L'écriture inclusive

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Merle-moqueur
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Message par Merle-moqueur »

Petite anecdote qui n'a certainement qu'un intérêt sociologique : en passant dans la ville tarnaise de mon enfance, je me suis surpris à lire, tagué à la bombe sur la devanture du lycée privé, "Foucaud pour tous·tes" ; le parc Foucaud est scène d'activités sportives pour les lycéens et je me doute que c'est là la cause du coup-de-gueule, cependant, je reste étonné de cette inclusive apparition dans un acte de dégradation revendicateur.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Voulez-vous dire que le parc dont vous parlez n'est pas accessible aux sportives ?
Quoi qu'il en soit, « tous·tes » n'est qu'un simulacre, me semble-t-il, d'écriture inclusive : « -tes » ne s'ajoute pas à « tous » pour la fabrication de « toutes ». Les tenants sérieux de ladite écriture noteraient sans doute « tou·te·s ».
Toutefois, cet adjectif indéfini m'apparaît comme un bon exemple de la quasi-impossibilité de la systématisation de ces graphies. Dans la ligne de ce qu'on lit et entend ces temps-ci, une épouse devrait-elle dire « Mon mari et moi sommes toutes deux contentes » ? Si tel est le cas, on l'a déjà signalé, on a affaire à un nouveau sexisme. Pour l'éviter, on peut tenter en langage écrit quelque chose comme « Mon mari et moi sommes tou·te·s deux content·e·s », mais alors se pose la question de la manière de lire cela : la difficulté, en l'occurrence, de produire oralement autre chose que « Mon mari et moi sommes toutes deux contentes » apparaît immédiatement. On n'en sort pas.
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Merle-moqueur
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Message par Merle-moqueur »

Je suppose que c'est un conflit lié au droit d'utilisation entre lycées privé et public, mais j'ai quitté le coin depuis trop longtemps pour en connaître les potins.

Je suis bien d'accord, cette écriture risque de créer de lourdes confusions pour l'apprentissage de la lecture et de la prononciation. Ma position sur la question est plus d'ordre psychologique, voire sociologique : je pense que spécifier pour inclure tous les genres est un pari risqué qui tend à produire l'inverse de son objectif principal, car c'est, selon moi, s'acharner à préciser la différence homme-femme, et, sous gouverne d'équité, creuser un fossé entre les gents dont je me passerai volontiers. Cette volonté d'être ostensiblement représenté me semble être la porte-ouverte aux conflits illusoires, laissant de coté les réels problèmes de sexisme en société, entre autres.

Mais je pense surtout que c'est une question qui concerne l'administratif et que son extension scolaire est une étrangeté. À propos, les jeunes élèves s'interdisent-ils de dire "Mademoiselle" à leurs maîtresse ? (Je n'ai pas manifesté mon envie de retour de "Mondamoiseau", peut-être ais-je manqué le coche. :) )
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Merle-moqueur a écrit :Ma position sur la question est plus d'ordre psychologique, voire sociologique : je pense que spécifier pour inclure tous les genres est un pari risqué qui tend à produire l'inverse de son objectif principal, car c'est, selon moi, s'acharner à préciser la différence homme-femme, et, sous gouverne d'équité, creuser un fossé entre les gents dont je me passerai volontiers. Cette volonté d'être ostensiblement représenté me semble être la porte-ouverte aux conflits illusoires, laissant de coté les réels problèmes de sexisme en société, entre autres.
Je rejoins votre point de vue. En prétendant nier les différences, on les accentue, et la remarque vaut aussi à propos des Français d'origine étrangère.
Mais je pense surtout que c'est une question qui concerne l'administratif et que son extension scolaire est une étrangeté.
Néanmoins le premier ministre a refusé l'introduction de l'écriture inclusive dans les documents administratifs.
À propos, les jeunes élèves s'interdisent-ils de dire "Mademoiselle" à leurs maîtresse ? (Je n'ai pas manifesté mon envie de retour de "Mondamoiseau", peut-être ais-je manqué le coche. :) )
On utilise volontiers « jeune homme » dans ce cas.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Merle-moqueur a écrit : À propos, les jeunes élèves s'interdisent-ils de dire "Mademoiselle" à leur maîtresse ?
Il me semble qu'ils lui disent « Madame », « Maîtresse » ou utilisent son prénom.
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Merle-moqueur
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Message par Merle-moqueur »

