je m'écris et tu t'écries
je m'écris et tu t'écries
Bonjour,
ce titre sous forme de jeu de mots masque la question suivante :
Dans le verbe s'écrier qu'est-ce qui explique la présence de ce pronom réfléchi ?
Merci pour les précisions que vous pourrez m'apporter.
ce titre sous forme de jeu de mots masque la question suivante :
Dans le verbe s'écrier qu'est-ce qui explique la présence de ce pronom réfléchi ?
Merci pour les précisions que vous pourrez m'apporter.
- Jacques
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
S'écrier est un verbe essentiellement pronominal comme des quantités d'autres : se souvenir, se lamenter, se morfondre, s'immiscer etc.
On ne peut pas écrier, morfondre, souvenir, lamenter, immiscer quelqu'un ou quelque chose.
On ne peut pas écrier, morfondre, souvenir, lamenter, immiscer quelqu'un ou quelque chose.
Dernière modification par Jacques le ven. 03 mai 2013, 12:44, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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http://www.interlingua.fr/uploads/pdf/F ... vr2010.pdf
La première idée qui vient consiste à se dire que les verbes essentiellement pronominaux ont eu dans le passé un emploi non pronominal, transitif. Un site que je viens de trouver (ci-dessus) le confirme pour les trois quarts d'entre eux. Je ne sais pas ce qu'il en est de "s'écrier", que le Robert DHLF mentionne à l'entrée "crier". J'imaginerais bien qu'on soit arrivé jadis à "s'écrier" en passant par des tournures du genre "se lasser à crier", "se ruiner à crier", "se rompre à crier", avec les acceptions anciennes de "ruiner" et "rompre".
La première idée qui vient consiste à se dire que les verbes essentiellement pronominaux ont eu dans le passé un emploi non pronominal, transitif. Un site que je viens de trouver (ci-dessus) le confirme pour les trois quarts d'entre eux. Je ne sais pas ce qu'il en est de "s'écrier", que le Robert DHLF mentionne à l'entrée "crier". J'imaginerais bien qu'on soit arrivé jadis à "s'écrier" en passant par des tournures du genre "se lasser à crier", "se ruiner à crier", "se rompre à crier", avec les acceptions anciennes de "ruiner" et "rompre".
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- Jacques
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Donc, vos recherches amènent bien à conclure que c'est l'usage qui a fini par en faire des verbes essentiellement pronominaux.
Dernière modification par Jacques le ven. 03 mai 2013, 15:03, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Je vais préciser le contexte de ma question, c'est encore lié à l'apprentissage du polonais (et cela me fait réfléchir sur ma propre langue). Ce qui m'interpelle ce n'est pas le fait qu'il soit que sous une forme pronominale
Prenons le verbe laver cela donne myć, et se laver donne myć się. Ok
Par contre si je prends le verbe sembler cela donne wydawać się qui est pronominal alors que pour nous ce n'est pas le cas. Et pour le verbe s'écrier, c'est le contraire il est pronominal en français mais pas en polonais.
La question que je me pose, à propos de la grammaire française, pourquoi y a-t-il ce se qui n'a pas de fonction. je me lave = je lave moi en français incorrect, mais je m'écrie= ???
Voilà, j'espère que vous cernez mieux ma question.
Prenons le verbe laver cela donne myć, et se laver donne myć się. Ok
Par contre si je prends le verbe sembler cela donne wydawać się qui est pronominal alors que pour nous ce n'est pas le cas. Et pour le verbe s'écrier, c'est le contraire il est pronominal en français mais pas en polonais.
La question que je me pose, à propos de la grammaire française, pourquoi y a-t-il ce se qui n'a pas de fonction. je me lave = je lave moi en français incorrect, mais je m'écrie= ???
Voilà, j'espère que vous cernez mieux ma question.
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- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
C'est la même origine. Le verbe crier a reçu au Xe siècle l'adjonction du préfixe é et la forme pronominale pour signifier pousser subitement de grands cris (de colère, de douleur, etc.), puis crier d'une voix forte et émue.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Concernant le « S’ » de s’écrier, vous l’avez compris, SB, vous avez pu avoir une réponse claire grâce au site dont j’ai donné les références plus haut et sur lequel on voit que « s’écrier » vient d’un ancien « écrier » transitif.
Tel ne serait pas le cas si vous aviez posé la question pour un verbe dont on n’a pas trace de l’ancien emploi non pronominal (Il y en a quarante-et-un, qualifiés sur le site d’ « irréductiblement » pronominaux).
Mais sur ce point comme sur beaucoup d'autres, la comparaison entre le français et une autre langue, le polonais en l'occurrence, est à manier avec d’infinies précautions. Vous m’apprenez par exemple que « wydawac’ sie » (que je ne peux mieux écrire) se traduit par « sembler ». Or le russe, proche, me permet d’y reconnaître une racine signifiant « donner » : le verbe polonais signifie sans doute, si l’on pense à son étymologie, quelque chose comme « se donner pour », « se donner l’apparence de », « se présenter comme… ». « Sembler » est bien une traduction, non un décalque exact.
Tel ne serait pas le cas si vous aviez posé la question pour un verbe dont on n’a pas trace de l’ancien emploi non pronominal (Il y en a quarante-et-un, qualifiés sur le site d’ « irréductiblement » pronominaux).
Mais sur ce point comme sur beaucoup d'autres, la comparaison entre le français et une autre langue, le polonais en l'occurrence, est à manier avec d’infinies précautions. Vous m’apprenez par exemple que « wydawac’ sie » (que je ne peux mieux écrire) se traduit par « sembler ». Or le russe, proche, me permet d’y reconnaître une racine signifiant « donner » : le verbe polonais signifie sans doute, si l’on pense à son étymologie, quelque chose comme « se donner pour », « se donner l’apparence de », « se présenter comme… ». « Sembler » est bien une traduction, non un décalque exact.