Accents régionaux
- Islwyn
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- Inscription : sam. 16 févr. 2013, 12:09
- Localisation : Royaume-Uni (décédé le 9 mars 2018)
Accents régionaux
État présent intéressant sur les accents régionaux ici :
http://www.lemonde.fr/culture/article/2 ... _3246.html
http://www.lemonde.fr/culture/article/2 ... _3246.html
Quantum mutatus ab illo
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Merci, c'est très instructif. J'ai commencé à le lire, je continuerai par bribes.
Contrairement à ce qui se dit dans l’article, par comparaison avec mon enfance je constate une forte diminution des accents. Les Bourguignons d’aujourd’hui ont l’accent « standard », alors que dans ma famille originaire de Beaune, le terroir était fortement marqué dans l’expression orale il y a une soixantaine d’années. Chez les Alsaciens, le rapprochement avec le mode standard se remarque aussi nettement. Je me souviens d’une cousine nommée Salomé, qui disait en me regardant : « Gomme il est chentil ze betit Chaques ». Il n’y a guère que les vieux qui de nos jours ont un germanisme assez fort dans l’accent. Les Bretons, qui ont pourtant une langue celtique, donc non romane, s’expriment comme des Parisiens.
Ici dans la Champagne Ardenne, à 120 km de la capitale, accent parisien. Sauf mes voisins, de vrais immigrés ardennais, qui ont l’accent de mon enfance, mais léger, il n’y a guère que des traces, alors que dans ma famille il était très fort.
Atténuation générale donc, et parfois disparition.
Contrairement à ce qui se dit dans l’article, par comparaison avec mon enfance je constate une forte diminution des accents. Les Bourguignons d’aujourd’hui ont l’accent « standard », alors que dans ma famille originaire de Beaune, le terroir était fortement marqué dans l’expression orale il y a une soixantaine d’années. Chez les Alsaciens, le rapprochement avec le mode standard se remarque aussi nettement. Je me souviens d’une cousine nommée Salomé, qui disait en me regardant : « Gomme il est chentil ze betit Chaques ». Il n’y a guère que les vieux qui de nos jours ont un germanisme assez fort dans l’accent. Les Bretons, qui ont pourtant une langue celtique, donc non romane, s’expriment comme des Parisiens.
Ici dans la Champagne Ardenne, à 120 km de la capitale, accent parisien. Sauf mes voisins, de vrais immigrés ardennais, qui ont l’accent de mon enfance, mais léger, il n’y a guère que des traces, alors que dans ma famille il était très fort.
Atténuation générale donc, et parfois disparition.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Je ne suis pas certain que l'auteur de l'article soit un scientifique de la langue : la disparition des distinctions entre brun et brin, entre patte et pâte ne me semble pas relever du sujet, il s'agit, quand bien même ces distinctions n'auraient pas été faites jadis de manière uniforme sur l'ensemble des territoires francophones, d'une évolution générale, probablement venue des élites parisiennes.
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Il me semble que la disparition de la distinction Brun/brin, du moins dans la moitié nord e la France, est plus ancienne que la distinction pâte/patte. La première a disparu à Paris avant le vingtième siècle (mes grand-parents parisiens, nés avant 1890, ne la faisaient pas), alors que la seconde a encore cours (toujours à Paris) dans ma génération (naissance après la deuxième guerre mondiale).
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Je suis obligé de m'inscrire partiellement en faux avec cela, Jacques. Époux d'une Brestoise, je suis tombé des nues lors de mes premières visites dans la famille de ma femme. Il a déjà été question ici, je crois, du livre d'Hervé LOSSEC, Les bretonnismes, qui traite très agréablement, mais de manière non scientifique, de ce sujet.Jacques a écrit : Les Bretons, qui ont pourtant une langue celtique, donc non romane, s’expriment comme des Parisiens.
La Bretagne traditionnelle parle deux langues, le breton dans sa partie occidentale et le gallo à l'est. Le gallo est l'un des parlers (que j'appelle patois) de l'Ouest qui ont contribué à l'élaboration du français standard, il a par exemple beaucoup de points communs avec le patois sarthois, que je connais mieux, et ses locuteurs ont depuis longtemps le sentiment que le français parisien est « meilleur » que leur parler.
Dans la zone traditionnellement bretonnante de la Bretagne, par contre, un véritable accent subsiste et des tournures du breton y sont parfois traduites mot à mot en français. Concernant l'accent en tant que tel, on est frappé entre autres par le fait que la côte s'y dit comme la cote, à l'instar de ce que l'on constate dans le Midi.
Islwyn, vous nous avez proposé une lecture intéressante, je vous en remercie.
J'ai, bien évidemment, un accent. Non pas l'accent suisse, qui n'existe pas contrairement à une croyance générale en France, mais l'accent genevois.
