AVEC MON FRÈRE
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AVEC MON FRÈRE
C'est une sorte de devinette. Par définition, elle ne s'adresse qu'à ceux qui n'en connaissent pas la solution ! Mais je crains qu'ils soient peu nombreux sur ce forum !
Dans une partie de la Bretagne, lorsqu'un enfant dit au lendemain de Noël "J'ai eu un vélo avec mon frère", il n'est probablement pas compris par un petit camarade d'origine parisienne, marseillaise ou lilloise.
Dans une partie de la Bretagne, lorsqu'un enfant dit au lendemain de Noël "J'ai eu un vélo avec mon frère", il n'est probablement pas compris par un petit camarade d'origine parisienne, marseillaise ou lilloise.
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C'est exactement cela. Le français parlé dans la partie de la Bretagne où l'on utilise aussi le breton est parfois marqué par cette langue, qui ne connaît pas d'équivalent exact de le préposition "par" amenant le complément d'agent, mais seulement "gant", avec (son sens de base). Sans qu'elle aille jusqu'à introduire le complément d'agent en français standard, notre préposition "avec", il faut bien l'admettre, s'emploie un peu à toutes les sauces.
Un deuxième élément étonnant, dans cette même région, est l'emploi du verbe "envoyer", qui faillit un jour provoquer un incident dans une émission télévisée parisienne. L'animateur s'adressa à une spectatrice finistérienne de passage, elle lui dit qu'elle lui avait envoyé un objet, il se retourna et s'adressa à son assistant en s'étonnant que l'objet ne lui ait pas été remis. Or cette spectatrice avait l'objet avec elle et le donna directement à l'animateur, qui comprit qu'"envoyer" signifiait pour elle "porter", "apporter".
Un deuxième élément étonnant, dans cette même région, est l'emploi du verbe "envoyer", qui faillit un jour provoquer un incident dans une émission télévisée parisienne. L'animateur s'adressa à une spectatrice finistérienne de passage, elle lui dit qu'elle lui avait envoyé un objet, il se retourna et s'adressa à son assistant en s'étonnant que l'objet ne lui ait pas été remis. Or cette spectatrice avait l'objet avec elle et le donna directement à l'animateur, qui comprit qu'"envoyer" signifiait pour elle "porter", "apporter".
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- Jacques
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J'ai l'habitude de déchiffrer les tournures non standard à cause de séjours en Belgique, en Normandie et dans les Ardennes françaises.
En Belgique, par exemple, on ne demandera pas Quel est cet outil ? (ou ce drôle d'outil) mais Qu'est-ce que ça est pour un outil ? Ce qui rappellera quelque chose à André.
En Belgique, par exemple, on ne demandera pas Quel est cet outil ? (ou ce drôle d'outil) mais Qu'est-ce que ça est pour un outil ? Ce qui rappellera quelque chose à André.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Il en va de même pour le fameux "une fois" intégré à toute phrase dans laquelle on veut imiter le français de Belgique, et effectivement davantage utilisé outre-Quiévrain, parce que traduisant des tournures néerlandaises ou allemandes signifiant réellement "une fois" (et non deux) à l'origine, mais dont le sens a glissé vers "donc", "un peu", "pour voir"... Le français de France ne parvient pas — et il n'en éprouve pas le besoin — à donner ce sens à "une fois".
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
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J'ai toujours pensé en effet que c'était une formule qui n'avait pas de signification : Viens ici une fois, fais voir une fois, etc.
Attention, il n'est pas ici question de se moquer, je ne me le permettrais pas, j'ai trop de respect et d'affection pour nos aimables voisins, et pour le sang belge qui coule dans mes veines. Nous examinons simplement les particularités du français d'outre-frontière, au même titre que les régionalismes de France, les québécismes ou les helvétismes.
Attention, il n'est pas ici question de se moquer, je ne me le permettrais pas, j'ai trop de respect et d'affection pour nos aimables voisins, et pour le sang belge qui coule dans mes veines. Nous examinons simplement les particularités du français d'outre-frontière, au même titre que les régionalismes de France, les québécismes ou les helvétismes.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Un jour, mon épouse discutait avec une femme belge rencontrée sur notre lieu de vacances. Elles parlaient toutes deux de parcs d'attractions où elles avaient emmené les enfants. La belge ayant apprécié un parc qui comptait beaucoup de moulins pour les tout-petits, mon épouse ne se souvint pas d'y avoir vu ce genre d'édifice et mit un certain temps à comprendre de quoi il s'agissait,.... et que vous aurez sans doute deviné.
