Batellerie (extraits)
La batellerie a son langage qui n’est pas celui de la marine. Il s’est développé au cœur des provinces et non pas sur les côtes ou en mer (on entend plus souvent droite et gauche que tribord et babord). En France, nous avons trois apports qui fournissent quelques variantes dans l’orthographe comme dans la prononciation : l’apport flamand et nordiste, l’apport bourguignon et berrichon, l’apport méridional rhodanien et languedocien. Ces trois apports furent réunis avec la création du canal du Nord et surtout du canal de Bourgogne qui permit, à partir de 1830, les transferts d’un réseau à l’autre, le réseau breton restant isolé.
Voici quelques termes extraits du Dictionnaire marinier illustré (Bief éditions, 1998).
À la sacquée : touer à la bricole.
À moule : abîmé, hors service.
Avaterre ou à va-terre : du côté du halage sur un canal.
Gens d’à-bord, gens d’à-terre : nous sommes « gens d’à-terre », ils sont gens d’à-bord.
Baquet, baquetterie : bateau, chantier fluvial.
Bassinée : ensemble des opérations d’éclusage.
Bief (bié, comme clé) : plan d’eau entre deux écluses. Prend le nom de l’écluse d’aval.
Bordaille : partie verticale de la coque d’une péniche.
Corps : le bateau par opposition à sa cargaison (d’où l’expression corps et biens).
Croiser : changer de rive.
Culatte : arrière du bateau. Culatter : toucher la rive de l’arrière.
Déchirer, déchirage : action de retirer un bateau du service, de le découper au chalumeau.
Dehors : à terre, sur le halage.
Decise : voyage effectué vers l’aval. Opposé à la remonte.
Dénivelé : reste masculin chez les bateliers, devient dénivelée chez les montagnards.
Devise : le nom d’un bateau.
Dresser : orienter un bateau face au courant.
Envolumé : se dit d’un bateau chargé haut.
Façons : parties courbes de la coque d’une péniche.
Freycinet : ingénieur et ministre qui a « normalisé » la navigation fluviale au XIXe siècle. Une péniche Freycinet mesure 38,5 m X 5 m pour 1,80 m d’enfoncement (280 t).
Guidon : petit drapeau triangulaire (et publicitaire) placé à l’avant du bateau indiquant au pilote la dérive due au vent.
Immatriculer : choquer l’avant de son bateau contre un autre bateau ou contre la rive.
Macaron : la barre. Roue placée verticalement devant le pupitre, agissant sur le gouvernail. C’est l’objet culte, le symbole comme le volant pour le chauffeur de poids lourd. Entretenu avec vénération, il reste propriété du marinier et passe d’un bateau à un autre en cas d’acquisition d’un nouveau bateau.
Marquise : la timonerie, l’habitacle du pilote, est « abattable », c’est-à-dire démontable pour passer sous les ponts en cas de crue.
Miroir : la surface de l’eau.
Moustache : tableau avant d’une péniche sur lequel figure sa devise.
Palage : péage perçu par une ville ou un port pour s’amarrer.
Pan : mesure de sondage correspondant à une main ouverte. Toujours suivi d’un qualificatif évoquant une graduation.
Proue-baisse : avant du bateau dirigé vers l’aval – Proue-sus : dirigé vers l’amont.
Rabaler : frotter le long d’un long d’un mur, d’un bajoyer.
Rachaquer : saisir au vol une amarre lancée depuis un quai ou un autre bateau.
Rachat, racheter : différence de niveau entre deux biefs, franchir une écluse.
Régule : passer « à la régule », après l’heure de fermeture d’une écluse.
Renard : éventration de la berge d’un canal qui provoque une fuite vers les champs.
Souster : délester un bateau.
Tirant d’air : hauteur maximum d’un bateau vide, hauteur disponible sous un ouvrage.
Tirant d’eau : hauteur maximum entre le niveau de l’eau et le dessous de la quille pour un bateau chargé.
Trémater : dépasser un bateau.
Tunnel : ne se dit pas, on dit voûte.
Vallée ou Echelle : succession d’écluses rapprochées sur un terrain à forte pente.
Vidange, veuvage : se dit d’un bateau qui navigue à vide, en vidange, en veuvage.
Yacht : se prononce yaut’ : tout bateau de plaisance.
Langage des fleuves et canaux
- Hippocampe
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- Inscription : dim. 17 avr. 2011, 18:15
En ligne j'ai trouvé un site disposant d'un lexique sur la batellerie.
C'est assez intéressant : http://projetbabel.org/fluvial/index.htm
C'est vrai les gens de mer et les gens de rivière appartiennent à 2 monde assez différents.
Cependant il existe des zones mixtes, la Seine par exemple est zone maritime jusqu'à Rouen. Rouen est un port de mer !!
C'était particulièrement sensible au XIXe siècle et début du XXe quand l'influence du mascaret se faisait ressentir très en amont. Le brevet de patron au bornage donnait alors l'autorisation de commander dans ces zones mixtes à la fois maritimes et fluviales.
