Mais depuis qu'on a renoncé à toute règle dans le choix des prénoms, il y a pléthore de nouveaux prénoms dont je n'ai jamais entendu parler, peut-être parce que je regarde trop peu les séries télévisées américaines.
Intéressant article récemment dans le Figaro sur les graphies de plus en plus "déviantes" des prénoms.
Anah, Mattëo, Matilde... Ces prénoms à la graphie variable qui sont en plein essor
Alors que la diversité des prénoms et leur graphie sont en pleine croissance, le palmarès des prénoms les plus populaires en 2023 se voit bouleversé.
Louise, Ambre, Alba et Jade pour les filles, Gabriel, Raphaël, Léo et Louis pour les garçons : tels sont les prénoms les plus donnés en 2023 selon l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques). Tandis que les prénoms tels qu’Emma, Rose, Alma, Alice, Romy et Anna viennent compléter ce palmarès publié sur le site de l'Insee en juillet. Du côté des garçons, les Maël, Noah, Jules, Adam, Arthur et Isaac complètent le Top Ten.
Avant 1993, «l'officier d'état-civil pouvait corriger l'orthographe des prénoms, mais depuis il doit l'inscrire dans la graphie demandée par les parents», explique le sociologue Baptiste Coulmont. La tendance de personnalisation de la graphie est donc en train de brouiller le classement officiel. C'est désormais le prénom Anna, avec toutes ses variantes orthographiques (Hanna, Ana, Hana, Hannah, Hanaa, Anah....) qui serait le plus donné, suivi de près par les Mia, (Mÿa, Miyah, Miah...), 13e du classement selon le service data du Figaro.
12.000 prénoms répertoriés
«Aujourd'hui, plus de 12.000 prénoms sont répertoriés dans le Fichier des prénoms. Au 19e siècle, 50 prénoms suffisaient à nommer 75% des garçons ou des filles. Aujourd'hui, le plus donné ne l'est qu'à 1% des filles nées dans l'année. Dans les années 70, les Christophe représentaient 4% des naissances masculines», explique Baptiste Coulmont, auteur de Sociologie des prénoms. Le choix de la singularité s'explique par le fait que le prénom sert aujourd'hui à identifier quelqu'un dans un groupe: une classe, le milieu du travail, où les gens étaient appelés par leur nom de famille jusqu'aux années 70, ajoute le sociologue.
À cette diversité s'ajoute de plus en plus une variété des graphies : Alya passe du 40e au 7e rang si on ajoute 22 graphies différentes (Aliyah, Alliah..). Elio (Elyo, Helio...) se hisse du 31e au 9e rang, selon le Figaro.
Élodie, 41 ans, a elle choisi d’appeler ses enfants Loeiza et Iwen, une décision que cette dernière justifie : «Notre nom de famille est courant et mon mari Frédéric a un homonyme dans le quartier. Mon prénom était donné à deux ou trois filles par classe. Nous cherchions des prénoms originaux», explique-t-elle. Avant de poursuivre : «Nous aimions bien Ewen, mais craignions qu'il y en ait trop, donc on a changé une lettre pour se démarquer encore.»
«Tatouage social»
«Le nombre de prénoms en usage est un indicateur utilisé pour mesurer le niveau d'individualisme d'un pays. Les gens veulent un prénom unique et différent pour leur enfant, qu'ils voient comme un individu unique», explique Jean-François Amadieu, professeur à l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne.
Par ailleurs, les flux migratoires «génèrent un nombre très important de prénoms avec des orthographes variées» en raison de l'adaptation phonétique des alphabets étrangers, ajoute-t-il. Pour sa part, Baptiste Coulmont relève que «l'idée que l'orthographe, c'est sacré, c'est important chez les personnes très diplômées. Une partie des gens y attachent moins d'importance et écrivent le prénom comme ils l'entendent».
Des choix de prénoms aussi originaux les uns que les autres, mais qui ne vont pas sans risque. Selon Anne-Laure Sellier, professeure de sciences comportementales à HEC, appeler son enfant par un prénom peu commun peut susciter du rejet : «Les parents veulent bien faire mais des études scientifiques ont montré que des prénoms avec des graphies non conventionnelles peuvent susciter du rejet chez les autres, car le cerveau humain n'aime pas ce qui est compliqué. Matilde risque de passer sa vie à se présenter comme “Matilde sans H”.» Avant de poursuivre : «Les parents pensent que le choix du prénom est leur affaire. Or c'est l'enfant qui va le porter et les autres qui vont l'utiliser. Le prénom est un tatouage social.»
Comme le souligne M. Amadieu : «Le premier facteur de moquerie à la petite école est le nom ou le prénom.» Un prénom original ou difficile à écrire peut alors mettre en péril la scolarité et la confiance des enfants à un âge ou ces derniers sont en pleine construction d'eux-mêmes.

