Si je puis me permettre d'intervenir...
Les anglicisme, pour ma part,
lorsqu'ils ne recouvrent pas une réalité déjà existante en français, ne me paraissent pas gênants; en l'occurence, le "blog", concept typiquement inventé par des anglo-saxons, n'a aucun équivalent en français. Le blog n'a rien à voir avec le "bloc-notes" et le "carnet". A la rigueur, la tentative française qui s'approcherait le plus du blog serait les Cahiers de la quinzaine de Charles Péguy; mais encore une fois, appeler "cahier" un ensemble de textes qui n'est justement pas sur format papier me paraît quelque peu absurde, de même que de dire "carnet" ou "bloc-notes". Le fait est que l'usage du mot blog permet à tout le monde de comprendre la réalité recouverte par ce mot, alors que les autres termes proposés sont un peu incongrus, et ambigus, puisqu'ils désignent déjà autre chose. La francisation forcenée n'est donc pas, à mon goût, une solution. L'arrivée d'un vocabulaire anglais n'est d'ailleurs qu'un retour de bâton (n'oublions pas que la langue anglaise a été pendant des siècles sauvagement francisée). Donc, tant que le terme anglais permet de désigner avec précision une réalité nouvelle, que rien d'autre ne recouvre, inutile d'aller checher une racine latine qui serait de toute manière ridicule, ou un mot français qui désigne déjà autre chose, sous peine de rendre le langage ambivalent.
Le problème qu'est la déliquessence de la langue française peut n'avoir pour solution qu'une éducation à la belle langue, une réhabilitation des grands prosateurs français, et une éducation au latin et au grec, fût-elle minime. Tant que cela n'est pas effectif, nous ne pouvons que professer un mépris tout aristocratique pour ceux qui se gausseraient de nos imparfaits du subjonctif. A cet égard, je suis tout à fait d'accord avec l'opinion de Jacques sur l'inutilité de l'action collective. Une stratégie offensive contre telle ou telle personne ou media ne changera jamais rien au problème des personnes "ki écriv com sa", qui, à mon goût, est le plus grave.
Quant au
Les coupables ?
-la perte de la fierté nationale
-l'oubli du grec et du latin (d'où le recours à l'anglais)
-la conspiration des élites mondialistes anglophiles
-l'esprit mercantile et ludique, qui est hostile à toute culture digne de ce nom (ne serait-ce qu'à cause de son culte de l'instantanéité)
permettez-moi de signaler que ce type de politisation latente me révolte (je parle des points 1 et 3). Je ne pense pas que la perte de la fierté nationale change quoi que ce soit à la déliquessence de la langue française. On a d'ailleurs à toutes les époques critiqué tel ou tel auteur, en prétendant qu'il mettait à mort la langue française par son "sabir"; je pense, entre autres, à Ronsard, qui est maintenant devenu un modèle. Le problème n'est donc pas propre au monde contemporain, et le "c'était mieux avant" n'est, dans tous les cas, qu'un leurre.
Je vous prie de m'excuser de n'avoir pas d'autre solution à proposer. Le fait est qu'il existe une belle langue française. Libre à chacun de la cultiver; c'est le choix que j'ai fait, que vous avez fait aussi, mais qui, il faut bien le dire, va à contre-courrant de la marche du monde. N'ayons donc que la satisfaction morale d'appartenir à une aristocratie langagière, et tâchons d'éduquer nos proches à cette culture de la belle langue, mais n'allons pas nous mêler de ce qui sort du domaine de la langue (et ce qui relève de phénomènes de société ne fait pas vraiment partie du domaine de la langue).