Votre frère aurait donc pu aussi vous amener un vélo avec la poste (après avoir démonté les mneus), que c'est.*André (G., R.) a écrit :C'est exactement cela. Le français parlé dans la partie de la Bretagne où l'on utilise aussi le breton est parfois marqué par cette langue, qui ne connaît pas d'équivalent exact de le préposition "par" amenant le complément d'agent, mais seulement "gant", avec (son sens de base). Sans qu'elle aille jusqu'à introduire le complément d'agent en français standard, notre préposition "avec", il faut bien l'admettre, s'emploie un peu à toutes les sauces.
Un deuxième élément étonnant, dans cette même région, est l'emploi du verbe "envoyer", qui faillit un jour provoquer un incident dans une émission télévisée parisienne. L'animateur s'adressa à une spectatrice finistérienne de passage, elle lui dit qu'elle lui avait envoyé un objet, il se retourna et s'adressa à son assistant en s'étonnant que l'objet ne lui ait pas été remis. Or cette spectatrice avait l'objet avec elle et le donna directement à l'animateur, qui comprit qu'"envoyer" signifiait pour elle "porter", "apporter".
*Traduction : vous envoyer un vélo par la poste (après en avoir démonté les pneus).
- Karl d'Aulnay
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- Inscription : mer. 06 nov. 2013, 14:44
Permettez-moi d'intervenir, puisque l'on parle de mon chez-moi.
Tout d'abord, je vais rebondir sur votre phrase, Jacques.
L'on n'entendra jamais « Qu'est-ce que ça est pour un outil ? » en Belgique. À la rigueur, « Qu'est-ce [que c'est] pour un outil ? », oui, mais « ça est » n'est pas plus utilisé de mon côté de la frontière que du vôtre. C'est carrément incorrect, en fait.
Ce « pour » qui peut surprendre l'oreille non avertie est effectivement une germanisation, cela dit. On peut, sans l'aide du dictionnaire, passer à l'anglais (what is this for?) pour, si pas s'en assurer, au moins avoir un argument en faveur de la germanisation.
Ensuite, le fameux « une fois » est largement exagéré, et est considéré comme un régionalisme en Belgique même. À Liège, par exemple, on n'entendra pas cette formulation.
Quant aux moulins de parcs d'attraction, j'avoue ne pas avoir la moindre idée de ce dont il s'agit.
Tout d'abord, je vais rebondir sur votre phrase, Jacques.
L'on n'entendra jamais « Qu'est-ce que ça est pour un outil ? » en Belgique. À la rigueur, « Qu'est-ce [que c'est] pour un outil ? », oui, mais « ça est » n'est pas plus utilisé de mon côté de la frontière que du vôtre. C'est carrément incorrect, en fait.
Ce « pour » qui peut surprendre l'oreille non avertie est effectivement une germanisation, cela dit. On peut, sans l'aide du dictionnaire, passer à l'anglais (what is this for?) pour, si pas s'en assurer, au moins avoir un argument en faveur de la germanisation.
Ensuite, le fameux « une fois » est largement exagéré, et est considéré comme un régionalisme en Belgique même. À Liège, par exemple, on n'entendra pas cette formulation.
Quant aux moulins de parcs d'attraction, j'avoue ne pas avoir la moindre idée de ce dont il s'agit.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je l'ai pourtant bien entendu, et je peux vous dire où : dans la bouche de mes copains et copines, parfois aussi chez des adultes, dans une petite commune du Hainaut, pas loin de Charleroi. Et pas seulement une fois.Karl d'Aulnay a écrit :Tout d'abord, je vais rebondir sur votre phrase, Jacques.
L'on n'entendra jamais « Qu'est-ce que ça est pour un outil ? » en Belgique. À la rigueur, « Qu'est-ce [que c'est] pour un outil ? », oui, mais « ça est » n'est pas plus utilisé de mon côté de la frontière que du vôtre.
Peut-être aussi dans ma famille, du côté de Huy, mais là je suis moins affirmatif.
Ce n'est pas un souvenir fabriqué par mon imagination, ce genre de chose ne s'invente pas.
Vous ne pouvez pas vous porter garant des différents parlers de toute la Belgique francophone, de même que moi, si je vivais en Belgique, je ne pourrais pas évoquer avec certitude toutes les formes qui existent dans les nombreuses régions de France, de la Picardie à la Normandie en passant par la Provence et l'Auvergne.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).