"La drôle de guerre" - explication grammaticale ?
- Hippocampe
- Messages : 3115
- Inscription : dim. 17 avr. 2011, 18:15
"La drôle de guerre" - explication grammaticale ?
Objet: "La drôle de guerre" - explication grammaticale ?
Bonsoir,
Comment explique-t-on grammaticalement cette expression ?
Autrement, quelle en est l'analyse logique, comme on disait quand j'étais écolier ?
Idem pour "ce drôle de type" ?
Mais dans le premier cas, il s'agit d'un épisode historique bien connu, d'où une question subsidiaire: y a-t-il une ou des majuscules à mettre, et où ?
Merci à vous,
H
Bonsoir,
Comment explique-t-on grammaticalement cette expression ?
Autrement, quelle en est l'analyse logique, comme on disait quand j'étais écolier ?
Idem pour "ce drôle de type" ?
Mais dans le premier cas, il s'agit d'un épisode historique bien connu, d'où une question subsidiaire: y a-t-il une ou des majuscules à mettre, et où ?
Merci à vous,
H
Car le feu s'est éteint, les oiseaux se sont tus et Ceinwen est partie.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Permettez une précision : l'analyse logique porte sur les propositions, leurs fonctions, leurs rapports entre elles. Celle des mots et expressions est une analyse grammaticale.
Je ne vois pas quel type d'analyse on peut faire, il y a là un nom et un adjectif qui le qualifie. Pas d'anomalie grammaticale.
Drôle a deux sens :
– amusant, gai, qui fait rire soit par un comique voulu (plaisanterie), soit par ridicule ;
– bizarre, étrange, surprenant, insolite ; seulement dans un usage familier. Dans ce cas l'adjectif est placé avant le nom et toujours suivi de la préposition de. Un drôle de type, c'est quelqu'un qui a un comportement bizarre, anormal, sortant de l'ordinaire. Un type drôle c'est un plaisantin, un personnage qui fait rire.
La « drôle de guerre » est ainsi définie par l'Académie :
HIST. La drôle de guerre, phase de la Seconde Guerre mondiale comprise entre la déclaration de la guerre à l'Allemagne, le 3 septembre 1939, et l'invasion de la France, le 10 mai 1940, appelée ainsi en raison de l'immobilité des troupes et de l'absence d'actions d'envergure.
Je pense qu'on ne met pas de majuscule parce que cet emploi de drôle est familier, et ne l'inscrit donc pas officiellement dans les faits historiques. C'est une expression populaire.
Je ne vois pas quel type d'analyse on peut faire, il y a là un nom et un adjectif qui le qualifie. Pas d'anomalie grammaticale.
Drôle a deux sens :
– amusant, gai, qui fait rire soit par un comique voulu (plaisanterie), soit par ridicule ;
– bizarre, étrange, surprenant, insolite ; seulement dans un usage familier. Dans ce cas l'adjectif est placé avant le nom et toujours suivi de la préposition de. Un drôle de type, c'est quelqu'un qui a un comportement bizarre, anormal, sortant de l'ordinaire. Un type drôle c'est un plaisantin, un personnage qui fait rire.
La « drôle de guerre » est ainsi définie par l'Académie :
HIST. La drôle de guerre, phase de la Seconde Guerre mondiale comprise entre la déclaration de la guerre à l'Allemagne, le 3 septembre 1939, et l'invasion de la France, le 10 mai 1940, appelée ainsi en raison de l'immobilité des troupes et de l'absence d'actions d'envergure.
Je pense qu'on ne met pas de majuscule parce que cet emploi de drôle est familier, et ne l'inscrit donc pas officiellement dans les faits historiques. C'est une expression populaire.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Hippocampe
- Messages : 3115
- Inscription : dim. 17 avr. 2011, 18:15
Bonjour Jacques et merci pour ces précisions.
Mais un point me reste obscur : pourquoi existe-t-il des cas où l'adjectif qualifiant un nom est séparé du nom concerné par "de" ? Y a-t-il d'autres exemples ?
(Par ailleurs bon dimanche à tous. Dans le dix-neuvième arrondissement de Paris, il fait beau.)
Mais un point me reste obscur : pourquoi existe-t-il des cas où l'adjectif qualifiant un nom est séparé du nom concerné par "de" ? Y a-t-il d'autres exemples ?
(Par ailleurs bon dimanche à tous. Dans le dix-neuvième arrondissement de Paris, il fait beau.)
Car le feu s'est éteint, les oiseaux se sont tus et Ceinwen est partie.
- Claude
- Messages : 9173
- Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Près de l'abreuvoir le temps est moins pourri qu'hier mais il fait frisquet.Le dictionnaire de l'Académie a écrit :Il se met encore, dans le discours familier, après un nom, ou après un adjectif qui peut être employé comme nom, pour joindre ces mots avec le nom de la personne ou de la chose qu'ils qualifient. Ce diable d'homme. Quel chien de métier! Un fripon d'enfant. Un drôle de corps. Une drôle d'affaire.
- Hippocampe
- Messages : 3115
- Inscription : dim. 17 avr. 2011, 18:15
(Tout le monde se lève petit à petit.)
Merci Claude. Cette tournure fait-elle partie du langage familier ?
Remarque : nos drôles de cobelligérants de cette drôle de guerre qualifiaient celle-ci de "funny war". Je ne sais ce qu'en disaient nos drôles d'adversaires.
Merci Claude. Cette tournure fait-elle partie du langage familier ?