Ce "Mademoiselle" adressé à l'institutrice auquel je faisais référence me semblait répandu, presque cliché, mais après avoir consulté mes colocataires (avec qui j'ai usé mes bancs d'école), il semblerait que nous disions effectivement "Madame" ou "Maîtresse" : "Mademoiselle" insinuant une information que nous n'étions pas en mesure de détenir ; information privée de surcroît.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Jacques-André-Albert a écrit :
À propos, les jeunes élèves s'interdisent-ils de dire "Mademoiselle" à leurs maîtresse ?
On utilise volontiers « jeune homme » dans ce cas.
On voit tout de même mal des élèves d'école primaire ou de maternelle dire « jeune homme » à leur enseignant célibataire ! L'expression n'est employée, je crois, que par des personnes plus âgées que leur interlocuteur.

En l'absence d'un équivalent masculin, « mademoiselle » crée indéniablement un déséquilibre. Mais l'information contenue dans ce terme ne relève-t-elle que du domaine privé ? Des femmes, jeunes et parfois moins jeunes, n'aiment pas qu'on leur dise madame. Et « mademoiselle X » désignant une actrice de théâtre pendant toute sa carrière n'a pas disparu.

Certains journalistes de la presse parlée ne disent plus « Madame, mademoiselle, monsieur » pour s'adresser à leur auditoire, mais seulement « Madame, monsieur ». Cela a d'ailleurs été précédé de « Mesdames, mesdemoiselles, messieurs », devenu plus rare : il faut que l'auditeur croie être visé individuellement. Démagogie.
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Monsieur Pogo
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Re: L'écriture inclusive

Message par Monsieur Pogo »

Très fier.ère.s d'avoir publié le premier manuel scolaire en écriture inclusive !

On-e les-es en fécilite-es (sic) !

(La grammaire inclusive devra génitaliser itou les pronoms indéfinis ainsi que le pluriel des pronoms personnels…)

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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

21st century boy a écrit :Bonjour,

1re impression, quand Causeur rouspète contre quelque chose qui concerne la langue, c'est que ça doit aller dans le bon sens.
A y regarder de plus près... titre racoleur (pour ne pas dire putassier) sur un non-évènement, et les seuls 1 ou 2 arguments réellement intéressants sont contrebalancés par du bon gros sexisme de base sous couvert "d'amour" ou de "respect" de la langue... Ceci (le sexisme) expliquant surement cela (l'écriture inclusive).

Effectivement, ce genre "d'article" est vraiment consternant.
Sexisme ? Mais, où relevez-vous donc du sexisme dans cet article de presse rondement écrit?
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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

(...) « conseillers municipaux et conseillères municipales », qu’il suffit de noter ainsi, ou sous la forme « conseillères municipales et conseillers municipaux », à moins qu’on ait affaire à une seule conseillère ou à un seul conseiller, auquel cas conviendraient « conseillères municipales et conseiller municipal » ou « conseillers municipaux et conseillère municipale » (...)

À mon avis, le syntagme nominal les « conseillers municipaux » inclut les conseillères, puisque le pluriel «les», des articles définis masculin et féminin «le» et «la», désigne « tous ou presque tous les individus (…) d'un ensemble » (Le Robert).

