Hésitation

Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

Islwyn a écrit :Le cas de plus d'un est intéressant, étant normalement suivi du singulier malgré la logique mathématique :
« Plus d'un se rappela des matinées pareilles » (Flaubert).
D'après Girodet « Le verbe se met généralement au singulier, parfois au pluriel. L'adjectif attribut ou le participe se met au singulier si le verbe est au singulier, au pluriel si le verbe est au pluriel ».
D'après Larousse, « Plus d'un + nom au pluriel, l'accord du verbe est facultatif : Plus d'un de ses ennemis avait juré ou avaient juré sa perte. Noter que l'accord avec moins de deux se fait au pluriel [*][/i] »[/color]
* comme il est dit ci-dessus
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

Message par André (G., R.) »

Cet échange est intéressant. Merci à vous tous.
Ernest de la Coquecigrue a écrit :Grevisse mentionne ce cas dans le Bon Usage (§ 934 – Le sujet est un syntagme complexe).
  • Lorsque le sujet est une expression de quantité comme la plupart, un grand nombre, beaucoup, plusieurs, certains, quelques-uns, combien, trop, etc., ayant pour complément l’un des pronoms nous, vous, le verbe se met ordinairement à la 3e personne du pluriel.
Par exemple : Une trentaine d’entre nous avaient formé un club. (Maurois)

Il ajoute que l'accord se fait parfois avec le complément nous, et rarement avec vous.
Un petit sujet d'étonnement : Grevisse s'en tient à constater l'accord plus fréquent avec nous qu'avec vous, on pourrait s'attendre à ce qu'il déconseille ce manque de logique.

Par ailleurs, vous le dites, Ernest, si l'on acceptait Une trentaine d’entre nous avions formé un club, cela signifierait que l’on ne voit pas d’inconvénient à ce qu’un verbe s’accorde avec un complément, nous, ce qui est une aberration : le verbe s’accorde avec son sujet. Il suffit en outre de faire commencer la phrase par nous pour que la première personne devienne naturelle : Nous étions une trentaine à avoir formé un club.
Avatar de l’utilisateur
Jacques-André-Albert
Messages : 4645
Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
Localisation : Niort

Message par Jacques-André-Albert »

André (G., R.) a écrit :si l'on acceptait Une trentaine d’entre nous avions formé un club, cela signifierait que l’on ne voit pas d’inconvénient à ce qu’un verbe s’accorde avec un complément, nous, ce qui est une aberration : le verbe s’accorde avec son sujet. Il suffit en outre de faire commencer la phrase par nous pour que la première personne devienne naturelle : Nous étions une trentaine à avoir formé un club.
L'accord suit ici la logique mathématique : une trentaine (c'est à dire environ trente, donc pluriel) n'est qu'une partie des personnes regroupées sous le pronom « nous ».
Dans la seconde formulation, le « nous » désigne la trentaine.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

Franchement, une trentaine d'entre nous avions... ne me choque pas plus que avaient. Je comprends que JAA n'y voit pas non plus d'inconvénient, et en donne une justification logique mathématiquement grammaticale.
J'irai même un peu plus loin :
Une trentaine d'entre nous avaient... Une trentaine dont je ne fais pas partie ;
Une trentaine d'entre nous avions... Je fais partie à coup sûr de cette trentaine.
Cette nuance justifie donc aussi le choix de l'un ou de l'autre.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Avatar de l’utilisateur
Jacques-André-Albert
Messages : 4645
Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
Localisation : Niort

Message par Jacques-André-Albert »

Vous faites là une remarque très pertinente, Jacques.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

Message par André (G., R.) »

Jacques a écrit :Une trentaine d'entre nous avions... Je fais partie à coup sûr de cette trentaine.
Se pose tout de même le problème de la fonction grammaticale de Une trentaine.
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

Je ne suis pas assez instruit en grammaire pour répondre sur ce point.
Cela ne nous ramènerait-il pas à l'accord d'intention avec un collectif singulier, qui rend l'accord possible sur le complément du sujet ?
Une trentaine paraît faire partie des collectifs singuliers, au même titre que un grand nombre, par exemple.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

Message par André (G., R.) »

Jacques a écrit :Cela ne nous ramènerait-il pas à l'accord d'intention avec un collectif singulier, qui rend l'accord possible sur le complément du sujet ?
Une trentaine paraît faire partie des collectifs singuliers, au même titre que un grand nombre, par exemple.
Je n'exclus pas l'analogie que vous évoquez. Mais l'accord d'intention concerne le nombre, tandis que le remplacement d'avaient par avions affecte la personne. Je reste donc embarrassé par Une trentaine si le verbe qui suit est à la première personne du pluriel.
Avatar de l’utilisateur
Islwyn
Messages : 1492
Inscription : sam. 16 févr. 2013, 12:09
Localisation : Royaume-Uni (décédé le 9 mars 2018)

Message par Islwyn »