Remarque : nos drôles de cobelligérants de cette drôle de guerre qualifiaient celle-ci de "funny war". Je ne sais ce qu'en disaient nos drôles d'adversaires.
Car le feu s'est éteint, les oiseaux se sont tus et Ceinwen est partie.
- Claude
- Messages : 9173
- Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Personnellement j'emploie sans retenue drôle de ci ou drôle de ça dans le deuxième sens précisé par Jacques : bizarre, étrange, surprenant, insolite.Wikipedia a écrit :« Drôle de guerre » (en anglais phoney war, « fausse guerre » ; en allemand Sitzkrieg, « guerre assise » ; en polonais dziwna wojna « guerre étonnante »).
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
L'explication se trouve, entre autres, dans ce dictionnaire de 1818 :
DRÔLE. Adjectif des deux genres. Il se met après son substantif. Un homme drôle, un conte fort drôle. Lorsqu'on le prend substantivement, il régit quelquefois la préposition de. Un drôle de corps, un drôle d'homme, un drôle de poète, une drôle de manière de s'amuser.
C'est exactement la même tournure que dans son notaire de mari, son poète de voisin.
DRÔLE. Adjectif des deux genres. Il se met après son substantif. Un homme drôle, un conte fort drôle. Lorsqu'on le prend substantivement, il régit quelquefois la préposition de. Un drôle de corps, un drôle d'homme, un drôle de poète, une drôle de manière de s'amuser.
C'est exactement la même tournure que dans son notaire de mari, son poète de voisin.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
-
- Messages : 1230
- Inscription : mar. 11 sept. 2012, 9:16
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je n'avais pas vu l'affaire sous cet angle. Dans ce cas ma réponse est erronée : il y a deux substantifs, dont le second pourrait être complément du premier.Jacques-André-Albert a écrit : DRÔLE. Adjectif des deux genres. Il se met après son substantif. Un homme drôle, un conte fort drôle. Lorsqu'on le prend substantivement, il régit quelquefois la préposition de. Un drôle de corps, un drôle d'homme, un drôle de poète, une drôle de manière de s'amuser.
C'est exactement la même tournure que dans son notaire de mari, son poète de voisin.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
-
- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
« Drôle » comme adjectif ne signifie « bizarre » que placé après le nom dont il est épithète, tandis que comme attribut il a, selon le contexte, l’un ou l’autre sens. « Elle est drôle » peut vouloir dire « Elle est amusante » ou « Elle est bizarre ».
Le Robert DHLF nous explique que le mot a d’abord été un substantif, emprunté au néerlandais « drol » ou drolle », signifiant « lutin », « petit bonhomme ». Cette étymologie justifie peut-être que l’on considère « drôle » comme un substantif dans « un drôle d’homme ». Mais on dit pareillement « une drôle de femme ». Or « drôle » n’est mentionné dans mes dictionnaires que comme nom masculin. Il a été féminisé en « drôlesse » dans un sens particulier et cela n’explique donc en rien « une drôle de femme », où j’ai quelque difficulté à voir un véritable substantif « drôle ». Et le Robert DHLF manifeste une grande prudence en l’occurrence, il parle de la « construction » « un drôle de » (+nom) et oublie « une drôle de ». Il m’arrive d’entendre des phrases du genre « X a une bizarre d’auto », dont on sent bien l’incongruité, mais qu’il ne serait éventuellement pas aberrant de comparer à « la drôle de guerre ».
Le Robert DHLF nous explique que le mot a d’abord été un substantif, emprunté au néerlandais « drol » ou drolle », signifiant « lutin », « petit bonhomme ». Cette étymologie justifie peut-être que l’on considère « drôle » comme un substantif dans « un drôle d’homme ». Mais on dit pareillement « une drôle de femme ». Or « drôle » n’est mentionné dans mes dictionnaires que comme nom masculin. Il a été féminisé en « drôlesse » dans un sens particulier et cela n’explique donc en rien « une drôle de femme », où j’ai quelque difficulté à voir un véritable substantif « drôle ». Et le Robert DHLF manifeste une grande prudence en l’occurrence, il parle de la « construction » « un drôle de » (+nom) et oublie « une drôle de ». Il m’arrive d’entendre des phrases du genre « X a une bizarre d’auto », dont on sent bien l’incongruité, mais qu’il ne serait éventuellement pas aberrant de comparer à « la drôle de guerre ».
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Drôlesse est un archaïsme, qui, en tant que nom, ne s'emploie que pour faire le féminin de drôle dans le sens de « mauvais sujet ». La Marie est une drôlesse, usage aujourd'hui passé de mode, signifiait femme effrontée ou de mauvaise vie. Drôle est donc un adjectif des deux genres.
Je cite Littré :
DRÔLESSE (drô-lè-s'), s. f.
Terme de mépris. Fille ou femme d'une conduite mal réglée, quelquefois scandaleuse. Je n'ai rencontré au lieu d'elle qu'une drôlesse et un abbé périgourdin, VOLT. Candide, 24.
Je cite Littré :
DRÔLESSE (drô-lè-s'), s. f.
Terme de mépris. Fille ou femme d'une conduite mal réglée, quelquefois scandaleuse. Je n'ai rencontré au lieu d'elle qu'une drôlesse et un abbé périgourdin, VOLT. Candide, 24.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Hippocampe
- Messages : 3115
- Inscription : dim. 17 avr. 2011, 18:15
-
- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22