Un correspondant, membre de notre association Défense de la langue française, m'a envoyé par courriel un texte pointant les fautes de français d'un personnage politique connu.
À la suite de quoi, il m'a fait ces remarques que je trouve intéressantes sur l'utilité de la langue française. Je reproduis son message sans le modifier, en demandant une grande indulgence pour ses quelques fautes de frappe. Il est aveugle de naissance, et n'a pas comme nous la possibilité de se relire ; son logiciel de reconnaissance de caractères traduit les mots en sons, et les erreurs d'écriture ne sont pas décelables.
« Je trouvais cet article intéressant car il pointait un défaut des derniers présidents : le mépris de la langue française, qui va de pair avec l'abandon de notre souveraineté... bref, de la substance de la nation dont le véhicule doit être la langue. or, pourquoi une langue s'il n'y a plus rien à faire passer ? exit les grands auteurs, la culture française, l'histoire de la france. La déculturation se fait au plus petit commun dénominateur : consommation, satisfaction immédiate de nouveaux besoin induits par une sorte de libéralisme économique et un édonisme sans cesse valorisé... Et pour ça, le sabir américain suffit amplement. Si défendre la langue est une simple satisfaction intellectuelle, alors je n'en suis pas. En revanche, si défendre la langue est aussi défendre ce qu'elle a véhiculé, alors, oui, j'en suis....
Tout à fait d'accord avec toi pour le côté commédien de nos politicaillons mais, que veux-tu, on ne fait qu'avec ce qu'on a... »
Réflexions sur la langue
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Réflexions sur la langue
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
-
- Messages : 1230
- Inscription : mar. 11 sept. 2012, 9:16
Pourtant, malgré l'opinion de votre ami, je défends aussi la langue par satisfaction intellectuelle.
En effet, beaucoup de ses altérations à la mode n'ont pas de but idéologique ou intéressé, à l'inverse de la madame la présidente. Beaucoup sont seulement le résultat de l'ignorance ou de la niaiserie avec laquelle on copie vocabulaire et syntaxe étrangers. Or, indépendamment de la défense de ce que la langue véhicule, comme préconise votre ami, il n'y a aucune raison de plier devant la sottise, en sorte que la défense de la langue "pour le plaisir d'avoir raison", c'est-à-dire pour s'épargner le déplaisir d'être contraint par la sottise, me semble tout à fait légitime.
En effet, beaucoup de ses altérations à la mode n'ont pas de but idéologique ou intéressé, à l'inverse de la madame la présidente. Beaucoup sont seulement le résultat de l'ignorance ou de la niaiserie avec laquelle on copie vocabulaire et syntaxe étrangers. Or, indépendamment de la défense de ce que la langue véhicule, comme préconise votre ami, il n'y a aucune raison de plier devant la sottise, en sorte que la défense de la langue "pour le plaisir d'avoir raison", c'est-à-dire pour s'épargner le déplaisir d'être contraint par la sottise, me semble tout à fait légitime.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
C'est une opinion qui se défend.
Ce forum est la preuve que nous sommes attentifs à la langue pour l'amour de l'art, sans but utilitaire.
En fait mon ami (un autre Jacques) envisage surtout, je crois, la langue comme véhicule de la pensée, dans son sens très large.
Ce forum est la preuve que nous sommes attentifs à la langue pour l'amour de l'art, sans but utilitaire.
En fait mon ami (un autre Jacques) envisage surtout, je crois, la langue comme véhicule de la pensée, dans son sens très large.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
-
- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Que la France ait abandonné une partie de sa souveraineté dans les trente dernières années me semble indéniable. Il s’agit d’une évolution historique lourde, mais le français serait-il différent si elle n’avait pas eu lieu ? Sans doute à peine. Pensons à l’Allemagne : certes, avant la chute du mur de Berlin, on commençait à observer une très légère différenciation linguistique entre RFA et RDA, mais personne n’a jamais dit, à ma connaissance, que l’allemand parlé en Allemagne de l’Est, plus repliée sur elle-même, était meilleur.
Le respect de la langue par les politiques : un vaste sujet ! Ils ne sont pas tous aussi coupables les uns que les autres et nous ne devons pas oublier qu’ils sont obligés de nos jours d’avoir des compétences dans des domaines dont on ne parlait pas jadis. « Tous pourris » ne fait pas plus partie de mon vocabulaire dans ce domaine que dans d’autres.
N’oublions jamais que le prestige, le succès et la vitalité d’une langue d’une part, l’économie des pays qui la parlent, de l’autre, peuvent être étroitement liés. La qualité de l’industrie horlogère du Jura (francophone) suisse est notoire : en Allemagne, les marques concernées vantent (partiellement) leurs produits en français et vendent des montres où sont gravées des inscriptions dans notre langue, j’ai l’impression qu’elles en font autant dans le reste du monde.
Je n’ai toutefois jamais pensé que la qualité et le succès du français ne dépendaient que de performances commerciales et industrielles ! Les productions littéraires de qualité peuvent heureusement n’avoir aucun rapport avec le niveau économique de leur pays d’origine et je crois qu’à cet égard la France est particulièrement fondée à avancer l’argument de l’exception culturelle dans les négociations internationales : elle est le premier pays au monde pour le nombre de prix Nobel de littérature et vient de renforcer cette position (sans que son rang économique soit toutefois négligeable). La langue française véhicule en 2014 des valeurs intellectuelles reconnues internationalement.