… Ce qui évite les formulations lourdes de redoublements : p. ex. les conseillères et les conseillers municipaux… Puisque les conseillers sont tout bonnement ceux qui siègent au conseil, sans considération pour leur genre sexuel... Puis, lorsque Berthe prendra la parole dans l'assemblée, du coup on verra bien qu'il s'agit d'une conseillère… que le cas échéant l'on pourra reluquer…

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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

Merle-moqueur a écrit :...D'autant que le premier objectif présenté est d'éviter la lourdeur à l'écrit sans exclure de genre, je reste dubitatif sur ce point.
Cette mesure remugle l'administratif, pauvres mômes, si tôt !
Sans compter que les amoureux de la langue ne peuvent manquer de trouver le mot écrivaine assez laid et de connotation discutable, appelant, par assonance, une vaine écrivaine.
Les amoureux de la langue peuvent aussi trouver que le mot écrivaine n’est pas plus laid qu’écrivain, et qu’il existe aussi l’assonance, un vain écrivain.
Je suis assez d'accord avec cette réflexion, je dois l'avouer. L'exemple d'écrivain·e est subjectif, ils avancent le bon goût, et mon français négligé m'amène, si c'est une faute (de goût ?!), à la commettre aléatoirement.

Les écrits vains n'existent pas, disait l'autre.
La rectitude politique méconnaît la langue… Des d'illettrés qui se targuent de donner des leçons de grammaire… trop incultes pour différencier le genre grammatical d'avec le genre sexuel, comme si une table ovulait et que sous un guéridon des c.o.u.i.l.l.e.s pendouillaient…

Forgé au nom d'une idéologie aux prétentions essentiellement politiques, «écrivaine» est un barbarisme qui agace, non pas en raison de la féminisation de la fonction, mais simplement à cause de la modification phonétique ; c'est que la voyelle nasale à la fin d'un mot masculin se prononce au féminin: p. ex. gardien, gardienne.

Toutefois, en l'occurrence lorsque l'on prononce le «n», la féminisation du mot «écrivain» traîne dans son sillage une sonorité nasillarde discordante : écrivain - vaine ; cette féminisation de mauvais aloi rompt la période.

Par ailleurs, nous ne saurions taxer Simone de Beauvoir d'antiféminisme, alors qu'elle se désigne elle-même comme UN intellectuel :

«Je suis un intellectuel. Ça m'agace qu'on fasse de ce mot une insulte : les gens ont l'air de croire que le vide de leur cerveau leur meuble les c.o.u.i.lles.» -S. de Beauvoir, Les Mandarins, p. 133.

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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

André (G., R.) a écrit :« L'écrivaine », « la ministre » seuls relèvent-ils de l'écriture inclusive ? Cette notion concerne-t-elle toutes les féminisations ? Lorsque j'en ai entendu parler pour la première fois, j'ai plutôt cru qu'il s'agissait seulement d' « inclure » le féminin dans la notation du mot masculin, comme dans « les artisan·e·s ».

Vous avez écrit, Yeva Agetuya, « Désormais de nombreux gosses seront illettré.e.s et non plus illettrés ». On pourrait même, dans la logique très contestable de l'écriture inclusive, noter cela ainsi : Désormais de nombr.eux.euses gosses seront illettré.e.s... !

Dans ma précédente intervention, j'ai mis sur le compte de la paresse la formulation « conseiller.ère.s municipaux.ales » en remplacement de « conseillers municipaux et conseillères municipales ». Mais je suis obligé d'admettre qu'avec un mot comme « illettré », dont la prononciation ne change pas selon qu'il est au masculin singulier, au masculin pluriel, au féminin singulier ou au féminin pluriel, les féministes partisans ou partisanes de l'écriture inclusive ont un (petit) argument : sur le modèle de « les conseillers municipaux et conseillères municipales » on obtient « les gosses illettrés et illettrées », que personne ou presque ne dira, du fait de l'impression de répétition inutile, si bien qu'on peut imaginer une demande de prise en compte du féminin dans l'écriture (les gosses illettré.e.s). Bien entendu, ce n'est pas ainsi que je vois les choses. De même que ne me gêne pas le moins du monde le féminin « une nouvelle recrue » désignant un soldat mâle qui vient d'être incorporé, je continuerai de penser aussi bien à des filles qu'à des garçons lorsque j'entendrai le masculin « des gosses illettrés » et l'écrirai ainsi le cas échéant, me disant que l'on me parlerait, par exemple, de « gamines illettrées » s'il ne s'agissait que de filles.

