Votre réaction m'amène à préciser quelques points :
Jacques a écrit :La langue du royaume d'abord, puis de la République, depuis François 1er c'est le français.
La vérité, c'est que François Ier a voulu imposer le français face au latin dans les documents administratifs, ni plus, ni moins. Le multilinguisme de la France, qui commençait aux portes du palais royal, était un état de fait que personne, à l'époque, ne pouvait imaginer abolir.
Jacques a écrit :C'est en français que doivent s'exprimer tous les citoyens de ce pays.
C'est contraire à la liberté d'expression. Chacun est libre, dans sa sphère privée ou dans ses relations avec les autres, de s'exprimer dans la langue de son choix.
Jacques a écrit : Je n'accepte pas que dans les administrations alsaciennes on s'exprime en alsacien, que certaines inscriptions soient bilingues (et encore, parce que la loi a fini par imposer le français), que des fonctionnaires alsaciens s'adressent au public dans leur dialecte et pas dans la langue nationale.
Je pense qu'après des décennies de pressions de toute sorte sur les populations, de la négation de ce qu'ils avaient de plus intime, il était temps d'assouplir la position officielle. La langue maternelle est indissociable de l'histoire de chacun, est une part éminente de sa personnalité et de sa façon de penser et de sentir.
L'État français a été brutal et méprisant vis à vis de certains de ses concitoyens, allant jusqu'à nier l'existence d'autres langues que le français : dans les années 90, à l'hôpital de Brest, il était prévu, dans le dossier de chaque patient, une rubrique « langue maternelle », une reconnaissance pour les étrangers ou les immigrés. Mais les vieux bretonnants qui maniaient très mal le français n'avaient droit qu'à la mention « française » en face de « langue maternelle » (je le sais de source proche et sûre).
Jacques a écrit :Je n'accepte pas les menées nationalistes de certains, qu'ils soient alsaciens, basques ou bretons. Ni les actes de terrorisme insulaires.
Vous faites un raccourci simplificateur entre revendications linguistiques et terrorisme ; c'est ignorer les actions culturelles et festives, le travail de collecte auprès des anciens, les recherches universitaires, les soirées où les villageois se rencontrent pour échanger dans leur langue, tout cela majoritairement pacifique et la plupart du temps apolitique.
Jacques a écrit :Nous sommes en France, parlons français.
Vous avez raison : la connaissance généralisée du français dans le pays a permis les échanges, la facilité des déplacements.
Mais ce raisonnement, en étant un peu provocateur, je l'appliquerai au monde et à l'anglais, en prenant un exemple. Des investigateurs viennent d'être envoyés en Libye pour enquêter sur l'attentat contre l'ambassade de France. Nous pouvons nous féliciter de ce que tout le monde connaisse l'anglais pour permettre et faciliter ce genre de démarche.
Jacques a écrit :Bien entendu, vous n'êtes pas visé et cela ne doit pas vous empêcher de nous parler des particularités de cette langue en rapport avec nos discussions.
Personnellement, j'ai été confronté à la pauvreté d'une langue (le breton) pour l'expression de la pensée et des activités intellectuelles. Une grande langue de culture, c'est une langue qui s'est imposée dans tous les domaines de l'activité humaine, qui a pu créer une masse de documents de référence pour asseoir son développement.
Le français est une de ces langues qui permettent d'embrasser tous les aspects de la connaissance de l'homme et du monde. Pour autant, fallait-il pousser des millions de gens à se renier eux-mêmes dans ce qu'ils avaient de plus intime, le mode d'expression de leur être et d'échange avec leurs proches ?