Anthropomorphisme

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Hippocampe
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Message par Hippocampe »

Nous avons déjà abordé ici les expressions "au temps pour moi" et "autant pour moi".
Il me souvient que la bonne est la première. Le fil avait été long.
Dernière modification par Hippocampe le lun. 08 avr. 2013, 8:58, modifié 1 fois.
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Klausinski
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Message par Klausinski »

marguerite84 a écrit :Non , pas "au temps pour moi"... autant pour moi.
Ne m'en veuillez pas , ça m'amuse de trouver ici quelqu'un en faute, je suppose que vous le savez très bien, que la faute est due à l'heure tardive, ou au sujet plus complexe qu'il n'y paraissait de prime abord.
En fait non, ou, du moins, la question est plus complexe que cela. Selon l'Académie, il faut écrire « au temps pour moi », d'autres spécialistes des expressions récusent cette orthographe. Voyez par exemple ce sujet :
http://www.achyra.org/francais/viewtopic.php?t=4242
Hippocampe, nous nous sommes croisés.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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Klausinski
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Message par Klausinski »

Hippocampe a écrit :Pour parler clairement de génétique et de parenté il me semble difficile de se passer de mots comme 'sœur', 'oncle', 'fille' ou 'grand-mère', non?
Je suppose que les généticiens disposent d'un vocabulaire spécialisé mais les gens ordinaires ne le connaissent pas.
Je me dis qu'il est possible qu'un scientifique ait à employer les termes de sœur, d'oncle, etc., pour traiter de questions de génétique, mais, dans ce cas, il le fait par exception, par une licence sémantique que son sujet réclame. Si un journaliste parle d'un bébé mouton et de ses frères et sœurs, il parle comme un enfant, c'est-à-dire mal, étant donné sa profession. Si des « amis des animaux » emploient ces mêmes mots, on peut se montrer plus indulgent. C'est la tendresse qui parle, et, même si elle a un côté ridicule, il n'y a pas de raison de s'indigner bien fort. D'après ce qu'on a vu, il me semble qu'un éleveur parlera de petits d'une même portée et c'est lui qui sera le plus en conformité avec l'Académie française. Tout est une affaire de contexte.
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Hippocampe
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Message par Hippocampe »

Klausinski a écrit :Hippocampe, nous nous sommes croisés.
Je me disais bien avoir vu un Klausinski, mais sous l'eau il ne semblait pas à l'aise.

Pour le reste je suis d'accord avec vous, K.

Je ne connais pas la génétique mais je suppose que les professionnels concernés doivent avoir un moyen de dire simplement des choses complexes. Sans quoi, comment travailler?
J'invente.
Imaginons deux moutons M1 et M2.
M1 est un a4.mmp.f de M2.
Cela pourrait signifier:
M1 est de la famille de M2.
M1 est un ascendant de quatre générations de M2.
Par la mère, par la mère, par le père.
C'est un frère de l'ascendant direct.
(C'est, en l’occurrence, sûrement n'importe quoi: je redis que j'invente.)

Pour le commun des mortels, parler de manière enfantine est normal pour un enfant (mettez-vous à sa place), parler niaisement est normal pour un niais (mettez-vous à sa place) mais utiliser des analogies bien parlantes comme frère ou mère me paraît le plus simple et ne me paraît ni enfantin ni niais.
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Claude
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Message par Claude »

marguerite84 a écrit : Non, pas "au temps pour moi"... autant pour moi.[...]
Cette expression a été également débattue ici :wink:
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

« Père » et « mère » sont assez courants chez les paysans éleveurs, « frère » et « sœur » se disent aussi, « fils » et « fille » beaucoup moins, mais ils sont employés dans le domaine hippique. Pas question de « bébé », de « maman » ou de « papa ». Ni de « jambes » (pattes) ou de « bouche » (gueule).
Pour les « petits » des vaches, je n’ai jamais entendu « petit », mais toujours « veau » (sous sa forme patoisante « viau »). Et cette constatation vaut (!) pour d’autres animaux : le mot correspondant au petit de chaque espèce est utilisé pour le nommer en tant que tel, mais aussi pour exprimer le lien de parenté. « Petit » ne peut, de toute manière, être employé dans la Sarthe pour les animaux, il ne désigne, sous sa forme patoisante, que les enfants (des humains), qui ont sans doute été des « p’tiots », avant de devenir des « piots ».
En liaison avec mon intervention précédente et après réflexion, je me demande si je n’ai pas découvert le verbe « agneler » plus tard et dans d’autres circonstances que « vêler », « pouliner »… Par contre je crois me souvenir de « goriner », valant « mettre bas » pour la truie : en patois les « gorets » sont des « gorins ».
Et la gent canine me pose un problème : bien que presque toutes les fermes aient des chiens, aucun verbe spécifique ne me vient à l’esprit pour la mise bas des chiennes. Il faut dire que sur le modèle de « chatonner » à partir de « chaton », une dérivation à partir de « chiot » ne serait pas des plus heureuse !
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Jacques
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Message par Jacques »

