Épicène : nouvelle mode ?
Épicène : nouvelle mode ?
Bonjour, j'ai un problème à soumettre à votre sagacité.
Il me semblait qu'autrefois on n'accordait pas les noms utilisés avec une fonction d'adjectif apposé. Exemple : des sujets tabou (sans "s")
Ce qui était cohérent avec la règle des adjectifs de couleur invariables, comme orange ou marron.
Aujourd'hui je vois souvent écrit des sujets "tabous", voire des choses "taboues".
Certains écrivent même des choses "tabous" sous prétexte qu'il s'agirait d'un adjectif épicène et que l'on pourrait accorder en nombre mais pas en genre !! Qu'en pensez-vous et y a-t-il une (des) règle(s) ?
Il me semblait qu'autrefois on n'accordait pas les noms utilisés avec une fonction d'adjectif apposé. Exemple : des sujets tabou (sans "s")
Ce qui était cohérent avec la règle des adjectifs de couleur invariables, comme orange ou marron.
Aujourd'hui je vois souvent écrit des sujets "tabous", voire des choses "taboues".
Certains écrivent même des choses "tabous" sous prétexte qu'il s'agirait d'un adjectif épicène et que l'on pourrait accorder en nombre mais pas en genre !! Qu'en pensez-vous et y a-t-il une (des) règle(s) ?
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
On ne peut pas parler de règle, mais plutôt d'usage. Tabou a longtemps été invariable, mais il a de plus en plus tendance à s'accorder en genre et en nombre. Notre orthographe étant la francisation d'un mot polynésien (taboo), lui accorder les marques du féminin et du pluriel, c'est en quelque sorte confirmer son acceptation dans la langue française en le soumettant à nos propres règles. En ce qui concerne le genre, cependant, il y a encore hésitation, et l'on peut écrire des idées taboues ou tabous.
Mais les dictionnaires d'usage tranchent sans nuance en faveur d'un accord systématique.
Mais les dictionnaires d'usage tranchent sans nuance en faveur d'un accord systématique.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
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Non, il ne faut pas faire de généralités. Standard, adjectif, est invariable selon Bordas et le Petit Robert. Larousse estime qu'il s'accorde en nombre mais pas en genre.
L'invariabilité vient de son origine anglaise : en anglais les adjectifs sont invariables. Là encore l'accord est une francisation, mais partielle puisqu'il ne s'accorde pas au féminin.
Vous considérez tabou comme un substantif en fonction d'adjectif épithète, mais de nos jours il y a un nom et un adjectif à part entière.
Des règles standard(s), des sujets tabou(s), c'est la même chose que des maisons solides. Ces deux-là posent la question d'une francisation de mots étrangers, simplement. Quant aux adjectifs de couleur, c'est une autre affaire, ceux qui ont un nom désignant véritablement une couleur (vert, bleu, rouge...) s'accordent, ceux qui désignent une couleur par comparaison sont invariables : orange, marron, prune, crème et quelques dizaines (ou centaines ?) d'autres.
Des robes orange sont « de la couleur d'une orange », des yeux pervenche « de la couleur d'une pervenche ».
Exceptions, noms ne désignant pas des couleurs proprement dites mais qu'on accorde comme si c'était le cas : écarlate, fauve, incarnat, mauve, pourpre, rose.
L'invariabilité vient de son origine anglaise : en anglais les adjectifs sont invariables. Là encore l'accord est une francisation, mais partielle puisqu'il ne s'accorde pas au féminin.
Vous considérez tabou comme un substantif en fonction d'adjectif épithète, mais de nos jours il y a un nom et un adjectif à part entière.
Des règles standard(s), des sujets tabou(s), c'est la même chose que des maisons solides. Ces deux-là posent la question d'une francisation de mots étrangers, simplement. Quant aux adjectifs de couleur, c'est une autre affaire, ceux qui ont un nom désignant véritablement une couleur (vert, bleu, rouge...) s'accordent, ceux qui désignent une couleur par comparaison sont invariables : orange, marron, prune, crème et quelques dizaines (ou centaines ?) d'autres.
Des robes orange sont « de la couleur d'une orange », des yeux pervenche « de la couleur d'une pervenche ».
Exceptions, noms ne désignant pas des couleurs proprement dites mais qu'on accorde comme si c'était le cas : écarlate, fauve, incarnat, mauve, pourpre, rose.
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- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Non dans les deux cas, ce ne sont pas des adjectifs mais des substantifs masculins et, pour bien marquer cette qualité, il est recommandé de ne pas les priver de l'article indéfini un. On ne peut pas les employer en fonction d'adjectifs attributs.
