Euphémismes
Euphémisme de langage
Il existe une autre forme d’euphémisme qui parfois surprend, c’est ce que j’appelle le pré-tutoiement, l’usage de la troisième personne pour dire tu. Cet usage fleurit sur les chantiers, au garage, sur les lieux de travail. Il s’agit essentiellement du langage oral et j’en donne un exemple : « Il coupe le truc qui va sur le machin, il met un peu de colle, il procède au collage, il presse très fort et il peut se servir à nouveau de l’objet ».
Je précise que même mon médecin traitant s’y est mis : « Il dort bien ? Il a de l’appétit ? Il fait un peu d’exercice ?... » (Il y a plus de trente ans qu’il soigne la famille).
Il existe une autre forme d’euphémisme qui parfois surprend, c’est ce que j’appelle le pré-tutoiement, l’usage de la troisième personne pour dire tu. Cet usage fleurit sur les chantiers, au garage, sur les lieux de travail. Il s’agit essentiellement du langage oral et j’en donne un exemple : « Il coupe le truc qui va sur le machin, il met un peu de colle, il procède au collage, il presse très fort et il peut se servir à nouveau de l’objet ».
Je précise que même mon médecin traitant s’y est mis : « Il dort bien ? Il a de l’appétit ? Il fait un peu d’exercice ?... » (Il y a plus de trente ans qu’il soigne la famille).
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Il ne me paraît pas que ce soit un usage récent, surtout dans l'exemple du docteur. Il me paraît bien daté, au contraire. J'ai l'impression de l'avoir entendu dans un grand nombre de films sur une France des années 1960-1970 : Qu'est-ce qu'elle prend, la petite dame ?
Un usage qui me semble plus contemporain consiste au contraire à employer le « tu » à la place du « on » : « Dans ces situations-là, tu ne sais pas quoi faire, t'en viens à prier, tu te raccroches à l'idée qu'il existe un Dieu, tu vois. »
Un usage qui me semble plus contemporain consiste au contraire à employer le « tu » à la place du « on » : « Dans ces situations-là, tu ne sais pas quoi faire, t'en viens à prier, tu te raccroches à l'idée qu'il existe un Dieu, tu vois. »
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
En effet, cet usage de il ou elle existait déjà quand j'étais enfant, disons juste après la guerre, autour de 1945, et il était peut-être plus ancien.
Il y avait juste à côté de chez nous une vieille femme qui tenait commerce (elle devait avoir entre 35 et 40 ans), et quand j'allais chez elle le dialogue se déroulait ainsi :
– qu'est-ce qu'y lui faut ?
– deux kilos de pommes de terre
– y préfère des p'tites ou des grosses ?
– des moyennes
– ça lui f'ra 25 francs
–...
– il a qu'un gros billet, il a pas d'monnaie ?
– non madame
– bon c'est pas grave, y r'viendra m'payer d'main.
Se tournant vers une cliente :
– qu'est-ce qu'elle veut ?
Il y avait juste à côté de chez nous une vieille femme qui tenait commerce (elle devait avoir entre 35 et 40 ans), et quand j'allais chez elle le dialogue se déroulait ainsi :
– qu'est-ce qu'y lui faut ?
– deux kilos de pommes de terre
– y préfère des p'tites ou des grosses ?
– des moyennes
– ça lui f'ra 25 francs
–...
– il a qu'un gros billet, il a pas d'monnaie ?
– non madame
– bon c'est pas grave, y r'viendra m'payer d'main.
Se tournant vers une cliente :
– qu'est-ce qu'elle veut ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
J'avais déjà commenté il y a quelques semaines cet usage du tu. Les deux, tutoiement et troisième personne du singulier me semblent appartenir au langage populaire.Klausinski a écrit :Il ne me paraît pas que ce soit un usage récent, surtout dans l'exemple du docteur. Il me paraît bien daté, au contraire. J'ai l'impression de l'avoir entendu dans un grand nombre de films sur une France des années 1960-1970 : Qu'est-ce qu'elle prend, la petite dame ?
Un usage qui me semble plus contemporain consiste au contraire à employer le « tu » à la place du « on » : « Dans ces situations-là, tu ne sais pas quoi faire, t'en viens à prier, tu te raccroches à l'idée qu'il existe un Dieu, tu vois. »
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Mais pourtant, il est devenu systématique dans les doublages en français de reportages.Jacques-André-Albert a écrit : J'avais déjà commenté il y a quelques semaines cet usage du tu. Les deux, tutoiement et troisième personne du singulier me semblent appartenir au langage populaire.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4645
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Oui, et les auteurs de ces doublages partent du principe, tout à fait erroné, qu'en anglais on tutoie. Ces doublages ont peut-être une influence sur cette mode récente qui consiste à faire comme si on se parlait à soi-même, en introduisant des tu dans une conversation où le vous est de rigueur.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
(Montaigne - Essais, I, 24)
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
C'est parce qu'en anglais, l'une des façons de transcrire ON est d'employer le pronom YOU. J'ai pourtant appris cela en deuxième année d'anglais, et les traducteurs sont censés en savoir davantage. On sait très bien faire la distinction et déterminer quand you doit se traduire par ON.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
-
- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
-
- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
- Yeva Agetuya
- Messages : 2538
- Inscription : lun. 22 juin 2015, 1:43
-
- Messages : 1230
- Inscription : mar. 11 sept. 2012, 9:16