Hippocampe a écrit :Curieusement, une femme accouche. Le terme enfanter est plutôt utilisé au sens figuré: enfanter un projet.
Je crois que vous vous trompez. Il est dit dans la Bible : « Tu enfanteras dans la douleur ».
Mais pour revenir plus directement au sujet, Marguerite, si vous ne trouvez de liste nulle part, c'est que la pratique n'est pas commandée par des règles lexicales, mais qu'il s'agit d'une éthique morale et, comme ajoute Klausinski, philosophique. Dès lors c'est à chacun qu'appartient le devoir de faire une distinction. Utiliser pour un animal des mots qui ne s'appliquent qu'au genre humain, c'est l'élever au rang de la race humaine. Hormis le fait que notre dignité s'en insurge, il y a peut-être la croyance religieuse. Les écritures saintes disent que Dieu a fait l'homme à son image ; mettre l'image de l'homme au même rang que celle de l'animal c'est un sacrilège qui offense la divinité.
Dernière modification par Jacques le lun. 08 avr. 2013, 8:39, modifié 1 fois.
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Claude
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Message par Claude »

Vous me rappelez le sketche de Fernand Raynaud "Crésus" dans lequel il nous dit s'assurer que la jument a bien vêlé. :lol:
Je répondais à André.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Claude a écrit :
marguerite84 a écrit : Non, pas "au temps pour moi"... autant pour moi.[...]
Cette expression a été également débattue ici :wink:
Cela dit, marguerite84, soyez à l'aise, écrivez « autant pour moi » tant qu'il vous plaira, vous aurez au moins mon soutien, puisque je trouve cette graphie plus logique selon le sens, et que cette histoire de temps militaire est un peu tirée par les cheveux. Voilà, c'est dit ; et si nous sommes deux à l'écrire, nous nous sentirons plus forts. À partir de trois, nous constituerons une association de défense. :wink:
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
Hippocampe
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Message par Hippocampe »

Quand la façon d'écrire une expression donne lieu à de longues discussions dans un forum comme le nôtre je crois qu'on peut l'écrire sous l'une des formes envisagées sans craindre d'être considéré comme un mauvais écriveur.
Combien de francophones ont-ils déjà entendu cette expression?
Parmi ceux-là, combien savent comment l'écrire?

Évidemment ça n'empêche pas les amateurs dont je suis de creuser la question.
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Jacques
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Message par Jacques »

Il n'y a pas matière à polémique puisque, de toute façon, les deux graphies sont acceptées comme correctes. Le reste n'est qu'une question historique, et là-dessus n'existe aucune certitude.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Claude a écrit :Vous me rappelez le sketche de Fernand Raynaud "Crésus" dans lequel il nous dit s'assurer que la jument a bien vêlé. :lol:
Je répondais à André.
Je l’avais pressenti !
En 2013 même « vêler » n’est plus compris de tous. Fernand Raynaud nous faisait rire pendant les « trente glorieuses », alors que la population rurale devenait minoritaire dans notre pays. À l’époque, du fait de liens encore maintenus avec la ruralité, on était sans doute dans une phase intermédiaire en matière d’oubli de ce genre de mot : « Vêler » survivait du fait de l’importance de l’élevage bovin, tandis que « pouliner », en rapport avec un cheptel équin inférieur, n’était déjà plus familier qu’à une minorité. L’humoriste misait aussi sur ce stade de l’évolution des mots ! Et quelle prémonition ! Pour la fabrication des lasagnes, les juments ne vêlent-elles pas aujourd’hui ?!
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Perkele
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Message par Perkele »

André (Georges, Raymond) a écrit : Ni de « jambes » (pattes) ou de « bouche » (gueule)
Je me souviens pourtant de ma première leçon d'équitation où les recommandations allaient dans le sens inverse. Mais uniquement pour différencier le cheval des autres animaux.
Dernière modification par Perkele le lun. 08 avr. 2013, 9:58, modifié 1 fois.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Claude
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Message par Claude »

Je partage vos points du vue sur l'emploi indifférent de l'un ou l'autre mais j'ai une préférence quand il s'agit de l'expression « au temps pour les crosses » puisque le maniement des armes s'effectue toujours en plusieurs temps dans un souci d'ensemble.

Bon, maintenant rompez !
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Claude
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Message par Claude »

André (Georges, Raymond) a écrit :[...] Pour la fabrication des lasagnes, les juments ne vêlent-elles pas aujourd’hui ?!
Je serai bref : :lol:
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