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- JR
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Standard ne peut être féminin, car elles s'appliquent à se différencier, et font une crise si elles sont deux à porter la même robe dans le même espace !Herdé76 a écrit :standard, qui s'accorde en nombre mais pas en genre (ce qui me choque un peu).
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François Rabelais
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Et s'ils sont composés, il restent invariables :Jacques a écrit :Quant aux adjectifs de couleur, c'est une autre affaire, ceux qui ont un nom désignant véritablement une couleur (vert, bleu, rouge...) s'accordent, ceux qui désignent une couleur par comparaison sont invariables : orange, marron, prune, crème et quelques dizaines (ou centaines ?) d'autres.
Des robes orange sont « de la couleur d'une orange », des yeux pervenche « de la couleur d'une pervenche ».
Exceptions, noms ne désignant pas des couleurs proprement dites mais qu'on accorde comme si c'était le cas : écarlate, fauve, incarnat, mauve, pourpre, rose.
des cheveux brun foncé, des vestes bleu marine, etc.
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
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- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Bordas distingue les adjectifs de couleur « accompagnés », associés à un adjectif qualificatif ou un autre mot (surtout un nom) qui leur donne une caractéristique : quand on dit des cheveux brun foncé, foncé est l'adjectif qui qualifie le brun ; rouge cerise, c'est un rouge comme celui de la cerise, etc. L'adjectif de couleur composé, toujours selon lui, comporte deux noms de couleurs : bleu-vert, brun-rouge...manni-gedeon a écrit :Et s'ils sont composés, il restent invariables :Jacques a écrit :Quant aux adjectifs de couleur, c'est une autre affaire, ceux qui ont un nom désignant véritablement une couleur (vert, bleu, rouge...) s'accordent, ceux qui désignent une couleur par comparaison sont invariables : orange, marron, prune, crème et quelques dizaines (ou centaines ?) d'autres.
Des robes orange sont « de la couleur d'une orange », des yeux pervenche « de la couleur d'une pervenche ».
Exceptions, noms ne désignant pas des couleurs proprement dites mais qu'on accorde comme si c'était le cas : écarlate, fauve, incarnat, mauve, pourpre, rose.
des cheveux brun foncé, des vestes bleu marine, etc.
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- Perkele
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- Localisation : Deuxième à droite après le feu
J'ai souvent lu "vectrice de" dans des articles médicaux... serait-ce une faute de ces bons scientifiques ?Jacques a écrit :Non dans les deux cas, ce ne sont pas des adjectifs mais des substantifs masculins et, pour bien marquer cette qualité, il est recommandé de ne pas les priver de l'article indéfini un. On ne peut pas les employer en fonction d'adjectifs attributs.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
D'après Robert le sens médical est « organisme (particulièrement insecte) susceptible de transmettre un agent infectieux d'un sujet à un autre. »
On dira donc que le porc mal cuit est un vecteur du ver solitaire (bien que ce dernier ne soit pas un organisme infectieux, mais un parasite). Ce qui, dans un exposé, donnerait « Le porc mal cuit, vecteur du ténia... » De là à croire à tort que cette apposition fait de vecteur un adjectif qualificatif, le pas est vite franchi. Le monde médical, et notre Mme de Sévigné l'a confirmé, n'est pas le sanctuaire d'un français de qualité. La faute a fini par s'imposer. Est-ce fondamentalement grave ? Nous avons vu que ce même phénomène d'apposition, avec tabou, a abouti à la création d'un adjectif à part entière.
On dira donc que le porc mal cuit est un vecteur du ver solitaire (bien que ce dernier ne soit pas un organisme infectieux, mais un parasite). Ce qui, dans un exposé, donnerait « Le porc mal cuit, vecteur du ténia... » De là à croire à tort que cette apposition fait de vecteur un adjectif qualificatif, le pas est vite franchi. Le monde médical, et notre Mme de Sévigné l'a confirmé, n'est pas le sanctuaire d'un français de qualité. La faute a fini par s'imposer. Est-ce fondamentalement grave ? Nous avons vu que ce même phénomène d'apposition, avec tabou, a abouti à la création d'un adjectif à part entière.
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- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je crois que cette utilisation du mot vecteur, emprunté au vocabulaire des mathématiques où il aurait mieux fait de rester, participe d'un certain snobisme. Porteur fait très bien l'affaire, ou agent de transmission, et porteur sain dit bien ce qu'il veut dire : qui transmet une maladie sans en être affecté lui-même.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).