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Prédation

Publié : sam. 29 oct. 2022, 12:58
par Leclerc92
Le mot n'est pas vraiment un néologisme.
Le TLFi le définit ainsi :
A. − BIOL. ANIMALE ET VÉGÉT. Mode de nutrition dans le règne animal et chez les plantes insectivores. La collecte de la nourriture [des poissons] se fait essentiellement de deux façons: par filtration (...); par prédation, c'est-à-dire par capture active d'une proie déterminée, au moyen d'organes préhenseurs divers; dans ce second cas, la dimension de la proie dépend bien entendu de la taille de l'espèce prédatrice (J.-M. Pérès, Vie océan, 1966, p.35).Il n'y a pas prédation lorsque l'agresseur se borne à de simples prélèvements (nectar, pollen, sang) (Friedel1980).
B. − ETHNOL. Mode d'acquisition de la nourriture par la chasse et la cueillette. Les sociétés tropicales ne sont jamais sorties complètement de l'économie de prédation au sein de laquelle l'homme ne réalise pas sa symbiose avec le milieu, puisqu'il prend sans restituer; il n'y a pas un seul groupe malgache côtier qui ne connaisse encore les chemins de la forêt, pour la collecte du miel, la chasse, la récolte des végétaux sauvages (Ethnol. gén., 1968, p.1589 [Encyclop. de la Pléiade]).
et l'Académie, dans l'édition en cours du Dictionnaire, ainsi :
XXe siècle. Emprunté du latin praedatio, « pillage, brigandage », lui-même dérivé de praeda, « proie ». ZOOL. Mode d'alimentation des prédateurs.
Mais j'entendais ce midi Sandrine Rousseau venue soutenir les opposants à la construction de "méga-bassines" dans les Deux-Sévres dire qu'il s'agissait de "prédation de l'eau". Cette extension de l'usage a l'air à la mode.
-D'une lutte locale à un mouvement de résistance contre la prédation de l'eau.
-L'ensemble des acteurs doit engager un réel processus de sortie de crise autour de la prédation de l'eau.
-La prédation de l'eau par les bassines est liée à un choix de variété de maïs, il est possible de faire autrement.
-Ne laissons pas la prédation de l'eau au nom des intérêts des plus forts emporter la destinée de la Terre.
-La délégation de service public à des acteurs en situation d'oligopole conduit-elle à une prédation de l'eau par des acteurs privés ?

https://www.google.com/search?client=fi ... l%27eau%22

Re: Prédation

Publié : sam. 29 oct. 2022, 14:36
par jarnicoton
Le prédateur était jadis confiné dans les ouvrages de zoologie.
Un jour un cuistre l'a trouvé intéressant, et depuis il est partout. Il est en particulier présent dans tous les réquisitoires d'assises, l'accusé étant systématiquement un prédateur.
Je n'ai jamais compris comment celui qui parle en public ne s'aperçoit pas qu'il use d'un cliché usé jusqu'à la corde (encore un cliché !).
On ne sait pas ce que durera chaque mode de ce genre. La "cerise sur le gâteau" a disparu, mais nous sommes inondés par "les trous dans la raquette".

Re: Prédation

Publié : sam. 29 oct. 2022, 16:57
par Yeva Agetuya
D'un autre côté, un prédateur est un pillard :

Déverbal de praedatum, supin de praedor (« piller, voler »), avec le suffixe d’agent -tor.

https://fr.wiktionary.org/wiki/praedator#la

Re: Prédation

Publié : sam. 29 oct. 2022, 17:43
par Perkele
Et ne vaut-il pas mieux parler de déprédations pour les violences commises par des casseurs plutôt que d'exactions ?

Re: Prédation

Publié : ven. 04 nov. 2022, 12:30
par Elliot-O
Le choix de parler de déprédations ou d'exactions pour qualifier les violences commises par des casseurs est une prise de position, un point de vue subjectif de la situation d'un côté comme de l'autre.

