Fausse vérité

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Jacques
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Fausse vérité

Message par Jacques »

Dans l’émission Des chiffres et des lettres, après un tour de lettres, l’animatrice A… annonce : « Il y avait un mot de neuf lettres POMPIERES, féminin de l’adjectif pompier qualifiant un style pompeux. Ce qui m’étonne c’est que le dictionnaire ne donne pas pompière, féminin du nom désignant un homme qui exerce la fonction de sapeur pompier. C’est surprenant, puisqu’on nous répète qu’il faut absolument féminiser le plus possible. »
Première erreur : si, pompière désignant une femme membre du corps des sapeurs pompiers est bien dans le dictionnaire d’usage. Le sien doit dater ; je ne commenterai pas ce féminin qui peut sembler discutable suivant les avis. C’est une affaire d’opinion personnelle. Ce qui me chiffonne, c’est « On nous répète qu’il faut féminiser le plus possible ».
Qui, ON ? Je n’ai jamais entendu répéter qu’il fallait absolument féminiser. Cet « on », ce sont les gens de médias, qui ont bâti une fable, l’ont annoncée de façon tapageuse et entretenue au fil des ans, en ont fait une idée reçue, pratiquant eux-mêmes des féminisations aberrantes (elle est partisante de, c’est une vétérante…), allant même, quand ce n’était pas faisable, jusqu’à mettre carrément un article féminin devant un nom masculin : une escroc, la médecin et autres violations des règles grammaticales.
Voilà comment on entretient les erreurs. Et notons que la dame est un ancien professeur de français. :(
Dernière modification par Jacques le mer. 29 janv. 2014, 13:56, modifié 2 fois.
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Manni-Gédéon
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Message par Manni-Gédéon »

Ah non ! Une ancienne professeure ! :wink:

Ça me fait mal aux yeux...
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Claude
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Message par Claude »

Heure, demeure et gageure ne sont actuellement plus les seules exceptions en -eure.
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Jacques
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Message par Jacques »

Claude a écrit :Heure, demeure et gageure ne sont actuellement plus les seules exceptions en -eure.
Selon la nouvelle orthographe, gageure doit s'écrire désormais gageüre, il quitte donc la famille.
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Manni-Gédéon
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Message par Manni-Gédéon »

Même sans tréma, je ne considère pas gageure comme un mot en -eure, mais en -ure, comme vergeure, (puisqu'ils se prononcent gajure et verjure).
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
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Claude
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Message par Claude »

D'accord ! Nous avons donc gageüre en moins mais combien en plus avec ces féminisations, je vous le demande. :wink:
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Jacques
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Message par Jacques »

Manni-Gédéon a écrit :Même sans tréma, je ne considère pas gageure comme un mot en -eure, mais en -ure, comme vergeure, (puisqu'ils se prononcent gajure et verjure).
Vous avez d'autant plus raison que l'on doit aussi désormais écrire vergeüre. Il s'élimine donc de même. Ajoutons-y mangeüre et rongeüre.
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Message par jarnicoton »

Les rectifications orthographiques de 1991 sont d'emploi facultatif en principe.
Je ne sais pas ce qu'il en est dans les faits, et si les fonctionnaires sont libres ou non dans leur travail.
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Jacques
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Message par Jacques »

jarnicoton a écrit :Les rectifications orthographiques de 1991 sont d'emploi facultatif en principe.
Je ne sais pas ce qu'il en est dans les faits, et si les fonctionnaires sont libres ou non dans leur travail.
Bien sûr qu'elles sont facultatives, la législation française n'autorise personne à imposer quoi que ce soit en matière de langue.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
jarnicoton
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Message par jarnicoton »

J'entends par facultatif que l'ancienne orthographe n'est pas fautive aux examens.
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Jacques
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Message par Jacques »

jarnicoton a écrit :J'entends par facultatif que l'ancienne orthographe n'est pas fautive aux examens.
Il y a si longtemps que je ne me suis pas présenté à un examen que cette notion est absente de mon esprit. Normalement les deux orthographes doivent être considérées comme correctes aux épreuves.
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Marc81
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Re: Fausse vérité

Message par Marc81 »

Jacques a écrit :Cet « on », ce sont les gens de médias (...) pratiquant eux-mêmes des féminisations aberrantes (elle est partisane ou partisante de, c’est une vétérante…)
Si je partage pleinement votre agacement quant à la féminisation à tous crins à laquelle on assiste dans certains médias, l'exemple de partisane me paraît mal choisi. D'abord, parce que la forme, attestée dès la fin du XVe siècle, s'est rencontrée sous d'illustres plumes (Vous n'aviez point de partisane plus sincère, Voltaire). Ensuite, parce que l'Académie s'est résolue à la tolérer comme substantif, en la qualifiant toutefois de "rare".
Pour le reste, Jacques Drillon (et quelques autres) propose, lorsque le féminin n'est pas usité, de généraliser la notion d'épicène aux titres et aux fonctions : voir cet article.
Mon site Parler français sur les difficultés de la langue française
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Manni-Gédéon
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Message par Manni-Gédéon »

Je suis d'accord avec Jacques Drillon sur plusieurs points, mais quand il considère comme épicènes des noms clairement masculins et qu'il les fait précéder d'un déterminant féminin, ça me dresse les cheveux sur la tête.
Si peintre ou ministre peuvent être considérés comme épicènes, ce n'est pas le cas de professeur ou écrivain. (L'exception un enfant, une enfant ne suffit pas à jusifier un tel procédé.)
Une professeur ou une écrivain heurtent la logique car le déterminant doit s'accorder en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte. On ne rend pas un nom épicène en changeant le genre de son déterminant.
Une femme peut être un professeur ou un mannequin comme un homme peut être une victime ou une vedette. Personne n'aurait l'idée de dire un victime ou un vedette.

En ce qui concerne le féminin d'auteur, je me demande pourquoi on s'obstine à chercher des solutions boiteuses alors qu'autrice existe depuis longtemps et qu'il est bien formé. [Un acteur, une actrice - un auteur, une autrice. Logique, non ?].
Écrivaine est un féminin bien formé, comme châtelaine ou suzeraine. Aujourd'hui, on a l'impression qu'il sonne mal, mais autrefois on disait la même chose du féminin avocate, qui est maintenant tout a fait usuel. Je crois que c'est une question d'habitude et qu'il faudrait l'accepter.

Pour les cas où ne trouve pas de solution satisfaisante pour féminiser un nom, il me semble qu'il serait plus sage de laisser les choses comme elle sont.
Dernière modification par Manni-Gédéon le mer. 29 janv. 2014, 11:23, modifié 1 fois.
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Message par Jacques »

Je ne puis dire qu'une chose : je partage votre avis sur tous les points.
Je crois que vous avez commis une petite faute de frappe qui transforme l'écrivaine en écrivane.
Et je vous suis encore quand vous dites qu'il ne suffit pas, pour qu'un mot devienne épicène, de changer l'article : dire la médecin ou une écrivain sont des incongruités. Pour député, il suffit d'ajouter un E : une députée, cela se dit sans choquer.
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Message par Manni-Gédéon »

Jacques a écrit :Je crois que vous avez commis une petite faute de frappe qui transforme l'écrivaine en écrivane.
Merci, Jacques. J'ai corrigé.
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