DICTÉE

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André (G., R.)
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DICTÉE

Message par André (G., R.) »

Si vous souhaitez tester vos connaissances en orthographe, ne regardez pas le texte qui suit, demandez qu'on vous le lise. Il s'agit de la dictée de la finale nationale des Timbrés de l'orthographe, qui s'est déroulée hier samedi 6 juin, au théâtre de l'Alliance française à Paris. Le texte a été composé par l'écrivain Éric-Emmanuel SCHMITT, assisté du journaliste Frédérick GERSAL, et lu par le comédien Lorànt DEUTSCH.



« À cœur vaillant, rien d'impossible »

Il est des bâtiments qui traversent les siècles sans subir la moindre égratignure, ou presque. Le palais Jacques-Cœur est de ceux-là. Rien ne semble avoir bougé depuis le jour où le riche marchand l’a fait ériger.

Construit sur l'antique muraille romaine dont les tours s'offrent encore aux yeux du visiteur, l’édifice présente sur sa façade les visages de pierre de Jacques et de son épouse, venus accueillir le touriste. Et l’on traverse la cour, et l’on grimpe l’escalier à vis devenu élément décoratif, et l’on flâne dans les salles d’apparat…

Et l’on pénètre dans la salle des festins avec sa cheminée monumentale et sa loge en contrehaut pour les musiciens, et l’on arrive dans les étuves ou les cuisines…

À la magnificence de ce chefd’œuvre d’architecture gothique, le grand argentier a su ajouter le confort : bains pour se délasser et même un passe-plat sis entre deux pièces communicantes pour apporter au plus tôt les rôts sur la table des convives afin qu’on les servît chauds.

J’aime considérer ce monument et ce qu’il dénote, voire connote, comme des signes avant-coureurs de la Renaissance. Jacques Cœur, personnalité berruyère de renom, a été le premier à emprunter les flots méditerranéens, qu’on n’aurait estimés si propices aux échanges sans l’exemple des cités marchandes italiennes, mères du quattrocento...

C’est aussi, avec lui, la fin de la féodalité, quand seuls ceux qui combattaient et ceux qui priaient semblaient être élus de Dieu. Ces viles activités qu’étaient l’échange, l’argent et, disons-le sans faire de façons, l’import-export – activités que les autorités s’étaient toujours complu à condamner – allaient, dès lors, devenir facteurs de puissance et de hautes dignités.

Sans aucun dessein de simonie, loin de toute mentalité compradore, sans attendre les incoterms, l’armateur, eût-il été simple subrécargue, a eu à cœur d’établir les préliminaires bienvenus en matière de négoce multilatéral.

N'hésitez donc pas, une fois votre dictée achevée, à vous rendre dans la capitale berrichonne pour découvrir ce témoignage vibrant de notre histoire : la visite s’avèrera plus plaisante que vous ne l’auriez cru.
Dernière modification par André (G., R.) le dim. 07 juin 2015, 12:26, modifié 1 fois.
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Claude
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Message par Claude »

Je vais trouver un « bourreau » pour me mettre à l'épreuve. :lol:
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jarnicoton
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Message par jarnicoton »

Je n'ai jamais bien compris l'intérêt d'une dictée où les difficultés sont concentrées sur des mots rares. Des accords de participes bien vicieux, ça, d'accord...
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

La génération de mes parents attachait une grande importance à la dictée, mais n'était guère consciente du fait que les textes proposés ne comportaient guère de mots rares ou très rares. Quand les premières dictées de Bernard PIVOT sont apparues et que j'ai annoncé à mon père le nombre de fautes que j'y faisais (huit, si je me souviens bien, pour ma meilleure, une bonne quinzaine pour la moins réussie), je l'ai bien déçu !
Les auteurs des dictées du genre de celle des Timbrés de l'orthographe expliquent qu'ils sont obligés d'avoir recours aux mots rares pour départager les candidats, les pièges grammaticaux n'y suffisant pas.
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