Crise ?
- Jacques
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Crise ?
Je trouve un article sur l'affaire des producteurs d'œufs mécontents de la baisse des prix.
...une baisse des prix de vente, résultat d'un niveau d'offre trop élevé sur le marché. La production française d'oeufs serait actuellement de 30% supérieure à celle de l'année passée à la même époque. Elle est, dans tous les cas, supérieure à la demande.
Cette crise de l'offre fait suite à...
Je pense que le mot crise est employé à contresens. J'aimerais savoir ce que vous en pensez. Pour moi, ce serait plutôt une crise de la demande.
...une baisse des prix de vente, résultat d'un niveau d'offre trop élevé sur le marché. La production française d'oeufs serait actuellement de 30% supérieure à celle de l'année passée à la même époque. Elle est, dans tous les cas, supérieure à la demande.
Cette crise de l'offre fait suite à...
Je pense que le mot crise est employé à contresens. J'aimerais savoir ce que vous en pensez. Pour moi, ce serait plutôt une crise de la demande.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Après avoir consulté quelques dictionnaires, car je ne suis pas, moi, ancien économiste ou financier, je crois comprendre que le mot crise concerne plus globalement les deux agents économiques en présence. Mais si on veut un responsable dans le cas cité, comme on ne sait pas quel devrait être le niveau de la demande par rapport à l'année passée (ni d'ailleurs sur quels critères) alors qu'on connaît l'augmentation de la production, on ne peut pas savoir qui est le fauteur de crise. Me trompé-je ?
En tout cas, sur l'emploi devenu consensuel du mot crise pour caractériser la situation économique du monde, j'ai toujours eu un hérissement, considérant qu'on n'était plus en présence d'une crise mais de quelque chose comme une phase terminale. Je sais n'être pas seul à voir les choses ainsi. Qu'en pense notre économiste ?
En tout cas, sur l'emploi devenu consensuel du mot crise pour caractériser la situation économique du monde, j'ai toujours eu un hérissement, considérant qu'on n'était plus en présence d'une crise mais de quelque chose comme une phase terminale. Je sais n'être pas seul à voir les choses ainsi. Qu'en pense notre économiste ?
- Jacques
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Si c'est moi que vous qualifiez d'économiste, vous m'attribuez des compétences que je n'ai pas. J'étais dans la finance, sur le marché financier, et c'est un autre domaine.
L'offre et la demande, ce sont des moteurs qui ont jalonné mon parcours professionnel, mais je me place sur le plan de la langue. Je n'affirme rien, je cherche à comprendre, et pour moi le mot crise est synonyme de pénurie, de carence, de déficit. Je considère donc, quand la demande est inférieure à l'offre, qu'il y a une crise de demande. Il y aurait crise d'offre si celle-ci n'était pas suffisante pour répondre à la demande. Mais je ne suis pas certain de détenir la vérité, c'est pourquoi je sollicite les avis. Je retiens déjà le vôtre.
L'offre et la demande, ce sont des moteurs qui ont jalonné mon parcours professionnel, mais je me place sur le plan de la langue. Je n'affirme rien, je cherche à comprendre, et pour moi le mot crise est synonyme de pénurie, de carence, de déficit. Je considère donc, quand la demande est inférieure à l'offre, qu'il y a une crise de demande. Il y aurait crise d'offre si celle-ci n'était pas suffisante pour répondre à la demande. Mais je ne suis pas certain de détenir la vérité, c'est pourquoi je sollicite les avis. Je retiens déjà le vôtre.
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- Jacques
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L'une des définitions données par l'Académie confirme ce que nous pressentions : Spécialt. Insuffisance ou pénurie. La crise du pétrole, de l'énergie. La crise du logement. La crise de l'emploi. La crise de la natalité. La crise des vocations. (je n'avais pas encore consulté, j'essaye d'abord de définir moi-même un mot avant de regarder dans les dictionnaires).Anne a écrit :Je suis de votre avis, Jacques, pour moi aussi, il s'agit dans le cas que vous citez d'une crise de la demande et non de l'offre. Je ne m'exprimais pas parce que je n'avais rien de notable à ajouter, mais apparemment je ne suis pas seule à réagir comme ça.
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- Perkele
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Oui, quarante ans de crise, ce n'est plus une crise, c'est une maladie.Koutan a écrit :Après avoir consulté quelques dictionnaires, car je ne suis pas, moi, ancien économiste ou financier, je crois comprendre que le mot crise concerne plus globalement les deux agents économiques en présence. Mais si on veut un responsable dans le cas cité, comme on ne sait pas quel devrait être le niveau de la demande par rapport à l'année passée (ni d'ailleurs sur quels critères) alors qu'on connaît l'augmentation de la production, on ne peut pas savoir qui est le fauteur de crise. Me trompé-je ?
En tout cas, sur l'emploi devenu consensuel du mot crise pour caractériser la situation économique du monde, j'ai toujours eu un hérissement, considérant qu'on n'était plus en présence d'une crise mais de quelque chose comme une phase terminale. Je sais n'être pas seul à voir les choses ainsi. Qu'en pense notre économiste ?
La crise est l'épisode qui rend apparent un mauvais fonctionnement ; c'est ce qui se voit de la maladie : la douleur, la fièvre, l'évanouissement, l'impossibilité de fournir ou l'impossibilité de se procurer...