C'est un parler lent, trainant même, plus ou moins chantonnant. Il fait la différence entre brun et brin. Tout comme entre patte et pâte (et encore je n'arrive pas à mettre suffisamment de circonflexes sur le a de pâte).
Je n'en suis ni attristé, ni fier (comment peut-on être fier de quelque chose dont on n'est pas responsable ?), c'est simplement un fait. je ne tenterai jamais de corriger mon accent : je suis d'où je suis.
J'ai, bien évidemment, un accent. Non pas l'accent suisse, qui n'existe pas contrairement à une croyance générale en France, mais l'accent genevois.
C'est un parler lent, trainant même, plus ou moins chantonnant. Il fait la différence entre brun et brin. Tout comme entre patte et pâte (et encore je n'arrive pas à mettre suffisamment de circonflexes sur le a de pâte).
Je n'en suis ni attristé, ni fier (comment peut-on être fier de quelque chose dont on n'est pas responsable ?), c'est simplement un fait. je ne tenterai jamais de corriger mon accent : je suis d'où je suis.
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Ces traits me semblent concerner l'ensemble de la Romandie, mais j'en suis trop loin géographiquement pour pouvoir en juger sérieusement.abgech a écrit :J'ai, bien évidemment, un accent. Non pas l'accent suisse, qui n'existe pas contrairement à une croyance générale en France, mais l'accent genevois.
C'est un parler lent, trainant même, plus ou moins chantonnant.
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Puisqu'on est dans les accents, j'en profite pour dire ce que j'entends dans les accents méridionaux. En réalité, j'ai du mal, en tant que septentrional, à distinguer les uns des autres, sauf peut-être l'accent corse, beaucoup moins chantant que ce qu'on entend dans bien des régions méridionales. Ce qui m'étonne, c'est l'accent basque, que j'ai du mal à distinguer de l'accent gascon ou béarnais, et qui a pourtant été porté par la langue basque, langue non latine.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Manni-Gédéon
- Messages : 1217
- Inscription : lun. 12 avr. 2010, 14:35
- Localisation : Genève (CH)
Après de longues heures de recherche, avec une connexion qui pécloteAndré (G., R.) a écrit :Ces traits me semblent concerner l'ensemble de la Romandie, mais j'en suis trop loin géographiquement pour pouvoir en juger sérieusement.abgech a écrit :J'ai, bien évidemment, un accent. Non pas l'accent suisse, qui n'existe pas contrairement à une croyance générale en France, mais l'accent genevois.
C'est un parler lent, trainant même, plus ou moins chantonnant.
![[clin d'oeil] :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
canton de Genève
canton de Vaud ; ici, l'accent est particulièrement prononcé
canton de Neuchâtel
canton du Jura
canton de Fribourg ; vous pouvez sauter 1 minute 20
canton du Valais
Entendez-vous les différences ?
Pour récompenser vos efforts, je vous offre un poème vaudois car, vous l'avez peut-être deviné, je suis d'origine vaudoise.
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
Gandhi, La Jeune Inde
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Oui, l'écoute ininterrompue de ces enregistrements permet de percevoir des différences. Mais si je rencontre à Paris six autres représentants de ces cantons, je crois bien que je serai toujours seulement en mesure de déceler leur accent « suisse », et encore : je me demanderai probablement s'il n'y a pas des Jurassiens français et des Savoyards parmi eux !
Joli poème sur la Venoge, un cours d'eau dont j'entends parler, me semble-t-il, pour la première fois.
Joli poème sur la Venoge, un cours d'eau dont j'entends parler, me semble-t-il, pour la première fois.
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Ce que je trouve remarquable dans l'accent vaudois, c'est la prononciation du son « an », qui tire un peu vers le E. Ce détail m'avait frappé lors d'un reportage sur le lac Léman, d'autant plus que le nom du lac revenait souvent.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Manni-Gédéon
- Messages : 1217
- Inscription : lun. 12 avr. 2010, 14:35
- Localisation : Genève (CH)
Je ne connais pas l'accent du Jura français, mais je trouve qu'il y a des similitudes entre l'accent genevois et l'accent de la Haute-Savoie.
Il me semble que ce sont principalement les intonations et les différences de vocabulaire (plus que la couleur des voyelles) qui trahissent les Français en Suisse et inversement.
Quand je vais dans le canton de Vaud, ce sont aussi les an (ou en) qui me frappent en premier.
Il me semble que ce sont principalement les intonations et les différences de vocabulaire (plus que la couleur des voyelles) qui trahissent les Français en Suisse et inversement.
Quand je vais dans le canton de Vaud, ce sont aussi les an (ou en) qui me frappent en premier.
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Gandhi, La Jeune Inde
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