COD D' « IL Y A » ?

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Jacques
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Message par Jacques »

Anne a écrit : Si Grevisse le nomme ainsi, soit ! Mais je continue à ne pas entendre du datif dans ce « en » qui remplace l'article partitif « de la ».
C'est curieux, ce en soulève des quantités de polémiques sur la question de ce qu'il remplace exactement, de sa fonction grammaticale (COD ou COI ou complément déterminatif du nom) et de la nécessité de l'accorder ou de le laisser invariable.
Dans Le français correct de Grevisse, édition revue et corrigée par Michèle Lenoble-Pinson, elle le considère comme COD, contredisant ainsi l'ancienne opinion de Grevisse aujourd'hui décédé, qui précisait que ce n'est pas un COD, qu'il signifie de ceci ou de cela et ne peut donc s'acccorder.
Et les querelles vont bon train, aussi bien chez les amateurs que chez les spécialistes.
En ce qui concerne les spécialistes nous savons à quoi nous en tenir, ils sont comme les plombiers et les médecins, il n'y en a pas deux qui disent la même chose. Pour mon usage personnel j'ai décidé de ne jamais l'accorder, c'est le point sur lequel lesdits spécialistes sont à peu près tous d'accord sans pouvoir vraiment dire pourquoi. Mais ils signalent que des auteurs connus ont accordé.
En conclusion : c'est l'anarchie totale. On peut aussi bien dire que c'est un COD qui ne s'accorde pas qu'un COI qui s'accorde ou, par je ne sais quel sortilège, un complément du nom.
Faites votre choix, mesdames et messieurs, il y en a pour tout le monde !
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Brazilian dude a écrit :
C’est une bizarrerie de la langue française.
Le catalan, l'italien et l'hollandais ont la même chose.
En parlant de bizarrerie de la langue française, je voulais dire ceci : d’une part, malgré la préposition de, on considère « de la compote » (parce que c’est un partitif) comme un complément d’objet direct dans « Il a mangé de la compote », alors que « direct » signifie normalement « sans préposition » ; d’autre part, on délaisse cette manière de voir les choses quand on remplace le partitif par « en » (ou « en…un/e ») en ce qui concerne l’accord du participe, qu’on ne fait plutôt pas.
Ce deuxième point ne peut concerner le néerlandais, où le participe, si je me rappelle bien, ne s’accorde jamais.
Voulez-vous dire, en liaison avec mon premier point, qu’il y a en néerlandais un partitif avec préposition et qu’il peut être utilisé comme COD ?
Brazilian dude
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Message par Brazilian dude »

Des pommes ? J’en ai mangé- (Sommige/enkele/een paar) appels? - Ik heb er gegeten.

Tes pommes? Je les ai mangé. - Je/Jouw appels? Ik heb ze gegeten.

Il n'y a pas d'accord entre le participe passé et l'objet/le sujet en hollandais.

Mais il peut y avoir en italien:

Combien de pommes as-tu mangé? J'en ai mangé trois. - Quante mele hai mangiato? Ne ho mangiate tre.

Je n'ai pas voulu faire une comparaison approfondie avec d'autres langues, j'ai simplement dit que d'autres langues, entre lesquelles j'ai cité le catalan, l'italien et l'hollandais, ont aussi des mécanismes pour exprimer le partitif.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Anne a écrit : je n'avais pas le souvenir qu'on eût dit que « en » avait valeur de COI dans Il en a mangé. .
Un COI n’est pas forcément un datif. Si l’on veut être précis, il faut parler de COIS pour qualifier la fonction de « à mes enfants » dans « Je donne des pommes à mes enfants ». On parlait jadis de complément d’ « attribution » (souvenir du datif latin) pour le second objet de « donner », « attribuer », « proposer »… Les grammairiens, à juste titre selon moi, ont demandé que l’on renonce à la notion de complément d’attribution en pensant à des verbes comme « voler », « dérober », « emprunter », « enlever »… pour lesquels le second objet ne se voit rien « attribuer », mais subit au contraire un retrait (Il a emprunté mille euros à son père).
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shokin
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Message par shokin »

Peut-être que l'ambiguïté, du moins en langue française, vient en partie de celle du des.

des peut être simplement un article indéfini comme il peut être un article défini contracté, tout comme du.
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