La liaison sous tous ses aspects
- Manni-Gédéon
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J'ai entendu récemment à la télévision :
- «en piteux (h)état»
- «le fameux (h)accident»
Pourtant c'est plus difficile à dire sans liaison qu'avec.
- «en piteux (h)état»
- «le fameux (h)accident»
Pourtant c'est plus difficile à dire sans liaison qu'avec.
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
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- Jacques-André-Albert
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- Claude
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Il y a quelques années j'avais cité un extrait sur Jacques Chirac pour sa façon particulière de prononcer les liaisons :
« Poussé trop loin, le respect forcené des liaisons peut confiner au ridicule. On remarque d'ailleurs que les hommes politiques et présentateurs français des années 2000 (Jacques Chirac, par exemple, est coutumier du fait) appliquent une diction étrange consistant à prononcer automatiquement certaines liaisons indépendamment du mot suivant et d'introduire une pause (disjonction ou euh) à la suite de la consonne de liaison. Par exemple : ils ont entendu est normalement prononcé [ilz‿ɔ̃‿ɑ̃tɑ̃dy] ou plus soutenu [ilz‿ɔt̃‿ɑ̃tɑ̃dy]. Un locuteur pratiquant la prononciation fautive dont on parle dira [ilz‿ɔ̃t | ɑ̃tɑ̃dy] ([|] représente une pause ; « ils ont'... entendu ») [ilz‿ɔ̃təː(ːːː) ɑ̃tɑ̃dy] (« ils onteuh... entendu »). Pire, on peut même entendre ils ont décidé prononcé [ilz‿ɔ̃t | deside] (« ils ont'... décidé ») ou [ilz‿ɔ̃təː(ːːː) deside] (« ils onteuh... décidé »). Si, dans le premier cas, une pause entre deux mots reliés de manière si forte peut passer pour étrange de la part d'un orateur, dans le second, la liaison est pire qu'un pataquès puisque elle introduit un phonème de liaison inutile en l'absence d'hiatus ».
« Poussé trop loin, le respect forcené des liaisons peut confiner au ridicule. On remarque d'ailleurs que les hommes politiques et présentateurs français des années 2000 (Jacques Chirac, par exemple, est coutumier du fait) appliquent une diction étrange consistant à prononcer automatiquement certaines liaisons indépendamment du mot suivant et d'introduire une pause (disjonction ou euh) à la suite de la consonne de liaison. Par exemple : ils ont entendu est normalement prononcé [ilz‿ɔ̃‿ɑ̃tɑ̃dy] ou plus soutenu [ilz‿ɔt̃‿ɑ̃tɑ̃dy]. Un locuteur pratiquant la prononciation fautive dont on parle dira [ilz‿ɔ̃t | ɑ̃tɑ̃dy] ([|] représente une pause ; « ils ont'... entendu ») [ilz‿ɔ̃təː(ːːː) ɑ̃tɑ̃dy] (« ils onteuh... entendu »). Pire, on peut même entendre ils ont décidé prononcé [ilz‿ɔ̃t | deside] (« ils ont'... décidé ») ou [ilz‿ɔ̃təː(ːːː) deside] (« ils onteuh... décidé »). Si, dans le premier cas, une pause entre deux mots reliés de manière si forte peut passer pour étrange de la part d'un orateur, dans le second, la liaison est pire qu'un pataquès puisque elle introduit un phonème de liaison inutile en l'absence d'hiatus ».
Avatar : petit Gaulois agité (dixit Perkele)
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Quelqu'un sait-il pourquoi on fait la liaison d'« ils » ou « elles » avec « ont », « avaient », « étaient », « entrent » ([ilzɑ̃tr], ils entrent)..., alors qu'on n'imagine pas la faire (à moins que je me trompe ?) quand ces mêmes verbes ont pour sujet un nom terminé par S ([̃katrɔm ɑ̃tr], quatre hommes entrent) ?
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Dans certaines régions, on disait : ils h*-ont voulu venir avec nous.André (G., R.) a écrit :Quelqu'un sait-il pourquoi on fait la liaison d'« ils » ou « elles » avec « ont », « avaient », « étaient », « entrent » ([ilzɑ̃tr], ils entrent)..., alors qu'on n'imagine pas la faire (à moins que je me trompe ?) quand ces mêmes verbes ont pour sujet un nom terminé par S ([̃katrɔm ɑ̃tr], quatre hommes entrent) ?
A rapprocher de la prononciation d'un présentateur qui nous sert du :
"Quand h*-on....." Et il n'est pas le seul.
- Manni-Gédéon
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mais :Manni-Gédéon a écrit :J'ai entendu récemment à la télévision :
- «en piteux (h)état»
- «le fameux (h)accident»
Pourtant c'est plus difficile à dire sans liaison qu'avec.
- «des conclusions trop hâtives» avec la liaison...
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde
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Dans une émission sur France 3 consacrée ce soir à la Rance, deux erreurs de prononciation en sens opposé :
une petite anse, prononcé comme petite hanse avec donc une disjonction au lieu de la liaison normale.
la ville haute, prononcé comme villaute ou ville hôte, avec liaison au lieu de la disjonction normale.
une petite anse, prononcé comme petite hanse avec donc une disjonction au lieu de la liaison normale.
la ville haute, prononcé comme villaute ou ville hôte, avec liaison au lieu de la disjonction normale.
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- Jacques-André-Albert
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On entend aussi fréquemment une hanche d'instrument de musique. On pourrait aussi mentionner l'absence fautive de liaison dans : il est humble, il est humide, puisque ces adjectifs, qui viennent du latin humilis, possèdent un h muet, tout comme homme, humeur, hostile, hôpital, horreur, heure, honneur... la liste est longue.
Rappelons que la prononciation du h initial s'est maintenue dans les mots d'origine germanique, comme hache, hanche, heaume, haricot, etc.
Pour Hérisson, d'origine latine, le TLFI parle d'un h initial probablement d'origine expressive, mais la question reste posée.
Rappelons que la prononciation du h initial s'est maintenue dans les mots d'origine germanique, comme hache, hanche, heaume, haricot, etc.
Pour Hérisson, d'origine latine, le TLFI parle d'un h initial probablement d'origine expressive, mais la question reste posée.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)