Lorsque je déplore qu’un journaliste écrive N'attendons pas les fêtes de fin d'année pour se faire plaisir, comme vous, jarnicoton, j’ai probablement en tête « le plaisir d’avoir raison », mais je me sens incapable de le dissocier de ce qu’« a véhiculé » et continue de véhiculer notre belle langue.
Le respect de la langue par les politiques : un vaste sujet ! Ils ne sont pas tous aussi coupables les uns que les autres et nous ne devons pas oublier qu’ils sont obligés de nos jours d’avoir des compétences dans des domaines dont on ne parlait pas jadis. « Tous pourris » ne fait pas plus partie de mon vocabulaire dans ce domaine que dans d’autres.
N’oublions jamais que le prestige, le succès et la vitalité d’une langue d’une part, l’économie des pays qui la parlent, de l’autre, peuvent être étroitement liés. La qualité de l’industrie horlogère du Jura (francophone) suisse est notoire : en Allemagne, les marques concernées vantent (partiellement) leurs produits en français et vendent des montres où sont gravées des inscriptions dans notre langue, j’ai l’impression qu’elles en font autant dans le reste du monde.
Je n’ai toutefois jamais pensé que la qualité et le succès du français ne dépendaient que de performances commerciales et industrielles ! Les productions littéraires de qualité peuvent heureusement n’avoir aucun rapport avec le niveau économique de leur pays d’origine et je crois qu’à cet égard la France est particulièrement fondée à avancer l’argument de l’exception culturelle dans les négociations internationales : elle est le premier pays au monde pour le nombre de prix Nobel de littérature et vient de renforcer cette position (sans que son rang économique soit toutefois négligeable). La langue française véhicule en 2014 des valeurs intellectuelles reconnues internationalement.
Lorsque je déplore qu’un journaliste écrive N'attendons pas les fêtes de fin d'année pour se faire plaisir, comme vous, jarnicoton, j’ai probablement en tête « le plaisir d’avoir raison », mais je me sens incapable de le dissocier de ce qu’« a véhiculé » et continue de véhiculer notre belle langue.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je n'ai pas vraiment d'opinion sur ces questions. Il m'a semblé intéressant de publier cet avis sans forcément m'y rallier. C'est un point de vue, nous constatons qu'il y en a d'autres.
Ce qui est souvent dénoncé, c'est que l'invasion de l'Europe par les américanismes aurait une influence sur une certaine soumission envers tout ce qui vient de là-bas, surtout dans le commerce.
À vrai dire, je ne me suis jamais préoccupé de cela.
Quant aux personnages politiques, ils représentent dans une minorité l'échantillonnage de ce que l'on peut constater à l'échelon national : une diversité de comportements, de mentalités, de personnalités, de défauts, de qualités... Je n'ai jamais fait de généralités dans le genre de « Tous les... sont comme ceci et comme cela ». Les généralités ne sont pas logiques. J'en ai moi-même été la cible, comme je l'ai dit précédemment, pendant toute ma carrière ; parce que je travaillais dans la finance, des gens m'ont dit que je faisais un métier de voleur, ce qui était fondamentalement faux.
Ce qui est souvent dénoncé, c'est que l'invasion de l'Europe par les américanismes aurait une influence sur une certaine soumission envers tout ce qui vient de là-bas, surtout dans le commerce.
À vrai dire, je ne me suis jamais préoccupé de cela.
Quant aux personnages politiques, ils représentent dans une minorité l'échantillonnage de ce que l'on peut constater à l'échelon national : une diversité de comportements, de mentalités, de personnalités, de défauts, de qualités... Je n'ai jamais fait de généralités dans le genre de « Tous les... sont comme ceci et comme cela ». Les généralités ne sont pas logiques. J'en ai moi-même été la cible, comme je l'ai dit précédemment, pendant toute ma carrière ; parce que je travaillais dans la finance, des gens m'ont dit que je faisais un métier de voleur, ce qui était fondamentalement faux.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
-
- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Un auteur s'est spécialisé dans la collecte de perles entendues aux comptoirs des cafés. Puisque c'est dimanche, je me permets d'en proposer quelques-unes plus ou moins en rapport avec ce sujet : :D
Je comprends pas notre époque… Il est pas en français pour moi le XXIe siècle.
Déjà qu’il y a l’euro partout, si en plus au boulot on parle anglais et qu’on bouffe chinois, je vois pas l’intérêt de rester en France.
L’orthographe on s’en fout, les mots c’est pas fait pour être écrit, de toute façon.
Moi, même si j’écrivais un livre, je le lirais pas, je lis jamais.
Ça sert à rien l’orthographe si plus personne voit les fautes.
L’orthographe, ça sert beaucoup plus pour faire des fautes que pour pas en faire.
Le meilleur moyen de savoir si un candidat est un menteur c’est de voter pour lui.
Je comprends pas notre époque… Il est pas en français pour moi le XXIe siècle.
Déjà qu’il y a l’euro partout, si en plus au boulot on parle anglais et qu’on bouffe chinois, je vois pas l’intérêt de rester en France.
L’orthographe on s’en fout, les mots c’est pas fait pour être écrit, de toute façon.
Moi, même si j’écrivais un livre, je le lirais pas, je lis jamais.
Ça sert à rien l’orthographe si plus personne voit les fautes.
L’orthographe, ça sert beaucoup plus pour faire des fautes que pour pas en faire.
Le meilleur moyen de savoir si un candidat est un menteur c’est de voter pour lui.