à chercher d’où vient cette disgracieuse habitude de placer l’article devant le prénom des familiers dans certaines régions. Le prénom, que dis-je, même le diminutif (le Dédé) le sobriquet parfois (la On-a-l’temps). J’en ai l’expérience avec ma belle-famille qui est meusienne mais cela se pratique aussi dans le Morvan, le Berry, le Charolais. Cela va jusqu’à l’élision (l’Odette, l’Albert) et je l’ai vu écrit sur les bristols d’un plan de table un jour de fête de famille, preuve s’il en faut que c’est bien entré dans les gènes.
Je pensais que cela passerait avec les générations montantes mais ma petite-nièce (fille d’instituteurs) qui a huit ans en use et abuse comme ses grands-parents.
Et tout cela ne me dit pas d’où vient cet usage.
- Jacques-André-Albert
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- Klausinski
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Pour moi, c'est un tour campagnard très ancien. On en trouve beaucoup d'exemples dans la littérature : la Margot, la Marie, la Ninon, la Françoise, le Firmin.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Jacques
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J'ai eu la même idée : la marraine de l'un de nos fils, qui est allemande, emploie couramment cette formule : la Christiane, le Daniel, etc. Mon épouse m'a confié un jour que cela la choquait, alors je lui ai expliqué qu'en allemand c'est une pratique courante qui n'a rien de dépréciatif.Jacques-André-Albert a écrit :Je pensais que c'était limité à l'Alsace et à la Lorraine, et je reliais cette particularité à l'usage allemand, qui est identique.
Je ne pense pas que, dans les usages campagnards, il y ait quoi que ce soit de péjoratif. Dans mes Ardennes natales, c'était aussi l'habitude du temps de ma jeunesse et je n'y percevais rien de méprisant.
Nous avons toujours tendance à juger en fonction de nos préjugés parisiens, mais Paris n'est pas le centre de la francophonie.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
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Je dirais plutôt en fonction d'usages parisiens : ayant vécu toute mon enfance et mon adolescence à vingt kilomètres de Paris, d'ascendance parisienne (Paris et ouest parisien) et nordiste, je n'ai jamais entendu employer ce genre de formule autour de moi.Jacques a écrit :Je ne pense pas que, dans les usages campagnards, il y ait quoi que ce soit de péjoratif. Dans mes Ardennes natales, c'était aussi l'habitude du temps de ma jeunesse et je n'y percevais rien de méprisant.
Nous avons toujours tendance à juger en fonction de nos préjugés parisiens, mais Paris n'est pas le centre de la francophonie.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Perkele
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Je l'avais lui dans des romans anciens et je l'ai découverte, dans les années 1970, lors de mon passage en Lorraine où elle semblerait en voie de régression aujourd'hui.
Ce qui me semblait le plus étonnant c'était sa pratique envers des personnes publiques comme LE Giscard, LE Johnny Halliday, la Sheila...
Ce qui me semblait le plus étonnant c'était sa pratique envers des personnes publiques comme LE Giscard, LE Johnny Halliday, la Sheila...
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Jacques a raison. Dans la région parisienne, l'introduction de l'article prend un sens dépréciatif et il s'emploie autant avec le prénom qu'avec le patronyme ou le surnom. Dans mes souvenirs de jeunesse il y avait "le Polak", "le Jaro" (pour Jaraudemar) et d'autres encore qu'on ne tenait pas en grande estime. En Lorraine, cet usage ne touche que le prénom et il est systématique dans certaines familles, il fait partie du langage et concerne tous ceux et toutes celles dont on connaît le prénom. On est loin, très loin de "la" utilisé pour la diva.
- Perkele
- Messages : 12915
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Pas que le prénom. J'ai connu le Ber, le Bubu, le Bozetti, le Girard...GB-91 a écrit :Jacques a raison. Dans la région parisienne, l'introduction de l'article prend un sens dépréciatif et il s'emploie autant avec le prénom qu'avec le patronyme ou le surnom. Dans mes souvenirs de jeunesse il y avait "le Polak", "le Jaro" (pour Jaraudemar) et d'autres encore qu'on ne tenait pas en grande estime. En Lorraine, cet usage ne touche que le prénom et il est systématique dans certaines familles, il fait partie du langage et concerne tous ceux et toutes celles dont on connaît le prénom. On est loin, très loin de "la" utilisé pour la diva.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques-André-Albert
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- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Pas seulement les peintres, si l'exemple de l'Arioste subit le même traitement. Par ailleurs, on désigne souvent son œuvre principale sous la forme Le Roland furieux. C'est un ouvrage qui a eu un tel succès en son temps, qu'il nous en est resté les noms de Médor et Rodomont (rodomontade).Jacques a écrit :Cela se fait aussi pour de grands peintres si je ne me trompe : le Titien, le Caravage, le Tintoret...GB-91 a écrit :On est loin, très loin de "la" utilisé pour la diva.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Perkele
- Messages : 12915
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Et cela se fait aussi en Italie dans la vie courante (à moins que, comme en Lorraine, cela ne tombe en désuétude).Jacques a écrit :Cela se fait aussi pour de grands peintres si je ne me trompe : le Titien, le Caravage, le Tintoret...GB-91 a écrit :On est loin, très loin de "la" utilisé pour la diva.
Marco, s'il vous plaît ; nous avons besoin de vous.
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Et le Tasse, pour Torquato Tasso.Jacques-André-Albert a écrit :Pas seulement les peintres, si l'exemple de l'Arioste subit le même traitement.Jacques a écrit :Cela se fait aussi pour de grands peintres si je ne me trompe : le Titien, le Caravage, le Tintoret...GB-91 a écrit :On est loin, très loin de "la" utilisé pour la diva.
Tasso, Ariosto, Tintoretto, Caravaggio, Tiziano, sont tous Italiens.
- Manni-Gédéon
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- Inscription : lun. 12 avr. 2010, 14:35
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En Suisse romande, l'article défini devant un nom propre est également un signe de mépris.Jacques a écrit :Je ne sais pas si nous parlons de la même chose : dans la Région parisienne, quand on met un article défini devant un nom propre, c'est un signe de mépris. En province il en va différemment.
Ma belle-mère, qui est italienne, l'emploie souvent en parlant de la famille, des amis, des connaissances, aussi bien en italien qu'en français, et pour elle, ce n'est pas du tout une marque de mépris.
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
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