Parallèlement, l'hypocrisie est ce qui est au-dessous de ce qui se voit.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Je suis contente d'avoir appris ça aujourd'hui, merci Perkele.Perkele a écrit :La crise est l'épisode qui rend apparent un mauvais fonctionnement ; c'est ce qui se voit de la maladie : la douleur, la fièvre, l'évanouissement, l'impossibilité de fournir ou l'impossibilité de se procurer...
Parallèlement, l'hypocrisie est ce qui est au-dessous de ce qui se voit.
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- Jacques
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J’aimerais apporter quelques précisions. J’ai consulté le Dictionnaire étymologique de Jacqueline Picoche, le Dictionnaire historique de la langue française et mon traité sur les racines grecques.
Hypocrisie est bien de la famille de crise, tout comme critique, critère, endocrine : krinein, en grec, veut dire trier. Krisis c’est l’art de trancher une situation embrouillée. D’après les trois références citées ci-dessus, dans hypocrite hypo n’a pas le sens de sous ou en dessous comme dans hypoderme, ni celui d’insuffisance comme dans hypothermie ou hypoglycémie.
C’est un préfixe d’atténuation synonyme de légèrement.
Hupokrinestai signifiait donner une légère explication, donc répondre ; hupokritês, la personne qui répond. On l’appliqua à celui qui, au théâtre, donnait légèrement la réplique (dans le théâtre antique une seule personne répondait au chœur). Par une évolution logique fondée sur les faux-semblants, l’hypocrite était celui qui, comme l’acteur (l'hupokritês), jouait la comédie en feignant des sentiments qu’il n’éprouvait pas. On l’a appliqué, entre autres, aux faux dévots. Et hupokrisis (hypocrisie), c'était la réplique, principalement de théâtre.
Hypocrisie est bien de la famille de crise, tout comme critique, critère, endocrine : krinein, en grec, veut dire trier. Krisis c’est l’art de trancher une situation embrouillée. D’après les trois références citées ci-dessus, dans hypocrite hypo n’a pas le sens de sous ou en dessous comme dans hypoderme, ni celui d’insuffisance comme dans hypothermie ou hypoglycémie.
C’est un préfixe d’atténuation synonyme de légèrement.
Hupokrinestai signifiait donner une légère explication, donc répondre ; hupokritês, la personne qui répond. On l’appliqua à celui qui, au théâtre, donnait légèrement la réplique (dans le théâtre antique une seule personne répondait au chœur). Par une évolution logique fondée sur les faux-semblants, l’hypocrite était celui qui, comme l’acteur (l'hupokritês), jouait la comédie en feignant des sentiments qu’il n’éprouvait pas. On l’a appliqué, entre autres, aux faux dévots. Et hupokrisis (hypocrisie), c'était la réplique, principalement de théâtre.
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- Perkele
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Je n'ai jamais eu vent de la première partie de cette explication (ce qui ne veut, en aucun cas, dire que je la réfute). On m'avait enseigné simplement la notion d'apparence intrinsèque à un rôle de théâtre et la feinte à laquelle il contraignait l'hypocrite, c'est-à-dire l'acteur (dont la personne réelle est au dessous de ce qu'il montre).
À fouiller !
À fouiller !
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- Jacques
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C'est-à-dire que sa personnalité propre est derrière le masque (au sens large). Ce n'est pas incompatible. La notion générale attachée à hypocrite et hypocrisie, c'est le rôle joué, notion qui par la suite a pris un sens péjoratif. Le préfixe hypo me paraît remplir un rôle très secondaire.Perkele a écrit : On m'avait enseigné simplement la notion d'apparence intrinsèque à un rôle de théâtre et la feinte à laquelle il contraignait l'hypocrite, c'est-à-dire l'acteur (dont la personne réelle est au dessous de ce qu'il montre). À fouiller !
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De ce que je me rappelle, la crise correspond au maximum local d'un cycle économique donc la fin de la période P (prospérité) et le début de la période R (récession) du schéma que vous pouvez voir ici. [A l'opposé, le minimum est appelé la reprise.]
Mais que croyaient-ils ? Pensaient-ils pouvoir jouir d'un monopole de l'offre des oeufs ?
Donc, dans le cas évoqué dans le premier message, la crise me semble déjà passée. Au contraire, c'est la reprise, et il est compréhensible que, si une entreprise profite de cette reprise, les autres entreprises réagissent de la même manière, donc qu'il y ait concurrence.Selon Kondratiev, la phase ascendante s’accompagne progressivement d’un excès d’investissement réalisé par les entreprises pour faire face à la concurrence, ce qui provoque une hausse des prix, les industriels répercutant leurs coûts de production sur les produits, et des taux d'intérêt qui augmentent face à une forte demande de la monnaie. Il s'ensuit donc un déclin de l’activité économique durant lequel les prix baissent, dû à un excès de l'offre et à une baisse de la demande, ainsi que les taux d'intérêts, la baisse de la consommation et des investissements entraîne une baisse de la demande de monnaie, ce qui permet une purge du système et prépare le terrain pour une nouvelle phase de croissance.
Mais que croyaient-ils ? Pensaient-ils pouvoir jouir d'un monopole de l'offre des oeufs ?
Nous sommes libres. Wir sind frei. We are free. Somos libres. Siamo liberi.
- Jacques
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La question ne concernait pas la définition ou l'analyse de la crise, mais l'emploi du mot : le commentateur parlait de crise de l'offre, alors que l'offre est excédentaire. C'était donc une crise de la demande. Je voulais savoir si les avis s'accordaient avec le mien.
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