Pas tous
- Jacques
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Je me pose les mêmes questions que vous. Et il y en a beaucoup d'autres : pourquoi par exemple doit-on dire aujourd'hui la maison de ma tante, le frère de ma mère, alors qu'avant on disait la maison à ma tante, le frère à ma mère, qui sont maintenant considérés comme fautifs ?
Au XVIIe siècle le linguiste Vaugelas a décidé de poser des règles en se fondant sur le « bon usage » de la cour du roi de France ; il a été suivi par des quantités de grammairiens qui ont voulu l'imiter et ont rajouté un grand nombre de règles, sous prétexte de la précision de la langue. Ce sont eux qui ont déterminé toutes ces incroyables complications sur l'accord du participe passé. Nous payons de nos jours cet excès de zèle, avec une langue qui nous tend des pièges multiples et dont, étrangement, nous ne pouvons pas nous affranchir : les tentatives de réforme et de simplification venant de l'Académie française ont toujours échoué.
Au XVIIe siècle le linguiste Vaugelas a décidé de poser des règles en se fondant sur le « bon usage » de la cour du roi de France ; il a été suivi par des quantités de grammairiens qui ont voulu l'imiter et ont rajouté un grand nombre de règles, sous prétexte de la précision de la langue. Ce sont eux qui ont déterminé toutes ces incroyables complications sur l'accord du participe passé. Nous payons de nos jours cet excès de zèle, avec une langue qui nous tend des pièges multiples et dont, étrangement, nous ne pouvons pas nous affranchir : les tentatives de réforme et de simplification venant de l'Académie française ont toujours échoué.
Dernière modification par Jacques le mar. 24 avr. 2012, 12:31, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
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C'est d'autant plus curieux que si on formule autrement cette affirmation, on doit dire : cette maison est à elle, et non cette maison est d'elle (sauf si elle est architecte, bien sûr).Jacques a écrit :Je me pose les mêmes questions que vous. Et il y en a beaucoup d'autres : pourquoi par exemple doit-on dire aujourd'hui la maison de ma tante, le frère de ma mère, alors qu'avant on disat la maison à ma tante, le frère à ma mère, qui sont maintenant considérés comme fautifs ?
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Pour aligner le français avec les autres langues romanes, qui utilisent la préposition de (et variations) : la casa de mi tía, a casa da/de minha tia, la casa di mia zia, el hermano de mi madre, o irmão da/de minha mãe, il fratello di mia madre ?Je me pose les mêmes questions que vous. Et il y en a beaucoup d'autres : pourquoi par exemple doit-on dire aujourd'hui la maison de ma tante, le frère de ma mère, alors qu'avant on disait la maison à ma tante, le frère à ma mère, qui sont maintenant considérés comme fautifs ?
Le roumain recourt au génitif/datif: casa mătuşii mele, fratele mamei mele.
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Peut-être. Mais en anglais, qui est une langue germanique, l'appartenance est aussi marquée par of, en dehors du cas possessif.
Je crois quand même que le français construit ses propres règles sans tenir compte de celles des autres langues, mêmes romanes.
Il y a des évolutions qui semblent dépendre d'une mode.
Prenez l'adverbe très ; on a longtemps dit qu'il était fautif de dire j'ai très faim, nous avons eu très peur, elle a vraiment très soif, ils avaient très envie parce que faim, soif, peur, envie sont des substantifs et qu'un substantif ne peut pas être modifié par un adverbe. On recommandait donc de dire grand faim, etc.
De nos jours des grammairiens estiment qu'il n'y a pas de faute, parce que l'adverbe modifie la locution verbale avoir faim, peur, soif, envie... et pas le nom tout seul.
Prenez la formule ce sont, obligatoire devant un COD pluriel : c'est un livre, ce sont des livres. Il n'en a pas toujours été ainsi, jadis on disait c'est des livres, ce qui paraît logique parce que le ce de c'est est neutre et donc invariable. Il ne se rapporterait donc pas à livres.
Il y a ainsi des batailles de spécialistes qui font varier les pratiques au fil du temps.
Je crois quand même que le français construit ses propres règles sans tenir compte de celles des autres langues, mêmes romanes.
Il y a des évolutions qui semblent dépendre d'une mode.
Prenez l'adverbe très ; on a longtemps dit qu'il était fautif de dire j'ai très faim, nous avons eu très peur, elle a vraiment très soif, ils avaient très envie parce que faim, soif, peur, envie sont des substantifs et qu'un substantif ne peut pas être modifié par un adverbe. On recommandait donc de dire grand faim, etc.
De nos jours des grammairiens estiment qu'il n'y a pas de faute, parce que l'adverbe modifie la locution verbale avoir faim, peur, soif, envie... et pas le nom tout seul.
Prenez la formule ce sont, obligatoire devant un COD pluriel : c'est un livre, ce sont des livres. Il n'en a pas toujours été ainsi, jadis on disait c'est des livres, ce qui paraît logique parce que le ce de c'est est neutre et donc invariable. Il ne se rapporterait donc pas à livres.