Je me permets de citer les remarques suivantes :
« L'accord du verbe avec son sujet (Une dizaine de personnes pense que...) est qualifié de grammatical (accord selon la grammaire) ; l'accord avec le complément du nom collectif (Une dizaine de personnes pensent que...), de logique (accord selon la logique). Dans ce dernier cas, la subordination logique l’emportant sur la subordination grammaticale, on parlera d’accord par syllepse (obligatoire avec la plupart, notamment). » Tiré de Parler français, http://parler-francais.eklablog.com/acc ... l-a5352133
Quantum mutatus ab illo
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

André (G., R.) a écrit : Je n'exclus pas l'analogie que vous évoquez. Mais l'accord d'intention concerne le nombre, tandis que le remplacement d'avaient par avions affecte la personne. Je reste donc embarrassé par Une trentaine si le verbe qui suit est à la première personne du pluriel.
Mais que pensez-vous de ceci ? :
Une trentaine d'entre nous avaient... Une trentaine dont je ne fais pas partie ;
Une trentaine d'entre nous avions... Je fais partie à coup sûr de cette trentaine.

Je ne sais pas si c'est un accord d'intention, mais on peut dire au moins que c'est un accord de circonstances. On ne peut pas contester ces deux possibilités.
Étant donné ma formation élémentaire à la grammaire, je ne me préoccupe pas trop de son classement dans une catégorie donnée, l'essentiel étant pour moi plus d'ordre pratique que technique.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

Islwyn a écrit :Je me permets de citer les remarques suivantes :
« L'accord du verbe avec son sujet (Une dizaine de personnes pense que...) est qualifié de grammatical (accord selon la grammaire) ; l'accord avec le complément du nom collectif (Une dizaine de personnes pensent que...), de logique (accord selon la logique). Dans ce dernier cas, la subordination logique l’emportant sur la subordination grammaticale, on parlera d’accord par syllepse (obligatoire avec la plupart, notamment). » Tiré de Parler français, http://parler-francais.eklablog.com/acc ... l-a5352133
Oui, nous sommes d'accord avec ce principe, mais la question d'André s'écarte de ces circonstances grammaticales.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

Message par André (G., R.) »

Certaines des phrases où nous hésitons quant à la personne du verbe, sont des propositions indépendantes (Beaucoup d'entre nous sont des immigrés / Beaucoup d'entre nous sommes des immigrés), d’autres comportent la difficulté dans des subordonnées (Nous sommes des gens qui aiment la paix / Nous sommes des gens qui aimons la paix).

Voici une phrase qui nous contraint à utiliser la même personne dans la principale et dans la subordonnée, je la propose d’abord sous la seule forme qui me paraît correcte :

Celles d’entre nous qui voulaient voir le film avaient déjà quitté le groupe.

L’accord du verbe avec nous, quand ce pronom est lui-même complément, conduirait à des bizarreries, outre la difficulté que l’on aurait alors à indiquer la fonction grammaticale de celles : Celles d’entre nous qui voulions voir le film avions déjà quitté le groupe.

Je tends à croire qu'accepter Nous sommes des gens qui aimons la paix ou Beaucoup d'entre nous sommes des immigrés nous contraint à accepter aussi Celles d’entre nous qui voulions voir le film avions déjà quitté le groupe.
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

C'est possible, je ne sais pas ce qu'il faut en penser. Je dois dire que j'ai eu un sursaut d'indignation en lisant que Nous sommes des gens qui aimons la paix était accepté comme non fautif. Il est évident que le sujet du verbe aimer est le pronom relatif qui, mis pour gens, 3e personne du pluriel. Même chose pour la phrase sur les immigrés. Je rapporte mes trouvailles ou les déductions faites à partir de ces trouvailles, mais avec réticence parce que sur le fond je ne suis pas d'accord. C'est bien ce que j'ai conseillé à la personne qui m'interrogeait : par prudence, préférer la 3e personne, et je m'en tiens là pour mon usage personnel.
Le chapitre Accord du verbe avec son ou ses sujets(s) est copieux dans le Bordas, et je remarque que, pour certains cas, on y dit que cela se fait uniquement avec telle personne et pas avec telle autre.
Nous sommes dans un embrouillamini qu'il est difficile, ou au moins délicat d'essayer de démêler.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
Messages : 7437
Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22

Message par André (G., R.) »

« C'est pas moi qu(i) (') a fait ça ! »
« C'est pas nous qu(i) (') a fait ça ! »
Voilà ce que disent parfois les enfants.
Les parents corrigent :
« Ce n'est pas nous qui avons fait cela ! »
« Ce n'est pas vous qui avez fait cela ! »
Je ne serais pas étonné d'apprendre que Nous sommes des gens qui aimons... soit une sur-correction à partir de C'est nous qui avons, C'est nous qui sommes...
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

Mais alors, une surcorrection devenue licite.
Les enfants disent aussi : C'est pas moi que j'ai fait ça.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Répondre