Paradoxe
Paradoxe
Un mot de la langue française m'intrigue, en ce qu'il peut signifier à la fois une chose et, très exactement, son contraire. Il s'agit du mot "amateur", pouvant être utilisé pour "connaisseur" ("il s'y connaît : c'est un amateur de grands vins") ou, à l'inverse, pour "néophyte" ("il n'y connaît rien : c'est un amateur").
Connaissez-vous d'autres mots présentant le même type de curiosité ? Et quelle est son origine ?
Connaissez-vous d'autres mots présentant le même type de curiosité ? Et quelle est son origine ?
- Klausinski
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Je m’étais fait cette remarque également !
Dans le genre, il y a le mot hôte, bien connu, qui désigne à la fois celui qui reçoit et celui qui est reçu ; le mot louer qui signifie donner à loyer ou prendre à loyer. Le mot brave est également équivoque : il peut signifier courageux, bon ou benêt, suiviste. Le cas est un peu différent il est vrai puisque le deuxième sens s’entend surtout par dérision du premier. Je n’en vois pas d’autres, mais amateur me semble en effet bien particulier étant donné que ce mot n’exprime pas une réciprocité comme hôte et louer et que le sens péjoratif n’est pas, me semble-t-il, une dérision du sens mélioratif.
Dans le genre, il y a le mot hôte, bien connu, qui désigne à la fois celui qui reçoit et celui qui est reçu ; le mot louer qui signifie donner à loyer ou prendre à loyer. Le mot brave est également équivoque : il peut signifier courageux, bon ou benêt, suiviste. Le cas est un peu différent il est vrai puisque le deuxième sens s’entend surtout par dérision du premier. Je n’en vois pas d’autres, mais amateur me semble en effet bien particulier étant donné que ce mot n’exprime pas une réciprocité comme hôte et louer et que le sens péjoratif n’est pas, me semble-t-il, une dérision du sens mélioratif.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Jacques
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Je pense qu'à l'origine, le mot amateur a été utilisé dans son véritable sens : celui qui aime. Et quand on aime quelque chose on le fait bien.
C'est un usage déviant qui a dû l'opposer à professionnel avec une notion de mépris. Et pourtant, il ne manque pas de domaines où les amateurs travaillent avec plus de soin et de conscience que bien des professionnels devenus des bâcleurs de travail. Il serait temps de redonner au mot ses lettres de noblesse.
C'est un usage déviant qui a dû l'opposer à professionnel avec une notion de mépris. Et pourtant, il ne manque pas de domaines où les amateurs travaillent avec plus de soin et de conscience que bien des professionnels devenus des bâcleurs de travail. Il serait temps de redonner au mot ses lettres de noblesse.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Dame Vérone
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- Jacques-André-Albert
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- Jacques
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Homonyme homophone et homographe, et pour cause : l'étymologie est la même. Toutes les acceptions viennent du latin clavus, « petite cheville ». L'expression mettre au clou pour déposer au Mont-de-piété vient de ce que les objets portés en gage étaient accrochés à un clou. Le furoncle et le clou de girofle tirent leur nom de la forme.Claude a écrit :Avec clou nous sommes dans l'homonymie, n'est-il pas ?
Le sens de partie la meilleure d'un spectacle est d'origine obscure.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
C'est bien cette évolution de sens qui est intriguante, d'autant plus qu'elle a donné le mot "amateurisme" qui, lui, n'est pas équivoque et caractérise bien le fait qu'aimer faire quelque chose peut s'accompagner de la pire des incompétences : celle qui s'ignore.Je pense qu'à l'origine, le mot amateur a été utilisé dans son véritable sens : celui qui aime. Et quand on aime quelque chose on le fait bien.
C'est un usage déviant qui a dû l'opposer à professionnel avec une notion de mépris. Et pourtant, il ne manque pas de domaines où les amateurs travaillent avec plus de soin et de conscience que bien des professionnels devenus des bâcleurs de travail. Il serait temps de redonner au mot ses lettres de noblesse
Nous ne sommes pas loin du double sens du mot "brave" il me semble, dans la mesure où c'est la notion de "bonne volonté" qui est accompagnée de celle d'ignorance.
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Amateur a d'abord signifié ami, puis amoureux. Sous l'influence de l'italien il prend le sens (1762) de « celui qui aime un art sans en faire profession ».
Stendhal semblerait être à l'origine d'un sens dévalorisant : qui exerce une activité de façon négligée, sans application et sans les compétences professionnelles requises.
Amateurisme pourrait venir de l'anglais, désignant un manque de savoir-faire ou de compétence professionnelle.
Amatrice, bien formé et dûment répertorié, devrait reprendre la place à laquelle il a droit dans la liste des féminisations logiques et raisonnables.
N.B. : ce savoir ne m'est pas propre, je le tire du Dictionnaire historique de la langue française.
Stendhal semblerait être à l'origine d'un sens dévalorisant : qui exerce une activité de façon négligée, sans application et sans les compétences professionnelles requises.
Amateurisme pourrait venir de l'anglais, désignant un manque de savoir-faire ou de compétence professionnelle.
Amatrice, bien formé et dûment répertorié, devrait reprendre la place à laquelle il a droit dans la liste des féminisations logiques et raisonnables.
N.B. : ce savoir ne m'est pas propre, je le tire du Dictionnaire historique de la langue française.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Klausinski
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- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Mais le TLFi la donne :Jacques a écrit :La référence n'est malheureusement pas donnée, seulement une année : 1822.
Le plaisant de l'éducation actuelle, c'est qu'on n'apprend rien aux jeunes filles, qu'elles ne doivent oublier bien vite, dès qu'elles seront mariées. Il faut quatre heures par jour pendant six ans, pour bien jouer de la harpe; pour bien peindre la miniature ou l'aquarelle, il faut la moitié de ce temps. La plupart des jeunes filles n'arrivent pas même à une médiocrité supportable; de là le proverbe si vrai : Qui dit amateur dit ignorant.
STENDHAL, De l'Amour, 1822, p. 211.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)