Il y a ainsi des batailles de spécialistes qui font varier les pratiques au fil du temps.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
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- Jacques-André-Albert
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- Perkele
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- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Chez nous, c'était surtout "Je me suis tombé" qui était combattu. :DJacques-André-Albert a écrit :Je pense qu'on peut classer dans ces interdits les formules autrefois admises « il a passé » « il a tombé », combattues par l'école de notre enfance.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4646
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Ça, c'est un occitanisme, si je ne m'abuse.Perkele a écrit :Chez nous, c'était surtout "Je me suis tombé" qui était combattu. :D
Par contre, si vous faites une requête dans Google ngram viewer avec la formule « il a tombé », vous verrez qu'elle était employée de façon régulière jusqu'au XIXè siècle, jusqu'à ce qu'un censeur de la langue la déclare « populaire » et donc à bannir du langage académique que l'école se doit de montrer en exemple.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
J'ai descendu dans mon jardin a bien l'air d'être cousin de j'ai descendu l'allée ou l'escalier. Il y a de l'arbitraire dans ces décisions des censeurs de la langue, comme dit JAA.
Dernière modification par Jacques le mer. 25 avr. 2012, 7:31, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
tentative d'explication
Bonjour,
«Pas tous les citoyens sont égaux devant la langue.»
---
Je me situe dans le contexte de la nouvelle approche de la grammaire pour tenter une explication.
---
Une phrase doit être de forme affirmative ou négative
(de même : active ou passive, neutre ou emphatique), à moins d'être à construction particulière (impersonnelle, averbale, infinitive, à présentatif ou incidente).
Pour transformer la phrase affirmative : «Tous les citoyens sont égaux devant la langue.» en phrase négative, les règles de la syntaxe veulent qu'on encadre le verbe conjugué (ou l'auxiliaire dans le cas d'un temps composé) par ne...pas. (il y a aussi des remplacements possibles du sujet - ex.: quelqu'un par personne, etc. - mais ce n'est pas le cas ici : on retrouve pas dans la phrase sous analyse).
La forme négative de la phrase affirmative citée au paragraphe précédent est normalement : «Tous les citoyens ne sont pas égaux devant la langue.» (variante : «Les citoyens sont tous égaux devant la langue,» deviendrait «Les citoyens ne sont pas tous égaux devant la langue.»)
Deuxième remarque : on peut toujours remplacer le groupe sujet de la phrase par un pronom, ou l'encadrer par «C'est ... qui» ou «Ce sont ... qui».
Ici ça donnerait «Ils (Pas tous les citoyens) sont égaux devant la langue.», ce qui ne retient pas le sens original.
On aurait aussi «Ce sont pas tous les citoyens qui sont égaux devant la langue. Cette forme est clairement asyntaxique. Cette dernière forme pourrait peut-être passer en langage familier mais pas la précédente.
-----
Merci d'avoir lu et la prochaine, en espérant des réactions !
Christian
humour trivial : Certains sont plus égaux que les autres.
«Pas tous les citoyens sont égaux devant la langue.»
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Je me situe dans le contexte de la nouvelle approche de la grammaire pour tenter une explication.
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Une phrase doit être de forme affirmative ou négative
(de même : active ou passive, neutre ou emphatique), à moins d'être à construction particulière (impersonnelle, averbale, infinitive, à présentatif ou incidente).
Pour transformer la phrase affirmative : «Tous les citoyens sont égaux devant la langue.» en phrase négative, les règles de la syntaxe veulent qu'on encadre le verbe conjugué (ou l'auxiliaire dans le cas d'un temps composé) par ne...pas. (il y a aussi des remplacements possibles du sujet - ex.: quelqu'un par personne, etc. - mais ce n'est pas le cas ici : on retrouve pas dans la phrase sous analyse).
La forme négative de la phrase affirmative citée au paragraphe précédent est normalement : «Tous les citoyens ne sont pas égaux devant la langue.» (variante : «Les citoyens sont tous égaux devant la langue,» deviendrait «Les citoyens ne sont pas tous égaux devant la langue.»)
Deuxième remarque : on peut toujours remplacer le groupe sujet de la phrase par un pronom, ou l'encadrer par «C'est ... qui» ou «Ce sont ... qui».
Ici ça donnerait «Ils (Pas tous les citoyens) sont égaux devant la langue.», ce qui ne retient pas le sens original.
On aurait aussi «Ce sont pas tous les citoyens qui sont égaux devant la langue. Cette forme est clairement asyntaxique. Cette dernière forme pourrait peut-être passer en langage familier mais pas la précédente.
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Christian
humour trivial : Certains sont plus égaux que les autres.
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
J'ai descendu dans mon jardin, vieille chanson enfantine, utilise le verbe descendre à la forme intransitive. J'ai descendu quelqu'un est transitif direct. Nous avons en outre deux registres de langue : l'un est du français, l'autre de l'argot qui, sans être vraiment une langue (il n'a pas de grammaire et s'appuie sur celle du français) est néanmoins un langage différent, une sorte de dialecte ou de patois.TSOS a écrit :Quand je vous lis "j'ai descendu dans mon jardin", j'ai en tout cas, à cause d'un sens postérieur, l'impression que vous y avez exécuté, fusillé, liquidé quelqu'un...
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).