Dans ce contexte :
Déprédation qualifie un mouvement à l'encontre d'une cause, la prédation (d'acteurs qui sont des prédateurs)
Exaction qualifie un mouvement vu par l'Etat (terme pour montrer que les casseurs non pas la "légitimité de la violence" contrairement à l'Etat) et donc qu'ils sont soumis à l'Etat de droit.

L'un parle d'un combat pour une cause, l'autre pour qualifier des faits sous l'autorité de l'Etat de droit.

Re: Prédation

Publié : ven. 04 nov. 2022, 13:55
par Perkele
Une déprédation est un pillage avec dégâts.

Une exaction, c'est du racket.

Re: Prédation

Publié : ven. 04 nov. 2022, 15:09
par Elliot-O
Ah oui, je me suis focalisé à tort sur le mot prédation, avec la particule dé- comme opposé au mot, aller savoir pourquoi...

Est-ce qu'on ne peut pas parler de sabotage plutôt de déprédation ou d'exaction ?

Re: Prédation

Publié : ven. 04 nov. 2022, 17:33
par Perkele
Hors de son sens premier qui est la fabrication de sabot, le sabotage désigne une action préméditée destinée à dégrader un objectif bien précis.

Re: Prédation

Publié : dim. 21 sept. 2025, 10:02
par Perkele
Perkele a écrit : ven. 04 nov. 2022, 13:55 Une déprédation est un pillage avec dégâts.

Une exaction, c'est du racket.
Je reviens sur ce fil qui n'a pas éveillé un grand écho alors que je suis toujours contrariée par l'emploi, aux Nouvelles, d'exaction pour qualifier des déprédations. Cela ne vous dérange-t-il pas ?

Re: Prédation

Publié : dim. 21 sept. 2025, 21:40
par podemico
Perkele a écrit : dim. 21 sept. 2025, 10:02 ...qui n'a pas éveillé un grand écho...
Qui a dit "La révolution sera langagière ou elle ne sera pas" ?

Re: Prédation

Publié : dim. 21 sept. 2025, 21:47
par Hippocampe
Perkele a écrit : dim. 21 sept. 2025, 10:02
Perkele a écrit : ven. 04 nov. 2022, 13:55 Une déprédation est un pillage avec dégâts.

Une exaction, c'est du racket.
Je reviens sur ce fil qui n'a pas éveillé un grand écho alors que je suis toujours contrariée par l'emploi, aux Nouvelles, d'exaction pour qualifier des déprédations. Cela ne vous dérange-t-il pas ?
Le deuxième sens existe mais :
"Ce deuxième sens est critiqué par l’Académie française, laquelle rappelle que exaction signifie : « Action d’exiger ce qui n’est pas dû. L’emploi de ce mot pour désigner, par exemple, des attentats terroristes, constitue une extension de sens inadmissible[1]. »"
Voir dans le Wiktionnaire.

Re: Prédation

Publié : lun. 22 sept. 2025, 8:42
par Leclerc92
L'extension de sens donnée à "exaction" et surtout à "exactions" est un fait de langue ancien. La plupart des ouvrages de "bon langage" du XXe ont mis en garde contre cette extension, en vain. Elle est acquise, tant dans les dictionnaires d'usage Robert et Larousse, que par l'Académie elle-même, ce que regrettait bien évidemment Jacques.
https://dictionnaire.lerobert.com/definition/exaction
https://www.larousse.fr/dictionnaires/f ... tion/31920
https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9E3193
https://www.achyra.org/francais/viewtop ... 904#p66904
https://www.achyra.org/francais/viewtop ... 756#p79756

Il est donc aujourd'hui tout à fait légitime de parler des exactions commises par une armée ou des pillards à l'encontre d'une population.

Mais la casse opérée lors des manifestations ne va pas jusque-là, Dieu merci, du moins pour l'instant, et dans ce cas, je crois comme Perkele qu'il vaut mieux parler de déprédations. Le terme doit sembler trop faible aux échotiers qui préfèrent affoler la population en parlant d'exactions.

Re: Prédation

Publié : lun. 22 sept. 2025, 12:53
par Perkele
Il me semble que s'éloigner du sens ressenti à l'écoute du mot ne peut qu'entraîner des méprises