J'ai toujours pensé que la notion de beauté des mots ne menait presque nulle part.
«J'ai toujours pensé que la notion de beauté des mots ne menait presque nulle part»

Au contraire, cela mène quelque part, à tout le moins à un quiproquo dépendamment du point de vue, parce que p. ex. l'amour des gosses ne partage pas la même connotation d'une rive à l'autre de l'Atlantique …
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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

21st century boy a écrit :Si j’ai bien suivi, c’est la règle (imposée) "Le genre masculin étant le plus noble, il doit prédominer chaque fois que le féminin et le masculin se trouvent ensemble" qui est critiquée (ce qui n’est pas illégitime).

... Il vous faudrait différencier le genre grammatical d'avec le genre sexuel... La chaise n'est pas la femelle du tabouret...

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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

André (G., R.) a écrit :
« Bonne anniv' »... est devenu classique sur la Toile.

Qui aurait l'idée d'écrire « devenue » dans une telle phrase ?
Bien ! Celui qui songe à l'ellipse aura certainement l'idée d'écrire « devenue », puisque c'est la formulation qui est devenue fautive…
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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

21st century boy a écrit :(...)

Venant de l’académie c’était plutôt attendu comme réaction, toujours 2 ou 3 trains de retard (d’ailleurs l’article ne va pas vraiment dans le sens de l’académie).

Ce style de rédaction n’est pas vraiment nouvelle pourtant. Ça fait un bon nombre d’années que (...)
Les pratiques pour un langage non sexiste, inclusif ou épicène portent sur trois aspects :

•accorder les noms de métiers et de fonctions au sexe de la personne qui l'occupe ;

•utiliser des expressions non sexuées, comme « les droits humains » ;

•utiliser les deux formes grammaticales. Pour cela, il existe deux possibilités :
-faire figurer les deux formes comme « elles et ils partent en vacances », « he or she » ;

-utiliser à l'écrit une forme liée par un point, un tiret, une barre oblique, une majuscule etc. comme « ami•e » « participant•e ».
C'est cocasse que vous prétendiez nous donner des leçons d'écriture, alors même que vous avez peine à écrire proprement et que votre prose est d'une affligeante pauvreté !

Par exemple, l'Académie, avec une capitale; … la réplique était plutôt prévisible … Les nombres de un à neuf en lettres… Qu'est-ce qui n'est pas nouveau ? La rédaction ou le style ? Ce style de rédaction n’est pourtant pas vraiment nouveau. Cela fait un bon nombre d’années que (...)

Et si le sexe de celui qui occupe la fonction est indéterminé ? Quel sera donc le nom de la fonction de l'hermaphrodite qui opère une rétrocaveuse ?

Cunégonde est écrivain, Berthe est romancière ; à l'instar de la romancière, on constate que l'écrivain est une femme… En français normé , i.e. sans féminiser les fonctions, c'est tout bonnement un chauffeur qui conduit un autobus, qu'importe qu'il s'appelle Roger ou Berthe…

Vous confondez le sens collectif d'un mot d'avec son sens individuel. Ainsi, qui répare le tuyau, si ce n'est le plombier (sens collectif) ; il importe peu que ce dernier se prénomme Berthe ou Roger. Mais, il importe que les plombiers Berthe et Roger sachent réparer le tuyau, i.e. Berthe répare le tuyau ; le plombier se prénomme Berthe (sens individuel).

De même, vous ignorez l'extension d'un mot, i.e. l'idée qu'il recèle ; p. ex. «l'homme» concerne tous les humains, tandis que la compréhension d'un mot y ajoute une dimension, p. ex. «Néandertalien» en dit plus que le mot «homme». «Néandertalien» détermine le sens du mot «homme» ; il faut être drôlement bouché pour ne pas comprendre que «Néandertalienne» est implicite à l'énoncé «l'homme de Néandertal»…

L'anglicisme « les droits humains » est un calque de Human Rights, «The Universal Declaration of Human Rights (UDHR) ». Par ailleurs, le mot humain est masculin, n'y aurait-il pas lui de préciser les humaines ?

« Elles et ils partent en vacances »… Allez ! Bon vent ! Que l'on ne les entende plus ânonner leur sabir de demeuré!
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