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« Empirement »
« Empirement »
C’est curieux : ce terme, dérivé naturel d’empirer avec -ment comme il y en a tant d’autres (allonger > allongement, loger > logement, éreinter > éreintement, etc.), n’est présent que dans le Littré en ligne (le TLFi ne le mentionne que dans une seule citation). Pourquoi priver un verbe de son substantif ? Qu’a-t-il d’étrange ? ![[lève les yeux] :roll:](./images/smilies/icon_rolleyes.gif)
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- Jacques
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Le mot existe depuis le milieu du XIIe siècle. Il est signalé par le Dictionnaire historique comme étant d'un emploi rare. C'est l'usage qui l'a donc boudé, peut-être à cause de sa bizarrerie. On a l'impression, si on l'utilise, qu'on passera pour quelqu'un qui connaît mal son français et recourt à un barbarisme. La pratique préfère aggravation. Il est bel et bien dans le Littré, sans commentaire particulier.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Voyez ce que dit Littré :
EMPIREMENT
Action d'empirer ; résultat de cette action.
AGGRAVATION
1° Terme de droit. Augmentation de peine ; ce qu’on ajoute à une condamnation.
2° En termes de médecine, augmentation. Il y a aggravation. L’aggravation du mal, des symptômes.
Et l’Académie (sens 1) :
AGGRAVATION
1. Le fait de rendre ou de devenir plus grave ; l’état qui en résulte. Le médecin a constaté l’aggravation du mal. Cette mesure a eu pour effet une aggravation de la tension sociale.
Un des exemples d’auteur de Littré est le suivant :
On ne peut nier que ce qui nous peut faire vivre heureusement ne soit bon ; car il n’est point susceptible d’empirement, MALH. Lexique, éd. L. Lalanne.
Je ne verrais pas aggravation dans cette phrase (ni dans aucune des autres citations de Littré).
EMPIREMENT
Action d'empirer ; résultat de cette action.
AGGRAVATION
1° Terme de droit. Augmentation de peine ; ce qu’on ajoute à une condamnation.
2° En termes de médecine, augmentation. Il y a aggravation. L’aggravation du mal, des symptômes.
Et l’Académie (sens 1) :
AGGRAVATION
1. Le fait de rendre ou de devenir plus grave ; l’état qui en résulte. Le médecin a constaté l’aggravation du mal. Cette mesure a eu pour effet une aggravation de la tension sociale.
Un des exemples d’auteur de Littré est le suivant :
On ne peut nier que ce qui nous peut faire vivre heureusement ne soit bon ; car il n’est point susceptible d’empirement, MALH. Lexique, éd. L. Lalanne.
Je ne verrais pas aggravation dans cette phrase (ni dans aucune des autres citations de Littré).
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- Jacques
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De ce que vous exposez, Marco, il semble que le langage courant se soit emparé du mot aggravation pour le sortir des domaines juridique et médical et en faire un passe-partout désignant de façon très générale toute situation qui évolue défavorablement ou se détériore, alors qu'il se démarque nettement d'empirement avec ses deux sens bien spécialisés. Il est temps pour nous de rétablir le bon ordre.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Plus pire, qu'on entend aussi, hélas ! ne marquerait-il pas une étape supplémentaire dans l'absurdité ?Martine a écrit :Cela me fait penser à l'expression "C'est moins pire" que l'on entend si souvent et qui me fait franchement mal.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Oui, Jacques, il est temps !Jacques a écrit :De ce que vous exposez, Marco, il semble que le langage courant se soit emparé du mot aggravation pour le sortir des domaines juridique et médical et en faire un passe-partout désignant de façon très générale toute situation qui évolue défavorablement ou se détériore, alors qu'il se démarque nettement d'empirement avec ses deux sens bien spécialisés. Il est temps pour nous de rétablir le bon ordre.
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- Perkele
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- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Je suis bien d'accord ! :DMarco a écrit :Et bien, je suggère qu’on le remette au goût du jour, car il est bien commode et je ne lui trouve rien de bizarre.
Il a peut-être été boudé pour ne pas augmenter la confusion qui existe déjà entre :
1/ EMPIRE - EMPEREUR (imperium)
2/ EMPIRIQUE - EMPIRISME - EMPIRIQUEMENT (issu de l'expérience)
3/ EMPIRER (impejorare)
4/ EMPYRÉE (embrasé)
J'ai souvent entendu attribuer à "empirique" le sens de "imposé"...
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Mais j'adopte ! :D
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Pour rester dans le domaine des confusions lexicales, essayez donc de demander aux gens que vous connaissez quel est le sens du mot prieur et d'où il vient. Demandez-leur aussi quel est le sens de l'adjectif morbide, qu'on entend toujours utiliser à tort avec l'acception de macabre.
Nous pourrions peut-être jouer les Sherlock Holmes de la langue en essayant de trouver d'autres termes qui font l'objet d'utilisations totalement erronées.
Nous pourrions peut-être jouer les Sherlock Holmes de la langue en essayant de trouver d'autres termes qui font l'objet d'utilisations totalement erronées.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Jacques, MERCI ! :D
Je ne connaissais pas le véritable sens de "morbide", ou plutôt les véritables sens, puisque le TLF en mentionne deux.
Le sentiment de ne pas avoir perdu ma journée me remplit de joie.
Il y a aussi l'adjectif "glauque". Si vous dites à quelqu'un qu'il a les yeux glauques, dans la plupart des cas il se vexera, à tort, car c'est une très jolie couleur pour des yeux.
Je ne connaissais pas le véritable sens de "morbide", ou plutôt les véritables sens, puisque le TLF en mentionne deux.
Le sentiment de ne pas avoir perdu ma journée me remplit de joie.
Il y a aussi l'adjectif "glauque". Si vous dites à quelqu'un qu'il a les yeux glauques, dans la plupart des cas il se vexera, à tort, car c'est une très jolie couleur pour des yeux.