C'est assez intéressant : http://projetbabel.org/fluvial/index.htm
C'est vrai les gens de mer et les gens de rivière appartiennent à 2 monde assez différents.
Cependant il existe des zones mixtes, la Seine par exemple est zone maritime jusqu'à Rouen. Rouen est un port de mer !!
C'était particulièrement sensible au XIXe siècle et début du XXe quand l'influence du mascaret se faisait ressentir très en amont. Le brevet de patron au bornage donnait alors l'autorisation de commander dans ces zones mixtes à la fois maritimes et fluviales.
Ls deux ouvrages sont du même auteur, avec des collaborations différentes. Michel-Paul Simon, ancien rédacteur en chef de la revue Fluvial, retraité mais toujours vaillant sur son bateau, a rédigé des tas d'ouvrages sur le sujet. Il a tenu Fluvial à bout de bras pendant quinze ans en signant Jacques Lécluse, Jean Rivage, Pierre Ventelle, Paul Dubief. J'ai été longtemps abonné puis il m'a fallu abandonner la navigation et j'ai rompu mon abonnement en même temps que je mettais un terme à mes projets de naviguer encore.Herdé76 a écrit :En ligne j'ai trouvé un site disposant d'un lexique sur la batellerie.
C'est assez intéressant : http://projetbabel.org/fluvial/index.htm
C'est vrai les gens de mer et les gens de rivière appartiennent à 2 monde assez différents.
Cependant il existe des zones mixtes, la Seine par exemple est zone maritime jusqu'à Rouen. Rouen est un port de mer !!
C'était particulièrement sensible au XIXe siècle et début du XXe quand l'influence du mascaret se faisait ressentir très en amont. Le brevet de patron au bornage donnait alors l'autorisation de commander dans ces zones mixtes à la fois maritimes et fluviales.
La coïncidence est amusante. J'ai découvert ce site voici 2 ou 3 ans à l'occasion d'une recherche. L'ayant trouvé intéressant je l'ai noté dans mes favoris. Je ne savais pas en le citant qu'il avait un lien direct avec l'ouvage que vous avez cité.
Vous avez raison cette terminologie professionnelle est digne d'intérêt. C'est un peu l'histoire de notre langue et de notre pays.
Vous avez raison cette terminologie professionnelle est digne d'intérêt. C'est un peu l'histoire de notre langue et de notre pays.
Deux petits oublis qui méritent citation : les devises des bateaux et Radio-Canal.
Radio-Canal émet sur toutes les longueurs d’ondes le long des halages. Qu’il s’agisse d’un éclusier blessé en service ou du succès au baccalauréat d’une fille de marinier, d’un incident dans une écluse ou d’une nomination à la direction des voies navigables, la VHF fonctionne du matin au soir qui transporte les petites nouvelles à la vitesse de la lumière. Radio-Canal sert de passerelle entre les gens d’écluses et les gens de l’eau après quoi chacun répercute l’information auprès des collègues.
Les devises reflètent l’esprit de la batellerie dominé par l’attachement à la religion et l’esprit de famille. Pour ce dernier cas, on donne au bateau le prénom de la patronne ou d’une de ses filles, parfois il s’agit d’un mot composé des deux prénoms des patrons. Par exemple : Marcel et Brigitte vont donner MA-BRI, Stéphane et Ginette pourront donner GISTEF. Les Saint-Machin et Notre-Dame-de-Quelque-Chose sont légion. Parfois ce sont des citations latines telles Nota Bene ou Res nonverda, d’autres fois ce sont les vertus civiques telles Loyauté, Courage, Cordialité. On trouve aussi : Résolu, Opiniâtre, Mutualiste. Enfin, les maximes sont également nombreuses : Rien sans peine, Gardons espoir.
Radio-Canal émet sur toutes les longueurs d’ondes le long des halages. Qu’il s’agisse d’un éclusier blessé en service ou du succès au baccalauréat d’une fille de marinier, d’un incident dans une écluse ou d’une nomination à la direction des voies navigables, la VHF fonctionne du matin au soir qui transporte les petites nouvelles à la vitesse de la lumière. Radio-Canal sert de passerelle entre les gens d’écluses et les gens de l’eau après quoi chacun répercute l’information auprès des collègues.
Les devises reflètent l’esprit de la batellerie dominé par l’attachement à la religion et l’esprit de famille. Pour ce dernier cas, on donne au bateau le prénom de la patronne ou d’une de ses filles, parfois il s’agit d’un mot composé des deux prénoms des patrons. Par exemple : Marcel et Brigitte vont donner MA-BRI, Stéphane et Ginette pourront donner GISTEF. Les Saint-Machin et Notre-Dame-de-Quelque-Chose sont légion. Parfois ce sont des citations latines telles Nota Bene ou Res nonverda, d’autres fois ce sont les vertus civiques telles Loyauté, Courage, Cordialité. On trouve aussi : Résolu, Opiniâtre, Mutualiste. Enfin, les maximes sont également nombreuses : Rien sans peine, Gardons espoir.